Les choses commencent à se corser pour Alexis Tsipras

A deux semaines des élections anticipées en Grèce, les sondages deviennent de plus en plus défavorables à Alexis Tsipras et la Syriza. Est-ce que l’Europe finira par avoir le dernier mot ?

Dans deux semaines, les grecs éliront leur nouveau gouvernement. Ce sera difficile pour Alexis Tsipras. Foto: A. Savin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Avec la crise des réfugiés, on a failli oublier celle en Grèce. Pour mémoire – suite au troisième «paquet d‘aides» accordé après de dures négociations entre les organismes financiers européennes et la Grèce, Alexis Tsipras avait démissionné et appelé à des élections anticipées pour obtenir un nouveau mandat du peuple grec. Mais pendant ces négociations, la Syriza s’était divisée et les dissidents de la gauche de la Syriza vont présenter une liste propre à ces élections. Mais Alexis Tsipras risque de perdre ce pari – la Nea Dimokratia avec son prédécesseur Antonio Samaras l’a presque rejoint dans les sondages. Wolfgang Schäuble doit se frotter les mains.

Le rêve d’un gouvernement au service du peuple et non au service des «marchés», semble s’évanouir. Selon un sondage de l’institut ALCO, la Syriza ne totaliserait actuellement que 26% des intentions de vote, tandis que les conservateurs de la Nea Dimokratia arriveraient à 25%. Troisième force, autre mauvaise nouvelle, serait «l‘Aurore dorée», le parti néofasciste qui obtiendrait 6%. Puisque le parti ayant emporté le plus grand nombre de votes, se voit accorder, selon la loi électorale en Grèce, un «bonus» de 50 sièges en plus des sièges remportés (sur 300 sièges au parlement grec), quelques dizaines de votes pourraient faire la différence lors de ce scrutin. Alexis Tsipras se trouve donc très loin de son rêve de pouvoir gouverner sans partenaire, pire, il n’est plus du tout assuré de continuer à diriger la Grèce d’ici deux semaines.

L’acceptation des conditions européennes pour l’octroi d’un nouveau crédit (servant à rembourser d’anciens crédits, mais non pas à relancer l’économie grecque) aura eu des conséquences dramatiques pour Alexis Tsipras. Car les mesures imposées en échange de ce nouveau crédit, étaient de nouvelles coupures affectant les plus démunis de la société grecque, donc, l’électorat de la Syriza. Après le référendum du 5 juillet, lorsque plus de 60% des grecs avaient refusé un tel «paquet», Tsipras a du accepter les termes encore plus contraignantes imposés par la Banque Centrale Européenne et l’Union Européenne. Ce qui était difficile à comprendre pour ceux qui avaient voté pour la Syriza justement sur la promesse de combattre la politique d’austérité imposée par l’UE et surtout l’Allemagne.

Mais un possible retour d’Antonio Samaras ne constituerait pas une bonne nouvelle pour la Grèce, mais seulement pour les «marchés financiers». Car déjà dans le passé, lorsque Samaras était Ministre-Président, il avait sagement exécuté tous les ordres de Bruxelles et de Berlin, conduisant son pays dans le gouffre duquel Tsipras avait tenté de le sortir. Une nouvelle élection de Samaras équivaudrait donc à une sorte de «retour vers le futur» qui n’améliorera en rien la vie du peuple grec.

Ce que de nombreux observateurs appellent depuis des mois un «coup d‘état européen» en Grèce risque de fonctionner à la fin. L’Europe a tout mis en œuvre pour détruire un gouvernement qui a osé vouloir instaurer une politique plus axée sur les besoin des citoyens et citoyennes, mais l’Europe institutionnelle a réagi comme si une guêpe l’avait piqué. Il fallait se défaire de ce genre d’idée le plus vite possible et celui qui payera l’ardoise à la fin, sera le peuple grec. A moins que Tsipras réussisse pendant les deux semaines qui lui restent de convaincre son peuple que la voie vers le futur ne passe pas par la réélection de ceux qui ont ruiné la Grèce.

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