Le vide de la Rue du Maroquin

Cette année 2020, personne ne l'oubliera. Dans l'une des rues les plus animées en temps normal du centre-ville de Strasbourg, c'est le vide. Mais le centre-ville continue à se battre.

La Rue du Maroquin, aussi vide que la terrasse. Cela devient inquiétant. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Marie Kocher est responsable de 370 couverts au « Le Gruber », restaurant emblématique au milieu de la Rue du Maroquin, cette rue du centre-ville strasbourgeois qui en été et en automne, est habituellement noir de monde. Normalement, ce restaurant accueille de grands groupes de touristes qui viennent déguster ici des plats typiquement alsaciens. Mais cette année, il n’y a ni Américains, ni Japonais, ni Chinois, même les groupes allemands, belges ou suisses se font rares. On ne voyage pas par temps de coronavirus.

La baisse de fréquentation et donc du chiffre d’affaires peut se mesurer. Il suffit de comparer les chiffres actuels avec ceux de l’année précédente. « Moins 54% en août », dit Marie Kocher. « Et pour septembre et octobre, nous avons enregistré de nombreuses annulations de groupes ».

Si a midi, quelques citadins strasbourgeois travaillant dans des bureaux dans le quartier viennent manger au « Gruber », cela ne suffit pas pour compenser cette implosion du tourisme. Quand il y a moins de clients, il y a moins de clients. Quand une terrasse reste vide dans une rue touristique dépeuplée, la terrasse reste vide. Même si on y propose les meilleurs plats de la cuisine alsacienne.

Ce qui est surprenant, c’est l’attitude des gastronomes et commerçants du centre-ville strasbourgeois. Quand on voit la Rue du Maroquin désertée, on pourrait désespérer. Mais Marie Kocher et son équipe ne se laissent pas décourager. « Il faut remonter la pente. Les médias devraient aussi contribuer, l’information que l’Alsace est zone verte, n’a presque pas circulé. Mais pour que le tourisme puisse reprendre, il faut que les gens aient à nouveau confiance pour voyager. »

Bien sûr, il y avait une phase caniculaire, pendant quelques semaines, il y avait quelques touristes dans la ville, il y avait des animations en ville, comme le spectacle son & lumière « PAUSE » organisées dans le strict respect des consignes sanitaires – on a fait ce qu’il était possible de faire dans ces conditions difficiles, mais c’était insuffisant pour que les acteurs économiques du centre-ville puissent se relancer.

« Nous, la seule chose que nous pouvons faire, c’est de travailler de manière aussi professionnelle que toujours. Il est important dans cette phase que nos équipes restent solidaires et heureusement, nous y arrivons. En ce qui concerne cette crise, l’absence des touristes ou des mesures du gouvernement, que voulez-vous qu’on fasse ? Nous, on continue à nous occuper comme toujours de nos clients. En espérant que la situation change. »

Quel courage ! Cette attitude, on la retrouve aussi chez d’autres restaurateurs et commerçants au centre-ville de Strasbourg. Ils refusent de se laisser abattre par cette crise. Ils ouvrent leurs boutiques, cuisines et salles tous les jours, ils fournissent le même travail pour 30 clients à midi que pour 300 en temps normal.

La suite ? Le travail et l’espoir. L’espoir et le travail. Et quelque chose nous dit que cette attitude positive sauvera bon nombre d’emplois. Au « Gruber », on refuse d’économiser les efforts.

Ce serait une bonne idée si les Strasbourgeois, du moins ceux qui peuvent se payer un resto à midi ou le soir, sortaient davantage. D’une part, de nombreux restaurants comme « Le Gruber » sont très spacieux et rendent donc le respect des distances sociales facile ; d’autre part, c’est l’occasion de (ré-)visiter l’excellente cuisine alsacienne et finalement, c’est sympa de se retrouver dans des endroits où il y a au moins un peu de vie. Et ce, sans oublier que la survie de la vie dans le centre-ville strasbourgeois en dépend. Soyons solidaires et faisons-nous plaisir autour d’une bonne table !

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