Légalisation ? Pas de légalisation ?

A la recherche de sujets leur permettant de garder la face pendant les négociations en vue de la formation du nouveau gouvernement allemand, les Verts relancent un vieux dossier.

Le cannabis (ici : "Orange Cookies") revient dans le débat politique en Allemagne. Foto: Lab Tested / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La question de la légalisation du cannabis est et restera une question idéologique. Pendant que de nombreux experts estiment qu’une légalisation du cannabis serait une bonne chose à différents niveaux, de nombreux responsables politiques pensent encore et toujours qu’une légalisation déclencherait une orgie sans fin. Donc, on préfère criminaliser environ un tiers de la population (ceux qui consomment du cannabis) – et les Verts demandent maintenant la reprise des discussions quant à la légalisation. Le FDP semble assez d’accord avec cette position, la CDU et la CSU sont opposées à une légalisation, préférant que les gens consomment de l’alcool.

Il convient de regarder la question de la légalisation du cannabis sous différents angles. Bien sûr, il faut veiller aux abus, à la protection des jeunes, à un encadrement comme dans certains pays où le cannabis est légal. Mais il convient aussi de penser à alléger les tribunaux – l’année dernière, les tribunaux allemands ont du s’occuper de plus de 140.000 procédures concernant la possession de petites quantités de cannabis – un gâchis de ressources extraordinaire. Sans compter les conséquences pour ceux qui font l’objet de poursuites pour avoir été condamnés pour la possession de quelques grammes de marihuana.

Sur un plan scientifique, le cannabis constitue effectivement une « drogue douce » – en 5000 ans, on n’a enregistré aucun cas d’une « overdose » mortelle et les vertus médicinales du chanvre ne sont plus à démontrer. La question de la légalisation relève donc de l’idéologie et on ne tient pas trop compte de l’avis des scientifiques sur la question.

Si, pendant les négociations en vue de la formation de la nouvelle coalition gouvernementale, les Verts relancent le dossier de la légalisation du cannabis, les écologistes ont plusieurs bonnes raisons pour cette initiative. D’une part, ce dossier figure depuis longtemps sur les tablettes des Verts et d’autre part, après avoir cédé lors de ces négociations sur les deux points principaux de la campagne électorale (la sortie du moteur de combustion à l’horizon 2030 et la question des réfugiés), les Verts sont en train de vendre leur identité et ont, par conséquent, besoin d’affirmer leur identité.

Le FDP, lui, ne serait pas contre une telle démarche, mais les libéraux ne considèrent pas cette question comme une priorité. La CDU et la CSU, comme toujours, sont radicalement opposées à une légalisation. Et les Allemands ?

Un sondage effectué par l’Institut Forsa montre que 63% des Allemands seraient contre une légalisation et ce pourcentage traduit assez précisément la ratio entre « consommateurs » et « non-consommateurs ». Comprendre : ceux qui ne consomment pas du cannabis sont en faveur du maintien de l’interdiction, ceux qui en consomment, voudraient que le cannabis soit légalisé.

La question de la légalisation du cannabis est aussi une question générationnelle. Si environ 70% des plus de 60 ans sont contre (tout comme les électeurs et électrices de la CDU et du SPD), les moins de 30 ans (43%) et les électeurs et électrices de la Die Linke (55%), des Verts (46%) et, surprise, de l’AfD (41%) sont plus ouverts à la question.

Pourtant, si les trois autres partis n’accordent rien aux Verts (après que les écologistes aient échoués dans les négiociations sur l’ensemble des points qui leur importaient), un accord de coalition risque d’être rejeté par la base des Verts qui, comme pour les autres partis, devra avaliser un éventuel accord.

Est-ce que le Bundestag votera sur la législation sur le cannabis ? On le saura dans quelques mois…

1 Kommentar zu Légalisation ? Pas de légalisation ?

  1. HEMMERLÉ Pierre // 16. November 2017 um 17:40 // Antworten

    Nous attendons avec impatience que mediapart s’engage avec les lanceurs de pavés de 68 ( ces demeurés en étaient encore à l’âge de la pierre) à porter le seuil du consentement à, disons, 3 mois.
    Pierre HEMMERLÉ

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