L’économie verte est créatrice d’emplois
Non, nous ne sommes pas condamnés à nous noyer dans la dernière flaque de pétrole !

(MC) – Les lobbys du pétrole et des énergies sales veulent nous faire croire que l’usage en est une nécessité absolue, tragique. Eh bien non, et il faut le répéter sans cesse et inlassablement : nous pouvons sauver la planète, malgré les dégradations en somme irréversibles que nous lui avons infligées depuis des siècles. Il est possible – et indispensable – de révolutionner intelligemment l’économie et d’ installer solidement la prédominance des énergies durables et propres.
Oui, mais le coût social ? Non : en réalité, la lutte pour la réduction des gaz à effets de serre permettra (ou permettrait) de créer 18 millions d’emplois nets d’ici 2030 ! C’est ce qu’estime l’OIT dans un Rapport rendu public le 14 mai dernier, et qu’on n’a pas assez diffusé ni commenté. L’Organisation internationale du travail, émanation de l’ONU, a ceci d’intéressant et d’unique qu’elle est tripartite – elle est seule en son genre – et regroupe des dirigeants politiques, des chefs d’entreprise et des salariés de 187 Etats membres.
Le Rapport, qu’a rédigé essentiellement l’économiste Catherine Saget, avance des chiffres relativement précis. Il a analysé 163 secteurs économiques : dans cet ensemble, 14 seulement subiront des suppressions de postes supérieures à 10 000 pour l’ensemble du globe. Bien évidemment, c’est l’industrie pétrolifère qui subira des pertes très importantes, dépassant un million d’emplois. Dans le secteur de l’électricité, on peut prévoir la perte de 400 000 emplois pour ce qui concerne la production qui utilise les combustibles fossiles. La répartition, comme on pouvait le supposer, est inégalitaire : en Afrique et au Moyen-Orient, les pertes se chiffreraient à 300 000 et 350 000, parce que ces parties du monde sont très dépendantes des énergies fossiles pour l’une, des mines pour l’autre.
Mais ces pertes, au nombre approximatif de 6 millions, sont très largement dépassées par le bénéfice net en emplois. Pour ce qui est du secteur de l’électricité, 2,5 millions de postes pourraient être créés pour l’exploitation des énergies renouvelables. Surtout, la réutilisation, le tri et le recyclage et l’élimination – ce qu’on appelle généralement l’énergie circulaire – engendreraient presque 6 millions d’emplois.
Et l’aspect social, la protection, la formation, l’ajustement des bénéfices et des conditions de travail dans cet ensemble ? Le Rapport essaie d’exposer les articulations, en réalité complexes, entre une économie verte et la sécurité des situations et des revenus. Beaucoup de choses sont possibles à cet égard, bien qu’incertaines de facto…
L’agriculture, en ce sens, doit et peut négocier le virage de l’économie durable ; cela permettrait de créer des emplois dans des fermes bio. Ce qui suppose une acquisition des compétences nécessaires. Dans le domaine de l’énergie, la perte de 42 000 emplois sera largement compensée par la création de 155 0000 nouveaux emplois. Dans la construction, le Rapport prévoit (ou prédit…) un gain de 86 000 emplois ; dans le secteur manufacturier, 33 400, et dans les services, 32 000.
Certes, la transition pertinente vers un développement et une économie durables dans les pays à faible et moyen revenu nécessiteront une aide orientée vers l’inclusion de tous dans ce processus. Particulièrement celle des femmes, minoritaires sur le plan mondial dans les secteurs d’activité concernant ces nouvelles économies « propres ».
Le Rapport de l’ OIT et la sage plume de Madame Saget prévoient donc un avenir, non pas radieux peut-être, mais cohérent, raisonnable et vivable. Cela pose une belle confiance en la politique et dans les hommes politiques, alors même que ces derniers se soucient surtout de démagogie, de réélection, et surtout pas de politique économique mondiale. Mais soit ! Il faut travailler en ce sens, et ardemment !
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