Leçon de vivre ensemble à la portugaise.

Un modèle portugais en Europe ?

La culture portugaise et la culture française font bon ménage... Foto: Gervaise Thirion

(Par Antoine Spohr) – « Mai au Portugal » ce week-end radieux à Oberhausbergen (Alsace) où l’Association Folklorique Portugaise (AFP) avait organisé une fête fastueuse, une vraie. Et qu’on danse, qu’on chante, qu’on mange et boive à satiété ! On rit beaucoup dans une bonne humeur sans outrance. Les enfants participent également, très naturellement. Leur bonne éducation ne les empêche pas de s’en donner à cœur joie. Exceptionnel, étonnant !

Les groupes folkloriques venus du Grand Est et même d’Allemagne, ont soigneusement travaillé leur programme quasiment en professionnels, confectionné des costumes d’apparat tout aussi soignés dans la plus pure tradition. Les membres sont totalement impliqués dans la gigantesque besogne, presque en uniforme, pour accompagner des centaines de visiteurs. Et voilà pour une grande fête, sereine, en plein air et en salle, sans contrôle ni fouille et sans encombres.

Saudade certes mais sans repli sur soi. – Le mot est intraduisible. Le poète Fernando Pessoa considérait que « la saudade est la poésie du fado » ce à quoi l’inoubliable Amalia Rodriges ajoutait «  c’est une épine amère et douce ». Qu’on s‘arrange avec çà ou qu’on parle de nostalgie, de mélancolie, de délicieuse tristesse, de « Sehnsucht », tout à la fois, et on s’approchera peut-être du sens sans l’atteindre. En fait qu’on écoute le fado et qu’on le sente.

Cette digression tout simplement pour rappeler que ces Portugais, Franco-Portugais ou si on préfère Luso-Français sont des exilés volontaires ou non, jalousement attachés à leurs racines souvent lointaines mais qu’ils s’efforcent de transmettre sans une once de nationalisme à leurs enfants et « çà marche » en toute harmonie. Ils sont citoyens, souvent exemplaires. Communauté à part? Non, plutôt alors communion soudée par un même destin. Sans aucune idée d’exclusion, bien au contraire, presque du prosélytisme : amis, connaissances, voisins, compagnons de travail sont invités et chouchoutés. On parle indifféremment en portugais ou en français ce qui rend les échanges faciles sans le recours au faciès qui a priori distinguerait ces Ibériques des « têtes blondes », s’il n’y avait pas en plus tous ces mariages mixtes qui « fouettent un peu le sang » nous dit un convive…

Des Européens courageux, exemplaires encore. – Le consul général, Miguel Rita que nous avons interviewé succinctement s’abstient, en diplomate sourcilleux, de parler de politique générale de sa patrie considérant qu’il n’est là que pour soutenir ses compatriotes, si l’on peut dire ainsi tout en considérant que la plupart d’entre eux sont français ou binationaux et d’autres restés « patriotes sans plus », en effet. Au demeurant, l’homme est affable comme l’est Catherina l’infatigable présidente de l’Association organisatrice.

Vous apprendrez peut-être ainsi que la France comptait en 2011 plus d’un million et demi de Portugais : en gros 1/3 d’immigrés (nés au Portugal) et 2/3 issus de la première ou deuxième génération donc français de naissance. En réalité, peu importe si on élargit la vision pour considérer notre espace européen dans lequel se fond la diaspora portugaise (en tenant le Brésil à part bien sûr).

En bref quelques rappels significatifs et qui mériteraient une réflexion approfondie particulièrement ces jours-ci.

1970 : mort du dictateur Salazar au pouvoir depuis 1933 ; le régime de fragilise.
1974 : En avril, « Révolution des œillets » ou celle des  jeunes capitaines que les généraux ne rallieront que plus tard.
1976 : Admission du Portugal au Conseil de l’Europe à Strasbourg.
1986 : Adhésion à l’Union Européenne
2007 : traité de Lisbonne

Et depuis une conduite exemplaire dans la Communauté.

2015 : Les élections générales  confirment l’appartenance à l’UE et à l’Euro, malgré des réformes drastiques exigées par Bruxelles et mises en œuvre courageusement malgré des mesures concrètes très difficiles au quotidien mais qui semblent suivies d’effet à présent. Encore exemplaire.

Avec l’insécurité qui menace les pays du Maghreb par exemple, certains rêvent de voir le Portugal, pays sûr, devenir pour l’Europe ce que la Floride est pour les Etats-Unis. Pourquoi pas ?

Mais cet aspect touristique ne doit pas ignorer toute l’intelligence qui se déploie dans le pays. A Strasbourg nous avons eu le privilège d’entendre lors d’une cérémonie de fusion des universités du Rhin Supérieur au palais universitaire, le Commissaire Européen portugais à La Recherche, à l’Innovation et aux Sciences, Carlos Moedas, impressionnant de compétence et de hauteur de vue. Exemplaire encore.

Si on ajoute à cela que mardi 24 mai, l’écrivain journaliste JR Dos Santos sera à la Salle Blanche de la librairie Kléber. Cet auteur portugais, prodigieux au sens propre, concilie en effet polar-thriller et travail scientifique dûment documenté, façon universitaire avec des références très sérieuses. Très original et passionnant.

Qu’on veuille bien pardonner ce mini-dithyrambe ou seulement cette mise en lumière à travers une simple fête d’une population merveilleusement intégrée et d’un Etat européen souvent trop peu prisé qui mérite un coup de chapeau européen. Eurojournalist(e) le fait.

Le Consul Général du Portugal en discussion avec Antoine Spohr d'Eurojournalist(e). Foto: Gervaise Thirion

Le Consul Général du Portugal en discussion avec Antoine Spohr d’Eurojournalist(e). Foto: Gervaise Thirion

1 Kommentar zu Leçon de vivre ensemble à la portugaise.

  1. JR Dos Santos est un auteur médiocre qui a été construit par la télévision (il est présentateur télé d’ailleurrs)

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