Les Droits de l’Homme – sur terre, sur la mer, dans l’espace virtuel

Lors d'une conférence dans le cadre de la 53e Session d'Eté de la Fondation René Cassin, José Manuel Lamarque et Kai Littmann ont dressé un état des lieux des Droits de l'Homme.

José Manuel Lamarque (d.) et Kai Littmann lors de la conférence pour la Fondation René Cassin. Foto: privée

(Réd) – Vendredi après-midi, José Manuel Lamarque (France Info / France Inter) et Kai Littmann (eurojournalist(e)) avaient été invités par la Fondation René Cassin d’apporter un autre regard sur la question des Droits de l’Homme, dans le cadre de la 53e Session d’été de la Fondation où pendant plus de deux semaines, des chercheurs, juristes, enseignants et étudiants se penchent sur des questions concernant le Droit, les Droits de l’Homme et le Droit International.

Pendant cette conférence, José Manuel Lamarque, Grand reporter, Auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, géopolitologue, spécialité géopolitique océanique et pan-européenne, officier de réserve de la marine nationale au Centre d’études Stratégiques de la Marine, invité permanent de l’Académie de Marine, Membre de la Société des Explorateurs Français, Légion d’honneur pour 37 ans de journalisme de qualité, parlait dans la première partie, de la genèse du Droit, en passant par les différentes étapes durant des millénaires, conduisant finalement aux « Droits de l’Homme » de 1789 et la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme » rédigée il y a 75 ans.

Dans la deuxième partie, il était question des Droits de l’Homme, de l’émergence des traités, des changements sociétaux qui créaient un besoin de formaliser les Droits de l’Homme qui auparavant, n’existaient pas. Si autant les intervenants que les participants convenaient que les Droits de l’Homme et les institutions les défendant sont importants et doivent être considérés, force est de constater que ces Droits de l’Homme posent aussi problème.

Ainsi, José Manuel Lamarque insistait sur le fait qu’on parle des « Droits de l’Homme », comme si les femmes n’étaient pas concernées, mais aussi du fait que les jugements de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg, une cour qui fournit un travail remarquable, ne soient pas contraignants. Comprendre : les états condamnés par la CEDH appliquent les jugements uniquement lorsqu’ils en ont envie. La cour n’a aucune possibilité d’imposer ses jugements et du coup, le respect des Droits de l’Homme reste à la discrétion des états.

Kai Littmann citait l’exemple de la Prix Nobel yéménite Takkawol Karman qui, en 2015 au Forum Mondial de la Démocratie, avait dit qu’il fallait un jeu de droits plus restreint, mais déclinable aux réalités dans les différentes régions du monde. En quelque sorte, l’objectif et la mise en œuvre des Droits de l’Homme devraient être revus et modernisés, en coopération avec les représentants du monde entier.

Dans la troisième partie, José Manuel Lamarque parlait du Droit de la Mer, un sujet qu’il maîtrise comme peu d’autres personnes. Si pendant longtemps, le Droit de la Mer était suffisant pour que les droits basiques des gens de la mer étaient respectés, la situation a changé aujourd’hui. Que ce soient les Huthis qui attaquent des bateaux, que ce soient les navires aux équipages asiatiques qui vivent comme des esclaves sur les navires, que ce soit le cercueil géant qu’est devenue la Méditerranée – autant d’exemples indiquant que les Droits de l’Homme ne sont plus tout à fait respectés sur la mer, contrairement au passé.

Dans la quatrième partie consacrée à l’Intelligence Artificielle, les deux intervenants se sont montrés plutôt critiques. L’IA, en dehors d’applications sensées comme dans la médecine, ne sert pas à développer de nouveaux systèmes sociétaux, économiques ou politiques, mais à l’optimisation de processus de production et de commercialisation. Dans ce contexte, il n’y a que peu d’espoir que les Droits de l’Homme puissent jouer un rôle dans ces nouvelles technologies.

Après deux heures de présentations des intervenants, les participants avaient envie de discuter et leurs questions et interventions étaient à la hauteur de cette conférence. Une modernisation des Droits de l’Homme ? Pourquoi pas, mais uniquement en y associant les gens des différents continents et contextes socio-culturels, car autrement, les Droits de l’Homme resteraient une invention occidentale, servant, entre autres, les intérêts économiques et géopolitiques des états occidentaux. Mais, comme l’a fait remarquer un participant, élaborer une nouvelle charte universelle, serait long et difficile à réaliser.

Pourtant, malgré les imperfections dans la mise en œuvre des Droits de l’Homme, tout le monde était d’accord sur l’importance de disposer d’un tel jeu de droits qui, dans la pratique, représentent davantage des « valeurs », car ces « droits » sont, comme mentionné, non contraignants.

Pour clôturer cette conférence, les intervenants ont remercié les participants et aussi la Fondation René Cassin qui donne souvent la parole à des journalistes connus pour leur franc-parler et parfois, un petit côté iconoclaste. Bref, une excellente conférence strasbourgeoise !

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