Les « Black Blocks » pourrissent la France

Tandis que les manifestations contre les plans de la réforme des retraites se sont déroulées dans une ambiance « bon enfant », à Paris, les « Black Blocks » ont livré les images de guerre civile habituelles.

Après la manifestation à Strasbourg, une poignée d'idiots a tenté de faire irruption dans un centre commercial. Mais ils ont heureusement échoué. Foto: Christine Faivre / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Plus de 50 « actes », maintenant aussi en marge de la grande manifestation contre les plans de la réforme des retraites : les « Black Blocks » tentent à chaque fois de monopoliser la couverture médiatique par des actes de violence totalement dépourvus de sens. Etonnant : il semble impossible de contenir ces casseurs qui se fichent pas mal des sujets des manifestations qu’ils prennent en otage.

Il serait temps que ceux qui organisent des manifestations, de concert avec les forces de l’ordre, développent ensemble une stratégie d’isolement des « Black Blocks » – d’une part pour que leur droit constitutionnel de manifester soit protégé, d’autre part pour éviter que les sujets de ces manifestations soient totalement décrédibilisés par ces violences qui sont en train de pourrir l’image de la France, autant à l’intérieur qu’à l’étranger.

Visiblement, en province, il est possible que les manifestations soient encadrées par un service d’ordre efficace – à Strasbourg, les syndicats organisateurs avaient assuré ensemble ce service d’ordre, et aucun débordement n’a été enregistré (sauf, après la manifestation, la tentative d’une poignée de casseurs d’accéder à un centre commercial sur la Presqu’île Malraux, qui heureusement, a échoué. Mais si c’est possible à Strasbourg, pourquoi n’est-ce pas possible d’empêcher ces casseurs de se défouler à Paris ?

L’objectif des « Black Blocks » est clair – il s’agit de produire des images qui « prouveraient » que la France est au bord d’une guerre civile. Par ce biais, ils espèrent mobiliser des gens qui rejoindraient leur « combat ». Mais leur combat n’a ni objectif, ni revendication, ni d’autre but que de laisser libre cours à son propre potentiel violent, une sorte de soupape pour un mal de vivre certain.

Mais ces « Black Blocks » nuisent non seulement à l’image de la France (avant le 5 décembre, de nombreux pays avaient émis des « avertissements aux voyageurs » qui se lisaient comme ceux qui sont publiés pour le Yémen ou l’Afghanistan), mais dans un premier temps, surtout aux sujets des manifestations qu’ils prennent ainsi en otage. Le résultat est pourtant visible – les manifestations sont de moins en moins fréquentées, et il est inconcevable que ces casseurs de ville continuent ainsi à pourrir l’exercice d’un droit constitutionnel et en même temps, l’image de la France à l’étranger.

Il ne s’agit pas de demander la répression bête et méchante telle qu’elle est exercée de manière assez étrange depuis le début des manifestations des « Gilets jaunes ». Il s’agit de discuter ensemble, représentants de l’état, organisateurs de manifestations, syndicats et ONG comment faire en sorte que ces « Black Blocks » ne puissent plus sévir dans les manifestations. « C’est eux, c’est pas nous », pratiqué par les « Gilets jaunes » depuis un an, ne suffit pas. Tolérer la présence et les actes des « Black Blocks » dans les manifestations, c’est approuver tacitement leurs agissements. Pour éviter que l’Etat prenne des mesures de plus en plus dures (et donne ainsi raison aux « Black Blocks »!), il convient d’entamer un dialogue : comment faire en sorte d’empêcher ces quelques centaines de jeunes criminels de causer des dégâts autant matériels qu’immatériels ? La permissivité des « Gilets jaunes » face aux « Black Blocks » est la raison principale de la baisse de soutien spectaculaire des Français vis-à-vis de ce mouvement de contestation.

Considérant que les conflits sociaux risquent de s’intensifier ces prochains temps, il convient d’agir maintenant. Tirer sur tout ce qui bouge et gazer des villes entières n’a pas mis un terme aux violences urbaines – il faut donc que tout le monde change d’attitude pour faire en sorte que ces quelques centaines de cagoules noires n’enveniment pas le débat social pour les années à venir. Et un changement de comportement nécessite, logiquement, un dialogue entre l’Etat, les forces de l’ordre et la société civile. Vite.

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