Les comptes ne sont pas bons, Bruno !

Le ministre de l’économie et des finances, sait-il écouter les Français ? Sur France Inter, il démontre que non…

Un gros dossier sous le bras, mais combien de dossiers en sous-main ? Foto: Jacques Paquier / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Hier, lundi 6 février, dans le Grand Entretien sur France Inter, le ministre de l’économie et des finances Bruno Lemaire était notamment interpellé par un auditeur. Fayçal, ancien chef d’entreprise aujourd’hui retraité, demandait à ce que le groupe Total Energies, qui a enregistré des profits records en 2022, paye enfin des impôts en France puisqu’il n’en a pas versé en 2020 et 2021. Une attitude que l’auditeur qualifiait de « trahison envers le pacte social et économique reliant les Français entre eux ».

Par ailleurs, Fayçal, non sans émotion dans la voix, pointait l’aveuglement dogmatique du ministre et du président, qui les empêche de voir la colère sourde montant dans le pays : « Même si la réforme des retraites passe. Même si un jour ou l’autre, les manifestations s’arrêtent, la colère sourde va rester et ce jour là, vous serez responsables, monsieur le ministre et monsieur le président de la république, de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. ». Ce à quoi le ministre a répondu par des propos lénifiants et un surprenant « nous sommes un pays qui garde justement un partage de la valeur entre le capital et le travail le plus stable depuis des années ». Par contre, rien sur la possible et prévisible arrivée de l’extrême droite au pouvoir, mais nous en parlerons ici après-demain.

Alors oui, si on se réfère à des analyses économiques, comme par exemple celle de La Tribune publiée en novembre dernier, le partage de la valeur ajoutée resterait en France plus favorable aux salariés qu’aux actionnaires. Oui mais non, car quand on regarde le panier de la ménagère, les comptes ne sont pas bons, Bruno ! Pas bons du tout ! L’affirmation selon laquelle le partage de la valeur entre travail et capital est stable, laisse déjà rêveur lorsqu’on observe les bénéfices records de certaines entreprises cotées en bourse, dont Total Énergies. Et quand bien même cela serait le cas, quid de la hausse exponentielle du coût de la vie depuis un an ?

A force de ne voir que le prétendu coût du travail, qui n’est rien d’autre que la rémunération des salariés produisant de la richesse, on en vient à (s’)occulter totalement le coût de la vie. Ceci conduisant à d’un côté, verser des primes-cacahuètes à des catégories de populations ciblées, qui vu la complexité administrative permettant de les obtenir, ne les demanderont pas, et de l’autre, continuer à faire des cadeaux fiscaux à ceux qui captent la richesse produite par les classes laborieuses. Une illustration supplémentaire de l’en-même-tempstisme macronien.

Peut-on reprocher à Bruno Lemaire l’aveuglement dont l’accusait Fayçal ? Disons plus exactement que cet énarque quinquagénaire, habitué des cabinets ministériels depuis1998, sait surtout voir où est son intérêt personnel. Encarté à droite, il a, en 2017, très vite senti tourner le vent, puisqu’il a rejoint la Macronie en mai, alors qu’en février de la même année, il affirmait « Macron est l’homme sans projets parce que c’est l’homme sans convictions ». D’où, en novembre 2021, alors qu’il fait partie de la garde prétorienne de Jupiter depuis sa première intronisation, un très sérieux « Macron est le président de ceux qui travaillent » qui serait digne d’un « Merci patron » chanté par les Charlots.

Là encore, les comptes ne sont pas bons, Bruno ! La haine qui dans l’opinion publique se cristallise sur les politiques, ne fera que grandir face de tels retournements de vestes et un tel irrespect de sa propre parole. Les trois quarts de Français sont défavorables à une « réforme » des retraites qui aboutira à travailler plus longtemps pour gagner moins, mais le pouvoir macroniste refuse de soumettre son projet à référendum. Non Bruno, les comptes ne sont pas bons, vraiment pas bons !

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