L’énorme gaffe du service du protocole de l’Elysée

Une omission du protocole de l'Elysée a privé Emmanuel Macron, Biarritz, la France et le monde entier du moment fort du sommet G7. Dommage.

De telles images auraient rendu le sommet G7 à Biarritz immortel. On a loupé une grande occasion... Foto: Matthias Ulrich / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Le grand absent du sommet G7 à Biarritz était ? Vladimir Poutine ? Recep Tayyip Erdogan ? Non – le Pape François ! Il aurait été facile de le faire venir à Biarritz et il aurait pu clôturer ce sommet par un geste qui aurait rendu les protagonistes et la ville de Biarritz immortels. Avouez – ce spectacle politique aurait gagné si à la fin, le Pape avait béatifié « spontanément » les chefs d’Etat qui se sentent investis d’une mission et de pouvoirs divins.

Le G7 de Biarritz tombera, comme quasiment tous les autres sommets Gx, dans les oubliettes. Comme les autres, et c’est normal, puisque ces sommets ne génèrent pas d’actions concrètes. Qui se souvient encore du sommet à Huntsville (Canada, 2010), celui de de Lough Enre (Grande Bretagne, 2013) ou de celui de La Haye (Pays-Bas, 2014), pour ne citer qu’eux ? Mais Biarritz avait le potentiel de devenir historique.

Le Pape François avait au moins deux candidats à une « béatification spontanée » : Donald Trump (« Je suis l’Elu ») et Emmanuel Macron (« Je suis Jupiter »). Après l’excellent travail fourni à Biarritz, le Pape François aurait pu se présenter « spontanément » à la cérémonie de clôture et béatifier les deux pour leurs inestimables services rendus au monde. Comme ça, spontanément, devant la presse mondiale – quel scoop !

Tout le monde aurait profité – le Pape François aurait ramené Emmanuel Macron du monde de la mythologie romaine vers le christianisme, Donald Trump aurait pu se présenter à son retour aux Etats-Unis avec la bénédiction divine pour achever la construction de son mur avec le Mexique, Emmanuel Macron n’aurait jamais plus perdu une élection (municipales à venir !) et la ville de Biarritz aurait obtenu le statut de « ville sainte », la transformant en lieu de pèlerinage pour touristes américains fortunés et tous les autres.

Les retombées médiatiques et financières auraient été énormes. Plus personne n’aurait jamais plus ricané lorsque le Président français aurait eu ses instants d’inspiration divine, plus personne n’aurait plus jamais osé critiquer les mesures de Donald Trump et le tourisme au Pays Basque aurait connu un essor comme aucune autre région française n’a jamais connu.

Mais que fait donc le service du protocole de l’Elysée ? C’était quand même pas sorcier d’envoyer un carton d’invitation au Pape François, puisqu’il y avait beaucoup de monde à Biarritz qui ne faisait pas partie du groupe G7. Personne n’aurait eu le moindre soupçon et quelques petites mesures de persuasion auraient certainement suffit pour convaincre le Pape François de participer à la fête. Sans doute, Alexandre Benalla doit aussi avoir un dossier sur lui, planqué quelque part sur les Iles Caïman. Cette gaffe est inexcusable et il faudra qu’il y ait des conséquences dans ce service qui nous a tous privé du seul instant vraiment magique de ce sommet G7. Qui tombera donc dans les oubliettes comme celui de Gleaneagles (hein, quel pays, quelle année, quels résultats?), celui de Saint Petersbourg (hm, quel pays, quelle année, quels résultats?) ou celui d’Okinawa (euh, quel pays, quelle année, quels résultats?). Une belle occasion gâchée – dommage.

(Gleaneagles = Grande Bretagne, 2005, résultats néant ; Saint Petersbourg = Russie 2006, résultats néant et Okinawa = Japon, 2000, résultats néant)

2 Kommentare zu L’énorme gaffe du service du protocole de l’Elysée

  1. ECKHARDT René // 26. August 2019 um 8:39 // Antworten

    Lorsque le G7 a été pensé par VGE, la carte géopolitique du monde n’était pas la même. Il y aura -t-il un courageux pour remettre autour de la table les VRAIS acteurs?

  2. Cher René, d’abord bon anniversaire – c’est aujourd’hui, à ce qu’il paraît ! Ensuite, je suis d’accord, au moment de la création de ce format, il faisait sens. Depuis deux décennies, ces sommets sont devenus des “shows de communication politique” extrêmement onéreux, dépourvu de résultats et donc, de sens. Il conviendrait de réfléchir à un changement radical de ce format qui n’est autre que l’expression du clivage entre “ceux là-haut” et “nous en-bas”…

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