Les consultations citoyennes dédiées à l’Europe

Taoufik Kasmi revient sur la Consultation Citoyenne à Haguenau. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(Par Taoufik Kasmi) – Dans la rubrique « j’ai testé pour vous », je me suis rendu, en tant que simple citoyen ouvert et intéressé aux questions européennes, à une « consultation citoyenne » proposée à Haguenau. Je dois dire que le concept de consultation me parle. Je m’attendais donc à un truc façon agora où les citoyens peuvent s’exprimer librement sur l’Europe. Moi qui aime les joutes verbales qui permettent la confrontation et le débat, j’ai été quelque peu déçu. Pourtant il y avait du monde au départ de la soirée…

C’est une méthode par atelier et par métaplan (post-it) qui nous a été proposé pour s’exprimer sur des sujets denses. Trois thématiques ont été abordées : la transition énergétique et enjeux environnementaux ; le quotidien des habitants des régions transfrontalières : consommation, transport, santé… ; l’éducation : formation, apprentissage…  La soirée organisée avec le concours de la fondation (du socialiste) Jacques Delors se voulait (trop) ambitieuse.

La Salle des Corporations à Haguenau comptait une centaine de personnes (beaucoup de militants politisés venant de Strasbourg et d’Alsace du nord) avec des intervenants spécialistes de l’Europe. La soirée s’est donc déroulée en deux temps principaux : travail en atelier puis plénière. Un rapporteur en charge d’un thème devait produire une présentation bilan de ce qui a été réalisé en atelier et avec à chaque fois, un intervenant venait confronter le réel à l’idée pour faire avancer l’Europe émanant de l’atelier.

J’ai été particulièrement impressionné par l’animateur Kai Littmann qui a joué son rôle notamment sur le fait de poser des questions impertinentes, celles-ci venaient perturber les certitudes de portes-paroles d’organisations qui vantaient des services aux européens, mais qui dans les faits les compliquent quelque peu. Peter Cleiß, directeur des Ecoles Professionnelles à Kehl, a été remarqué pour sa hauteur de vue, peut-être aussi parce qu’il a réalisé concrètement des œuvres humanistes dans sa sphère d’activité reconnu par toutes et tous.

J’ai pu mesurer ce soir-là par le manque que constitue l’absence de discutants ou de citoyens d’autres pays pour parler d’Europe. Même frontalier, l’on reste dans un entre soi franco-français qui ne permet pas d’avancer réellement et concrètement.

Les consultations européennes auraient pu être d’envergure et de qualité plus conséquentes si elles avaient été co-construites avec les citoyens plus qu’avec la technocratie intergouvernementale ou institutionnelle. Les consultations citoyennes semblent avoir été nationalement plus un « team building » géant pour les organisations bénéficiaires de subventions européennes que pour les citoyens. L’Europe, j’ai le sentiment de voir un bateau ivre qui va s’échouer sur le rocher du populisme et du souverainisme. La principale raison ? L’Europe est souvent utilisée par beaucoup de chefs d’état pour s’en approprier les rènes et non pour la changer.