Les cheminots du GDL entament leur lutte finale

Le conducteurs de trains organisés dans le GDL sont en grève d‘aujourd‘hui à lundi - et cette grève pourrait être la dernière organisée par ce syndicat un peu trop friand.

Le GDL est fier de lancer la grève la plus longue des chemins de fer dans l'histoire allemande. Qu'il en profite tant qu'il peut... Foto: bigbug21 / Wikimedia Commons / CC-SA 2.5

(KL) – Pour le dire toute de suite – le droit à la grève compte parmi les droits les plus importants dans nos sociétés perverties par le grand capital. Raison de plus de l‘utiliser avec parcimonie et d‘en éviter les abus. Le syndicat des conducteurs de locomotives GDL na pas compris cela et lance la grève des chemins de fer la plus longue dans l‘histoire de la République Fédérale. Non pas pour améliorer les conditions de travail de ses adhérents, mais dans pour chasser les adhérents de l‘autre syndicat de cheminots, l‘EVG. Cette sordide histoire de pouvoir risque de contribuer à la disparition des petits syndicats. Qui pourront dire un grand «merci» à Claus Weselsky, le patron du GDL qui aura été celui qui aura porté un coup mortel aux petits syndicats spécialisés.

La nouvelle grève qui durera 98 heures, est certes spectaculaire, mais il ne faut pas oublier que Weselsky a mis un terme aux négociations en cours, refusant également une offre du syndicat concurrent (et plus important) EVG de négocier ensemble avec la Bahn – mais Weselsky qui a jeté un œil sur les adhérents du EVG ne voulais pas négocier dans l‘intérêt des ses membres, il voulait le pouvoir. Un pouvoir qu‘il n‘aura pas.

Les grandes fédérations syndicales comme le DGB, la IG Metall ou ver.di ont fait savoir qu‘ils étaient «ahuris» par le comportement du GDL – ils ont compris que l‘aspect totalement démesuré de ces grèves à répétition fournit la justification au ministre fédéral du travail, Andrea Nahles, qui proposera le 3 décembre prochain un texte de loi (qui n‘aura aucun mal pour passer au Bundestag) qui condamne les petits syndicats spécialisés. Comme réaction à ce «déraillement» de Weselsky, la nouvelle loi prévoit que désormais, seul le plus grand syndicat présent dans une entreprise négociera les conventions collectives pour l‘ensemble du personnel syndiqué. Dans le cas de la Bahn, il n‘y a pas photo – le GDL sera désormais obsolète, l‘EVG négociera tout seul, si cette loi devait passer.

Et non, il ne s‘agit pas d‘une lutte sociale où des ouvriers se battent pour un salaire décent. Weselsky n‘a même pas considéré les propositions de la Bahn – son seul postulat était celui de pouvoir négocier aussi pour des corps de métier que son syndicat ne représente pas, suscitant l‘indignation du monde syndical. La proposition de la Bahn était déjà proche des 5% d‘augmentation salariale et des 2 heures de réduction du temps de travail hebdomadaire. Par contre, la Bahn a refusé de négocier avec le GDL pour les cheminots organisés dans l‘EVG et cela n‘a rien d‘incorrect.

Le 3 décembre prochain, lorsque le Bundestag votera avec sa majorité CDU/SPD écrasante la fin des petits syndicats. Ce coup historique porté au monde syndical est le fruit des phantasmes du pouvoir de Claus Weselsky. Comme déjà dit dans un autre papier – il est quand même incroyable qu‘un syndicaliste et une ministre social-démocrate puissent signer l‘arrêt de mort de nombreux syndicats.

Et on comprend ce lecteur qui nous a laissé ce message : «Je suis syndiqué depuis 4 décennies, je vote toute ma vie à gauche, mais si ces prochains jours, je devrais, par malheur, croiser un cheminot du GDL, je ne pourrais plus répondre de mes actes…». Les dégâts que Weselsky et son GDL auront causés à l‘ensemble du mouvement syndical, sont encore difficiles à mesurer. Qu‘ils profitent de cette «lutte finale» – ce seront les autres syndicats qui payeront l‘ardoise. Pendant très, très longtemps.

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