Législatives 2022 : sociologie d’un électorat (presque) absent

Les législatives ont été notamment marquées par un fort abstentionnisme, historique pour ce type d’élection. Encore une fois, les Français ont boudé les urnes.


Le comportement électoral se décline par tranche d'âge. Foto: Coucouoeuf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Elsa Woeffler) – C’est encore un record pour cette année 2022 : environ 52,5 % des inscrits sur les listes électorales ne sont pas allés voter au premier tour. Encore un triste record pour l’électorat français, qui avait déjà atteint un bon niveau d’abstention lors de la présidentielle un mois auparavant. Pour rappel, le taux d’abstention avait atteint 28,01 % lors du second tour de la présidentielle, taux qui se plaçait comme étant le deuxième score le plus élevé de la Ve République. Les Français ont donc, encore une fois, décidé de ne pas aller voter.

Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les plus jeunes qui ont décidé de s’abstenir de leurs droits citoyens. En effet, selon le sondage réalisé par Ipsos, la catégorie d’âge n’ayant pas voté, se situe entre 25 et 34 ans, pour 71 abstentionnistes sur un échantillon d’une centaine de personnes. Contrairement à la catégorie d’âge en dessous, les 18-24 ans, qui eux, ont « seulement » 69 abstentionnistes pour un échantillon de 100 personnes interrogées. Mais ce n’est pas seulement l’âge qui compte, la profession également : les catégories d’interviewés ayant le plus voté, sont les retraités. Or, ceux ayant le moins voté, sont les employés, avec un rapport de 65/100, selon le sondage. Enfin, selon le sondage Ipsos, ce sont les plus défavorisés et ceux ayant des difficultés financières, qui votent le moins, avec un score respectif de 61/100 et 56/100, sur les échantillons de personnes interrogés par Ipsos.

Un électeur sur deux n’est pas allé voter. Une abstention record qui complique la qualification des candidats au second tour. En effet, avec une participation en dessous des 50%, presque toutes les circonscriptions doivent passer par un second tour, alors que dans seulement cinq circonscriptions, les candidats ont récolté un score supérieur à 50% des suffrages et sont donc élus au premier tour. Pour être ainsi élu dès le premier tour, les candidats doivent récolter 50% des suffrages et ces 50%  doivent représenter au moins 25% des inscrits, une condition presque impossible d’atteindre avec une abstention nationale atteignant les 52,5%.

La participation aux élections législatives a donc atteint un niveau d’abstention record, tout comme à la présidentielle, quelques mois auparavant. Un recul significatif de deux points, par rapport aux élections législatives 2017. Et un véritable danger pour la démocratie en France.

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