Les donneurs de leçons

Sous les nuages, tout semble clair. Mais personne ne peut regarder sous les nuages... Foto: Matthias Fussenegger / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Début octobre, en Allemagne, on commémorait les 30 ans du décès de Willy Brandt, l’emblématique chancelier allemand qui avait ouvert un nouveau chapitre dans les relations entre l’ancien Bloc de Varsovie et l’Ouest. Lors de ces commémorations, tout le monde faisait le même, triste constat : aujourd’hui, la qualité de nos responsables politiques est aussi pathétique que la situation en elle-même.

Sans parler de l’Italie ou de la Suède où les électeurs et électrices ont donné les clés de leurs pays à l’extrême-droite, les autres gouvernements ne sont pas mieux. En Allemagne, chancelier Olaf Scholz s’est enlisé dans le scandale « CumEx », une sorte de fraude fiscale au plus haut niveau, et dans les séances de la commission d’enquête du Bundestag, Scholz ne se souvient de rien. Ni des réunions qu’il a eu (et qui datent de moins d’un an et qui, pourtant, sont documentées), ni des sujets évoqués lors de ces réunions. En juste une année, Scholz a déjà perdu la confiance des Allemands qui s’attendent maintenant à ce que la coalition au pouvoir à Berlin, SPD, Verts et FDP, éclate, car les différences entre les libéraux du FDP et les deux autres partis sont trop importantes.

Pas mieux en Grande Bretagne. Après avoir passé des mois à désigner Liz Truss comme nouvelle cheffe du gouvernement, il aura suffit de 40 jours pour que la nouvelle première ministre soit désavouée. Une centaine de députés des Tories préparent une motion de confiance, pour se débarrasser le plus vite possible de celle qui a pris la succession de Boris Johnson.

Et en France ? Le gouvernement de la « championne de la démocratie », donneuse de leçons en matière de démocratie au monde entier, s’apprête à voter le budget 2023 en se passant de l’avis de l’Assemblée Nationale, en utilisant le célèbre § 49.3, l’outil le plus anti-démocratique de la Ve République. Et que penser de la menace d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale si celle-ci ne devrait pas voter comme le souhaite le président ? Un exemple pour une démocratie moderne ?

On pourrait citer bon nombre d’autres exemples de gouvernements occidentaux qui sont tout, sauf des exemples d’une démocratie saine. A un moment où le monde aurait besoin de gens comme Willy Brandt, Charles de Gaulle, Winston Churchill, nous avons des technocrates-administrateurs incapables d’imaginer des chemins qui mèneraient hors de la crise. Mais les crises auxquelles le monde doit faire face, nécessiteraient autre chose que ces technocrates qui s’intéressent surtout aux prochaines échéances électorales.

Peu étonnant que les puissants du monde, qui aujourd’hui, se trouvent à Pékin, Moscou, Washington, Kiev et Ankara, se passent volontiers des « conseils » des Scholz, Macron et Truss. Ceci étant, on ne peut qu’être qu’admiratif devant le déni de nos responsables occidentaux qui eux, se prennent toujours pour le centre du monde, sans se rendre compte que le monde se fiche pas mal des états d’âme de nos responsables.

Ainsi, on continue à administrer les catastrophes, sans pour autant pouvoir les gérer, et on regarde la situation s’empirer quasiment tous les jours. Mais est-ce vraiment la faute des personnages actuellement au pouvoir ? Qu’en partie – car ces gens-là ont été élus. Mal élus, certes, mais élus. Donc, la responsabilité incombe autant aux électeurs ayant voté pour eux qu’aux abstentionnistes qui ont permis le passage de ces personnes. Nous n’aurons plus beaucoup d’occasions pour changer de cap par le biais d’élections démocratiques. A moins qu’on ne veuille pas que la situation change et on s’est déjà résigné aux différents scenarii apocalyptiques. A voir.