L’économie – un mieux nécessaire mais pas… nécessairement suffisant !

Malgré les affirmations d’une amélioration timide, on peut se poser la question si la France va effectivement mieux. Alain Howiller analyse la situation.

"La France va mieux", dit-il et ce n'est pas tout à fait faux. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Foto: CommonsCDI / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(Par Alain Howiller) – La querelle des mots est loin de n’être que… sémantique. «La France va mieux», ont dit à l’unisson le Président de la République, son Premier Ministre et son Ministre des Finances ! Méthode Coué incantatoire pour les uns, affirmation d’une réalité pour les autres partisans du pouvoir en place dont le camp, lui-même, se divise, parfois, sur une approche clivante ! La France va-t-elle mieux ? Voilà bien la question que se posent les observateurs, à un an d’échéances électorales décisives : les élections présidentielles, suivies d’élections législatives prévues au printemps 2017 !

A voir le résultat des sondages de popularité, les électeurs semblent, quant à eux, avoir tranché : dans leur immense majorité, ils ne souhaitent pas que François Hollande sollicite un nouveau mandat présidentiel et sa popularité est au plus bas ! Ce dernier a, de lui-même, lié une nouvelle candidature aux élections présidentielles à une «inversion significative de la courbe du chômage». Il s’est ainsi enfermé dans ce qui risque d’être une impasse si la situation économique devait ne pas s’améliorer sensiblement d’ici à la fin de cette année, date-butoir que le Président de la République a délibérément choisie pour dire si «oui» ou «non» il briguerait un nouveau mandat. C’est dire avec quel intérêt l’évolution de la courbe du chômage est suivie autant par les adversaires que par les partisans du président sortant ! C’est dire aussi l’importance que prendra -sémantique oblige !- le moment venu, le terme de «significatif» ! L’interprétation à donner au mot divise déjà, aussi bien à droite qu’à gauche où les courants ressurgis s’entraînent d’ores et déjà à se tirer la balle de la division dans le pied !

France – Allemagne : quelques cadeaux aux électeurs ! – Et tombent les statistiques pour apprécier la situation et tombent aussi, de ce côté-ci du Rhin comme du reste de l’autre côté où se préparent pour l’automne 2017, les élections au Bundestag qui détermineront qui deviendra chancelier(e) ! Et tombent aussi ces petits cadeaux électoraux qui -pensent les politiques qui nous dirigent- feront l’appoint des voix nécessaires pour arriver (ou rester) au pouvoir. En France le pouvoir a déjà «ciblé» les jeunes, les enseignants, les fonctionnaires en attendant -sans doute- certaines catégories de contribuables.

En Allemagne où le calendrier électoral laisse encore un peu de temps, hormis un geste pour les retraites, conscient que la campagne électorale proprement dite pourrait bien démarrer en automne avec le renouvellement du Sénat de Berlin (18 Septembre), on a préféré se fixer l’été pour aplanir les sujets qui risquent de fâcher lors des débats électoraux : alors que menace l’urticaire «AfD» on votera la loi dite «d’intégration», on se prononcera sur le «livre blanc de la défense», on s’accordera sur le nom d’un éventuel successeur à Joachim Gauck si celui-ci devait annoncer qu’il ne briguerait pas, l’année prochaine, un nouveau mandat de Président de la République. En tout état de cause, CDU, CSU et SPD devront inscrire leurs futures et éventuelles promesses dans le cadre de la règle -désormais légale- de l’équilibre budgétaire !

Le chômage dans le «Rhin Supérieur» ! – Une règle vers laquelle le gouvernement français doit tendre : comme le lui rappellera la «Commission de Bruxelles» devant laquelle les pouvoirs publics ont dû présenter leurs réformes dans le cadre de la «procédure de déficit excessif» engagé contre Paris. Le gouvernement français fera valoir que «ça va mieux» : le chômage a reculé de 1,7 % en trois mois, tout en restant au niveau des 10%, la consommation des ménages (témoin : les ventes de logements et de voitures) progresse, les défaillances d’entreprises régressent, le PIB a progressé de 0,5 % au premier trimestre 2016 (contre 0,3 % au dernier trimestre 2015).

Les signes de redressement existent mais les exportations ont légèrement reculé et la France continue à rester à la traîne des pays de l’Union Européenne pour la création d’emplois qui reste insuffisamment forte pour faire reculer sensiblement le chômage : la France a créé 60.000 emplois en 2014/2015 pendant que l’Allemagne en a créé 480.000 et… l’Espagne 650.000 ! Du reste, le chômage a reculé en Allemagne de 0,5 à 0,3 % en un an et il s’établit (voir aussi eurojournalist.eu du 29 Avril) à 3,8% dans le Bade- Wurtemberg, à 5,2% en Rhénanie-Palatinat et à 7,4 % en Sarre, tandis qu’il est de 3,6% en Suisse (dont 3,1 % dans le canton de Bâle-Campagne et 4,2 % dans celui de Bâle-Ville).

En Alsace aussi, un mieux s’esquisse. – En Alsace, la dernière note de conjoncture de la Banque de France relève : «La production industrielle stagne en Mars. La demande, peu vigoureuse, assure le maintien des carnets à un niveau légèrement supérieur à la normale. Une hausse de la production est envisagée au cours des prochaines semaines. Dans les services, l’activité est étale et la demande atone, laissant peu de perspectives, à court terme». L’industrie, malgré une légère reprise des défaillances (au contraire du national), reprend apparemment du poil de la bête et cela est d’autant plus important si on sait que l’Alsace compte 23% de salariés dans ce secteur, contre une moyenne de 17,2 % au niveau national. Le redressement relatif enregistré dans la région est globalement confirmé par le panel (interrogé en avril) de «l’Observatoire de l’Economie Alsacienne».

Si, d’après ce panel, 62 % des sondés considèrent que leur activité va se maintenir dans les trois mois à venir, ils sont 26 (contre 18% précédemment) à penser qu’elle va augmenter. Ils sont 74 % (contre 72) à estimer que leurs effectifs vont se maintenir et 16% (stable) qu’ils vont augmenter tandis qu’une légère proportion d’entrepreneurs estime que leur rentabilité va se maintenir.(1)

Globalement, l’économie française va mieux : les représentants du gouvernement ont raison de l’affirmer. Mais ce «mieux» est-il «significatif» ? Et surtout est-ce suffisant pour affirmer que l’économie française est enfin sortie de la crise et du chômage massif ? Le «mieux» est nécessaire, mais pas… nécessairement suffisant !

(1)    On sait que «l’Observatoire de l’économie alsacienne» a été créé grâce au Crédit Agricole Alsace-Vosges, à l’Ordre Régional des Experts-Comptables et aux Dernières Nouvelles d’Alsace. L’Ecole de Management (EM) Partenaires réalise le sondage auprès d’un panel représentatif de 314 responsables d’entreprises.

1 Kommentar zu L’économie – un mieux nécessaire mais pas… nécessairement suffisant !

  1. Voici encore des informations statistiques qui prennent bien en compte la cible principale d’eurojournaliste. Comme d’habitude Alain Howiller les analyse judicieusement.
    “L’espoir vit comme un brin dr paille mais il luit” ( Paul Valéry) Si la confiance revenait, si on croyait..si on faisait…si on se retroussait les manches, tous….Ah si !

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