Les drogues synthétiques posent un réel problème en Allemagne

De tels produits sont largement plus dangereux que les "drogues douces", mais contrairement au cannabis, ils sont légaux. Foto: http://www.drogen.bz / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(WB) – On peut les acheter en toute légalité, dans des «Head Shops» ou encore sur Internet – les drogues légales, vendues sous l’appellation «mélange d’encens» ou encore comme «sel de bain», deviennent un réel problème. Car ces mélanges qui imitent chimiquement l’effet du cannabis ou encore des amphétamines, sont fabriqués dans des laboratoires de fortune, se trouvant souvent en Belgique ou dans les pays de l’est et logiquement, ces substances ne font l’objet d’aucun contrôle. C’est un peu comme une course contre le temps – dès que le législateur arrive à identifier une nouvelle substance, il déclenche une procédure d’interdiction, mais en parallèle, les «marchands de la mort» modifient une molécule dans le mélange, ce qui crée une nouvelle substance qui elle, n’est pas frappée par l’interdiction. Dans le Bade-Wurtemberg, la semaine dernière, une jeune femme est morte et six personnes ont dû être admises à l’hôpital in extrémis.

Ces «cocktails chimiques» ne subissent aucun test, personne ne connaît l’effet sur l’organisme humain, donc, on ignore aussi les effets à moyen et à long terme sur le corps et le cerveau. Le prix de ces produits correspond environ à celui du cannabis, mais ce qui est attirant pour les jeunes consommateurs, c’est le fait que ces drogues ne soient pas illégales, contrairement aux «drogues douces» qui elles, sont quand même des produits naturels consommées depuis plus de 5000 ans, comme l’ont prouvé des fouilles archéologiques. C’est l’interdiction de ces «drogues douces» qui favorise le marché des «drogues synthétiques» et de nombreux experts conviennent qu’une légalisation du cannabis, comme cela a déjà été pratiqué dans plusieurs pays, peut mettre un terme à la vente de ces produits synthétiques largement plus dangereux que les produits qu’ils imitent.

Le dosage de ces produits synthétique est très difficile et les consommateurs arrivent très rapidement au stade de «l’overdose», cite la «Sonntagszeitung» fribourgeoise l’expert Volker Auwärter. Les symptômes d’un tel surdosage sont une accélération dramatique du rythme cardiaque, des nausées, une surexcitation ou au contraire, une apathie soudaine, allant jusqu’au coma. Les hôpitaux allemands commencent à connaître ces symptômes et le corps médical estime que ces «drogues légales» sont d’une dangerosité extraordinaire.

Toutefois, les autorités n’ont aucune possibilité d’intervenir avant qu’une substance ne soit déclarée interdite. Mais force est de constater que les autorités ne pourront pas gagner cette «course contre la montre» – depuis plus de trois ans, ces produits sont en vente et il n’existe aucun moyen d’en stopper la vente.

«Pour les jeunes, le choix est simple», souligne un expert, «s’ils veulent consommer de la drogue, ils ont le choix de s’en procurer de manière illégale, ce qui peut compromettre leur avenir, soit ils achètent ces produits largement plus dangereux, mais en sachant que même s’ils se font contrôler par la police, ils ne risquent rien – tout le problème est là.»

Depuis l’époque de la prohibition de l’alcool, on sait que l’interdiction ne change rien au comportement des consommateurs, au contraire. L’aspect illégal ajoute à l’attractivité des drogues et seuls les dealers profitent de l’illégalité – car ce qui est interdit et par conséquent, plus difficile à trouver, devient automatiquement cher. «Mais si on légalise le cannabis, toute la jeunesse sombrera…», disent les opposants à une légalisation. Mais il faut croire que c’est faux. Ni dans le Colorado, ni en Uruguay, la jeunesse se serait rué sur le cannabis légalisé, mais dans ces deux exemples, on a relevé une nette séparation entre les marchés de la «drogue douce» et des drogues plus dangereuses. Sans parler des gains de l’état en termes d’impôts sur ces produits.

Un moment, il faudra se décider – abandonner la jeunesse à des produits potentiellement mortels comme ces «drogues synthétiques», mais légales, ou bien, légaliser le cannabis. Aussi, pour protéger les jeunes de produits beaucoup plus dangereux.