Les Elections européennes au Nord

Suède, Finlande, Danemark

Hamlet et Ophélie au château d' Helsingor, Danemark Foto: Artico/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Au Nord de l’Europe, les différences politiques entre les pays membres de l’UE sont plus importantes qu’on ne le pense parfois. Mais il existe bien des points communs. L’échec de l’extrême-droite (échec à atteindre la première place), son recul ou son effondrement, principalement.

Les élections européennes ont placé les partis sociaux démocrates en pole position dans 3 Etats membres (sur 28) : l’Espagne, les Pays-Bas, et… la Suède. Dans cette dernière, le Parti Social-démocrate des Travailleurs, au pouvoir, remporte 23,6 % des suffrages. A force de durer, le vénérable SAP fondé en 1889, que dirige Stefan Löfven, apparaît comme le plus légitime au pouvoir ; c’est qu’il incarne quelque chose de fondamental dans ce pays, quoi qu‘en disent certains. La droite des « Modérés » (Moderata samlingspartiet), libéral, lui aussi, est un très vieux groupe conservé dans la glace depuis le tout début du 20e siècle. Il a beaucoup progressé entre 2014 et 2019 – moins cependant que le craignaient les Sociaux-démocrates : de 13,6 % à 17 %. On peut s’interroger sur la persistance de ce trend dans les années à venir, et remarquer en tout cas la solidité en Suède de cette droite démocratique et libérale à l’égard du prurit populiste.

L’extrême-droite des Démocrates Suédois de Jim Åkesson, un dirigeant que d’aucuns considèrent comme charismatique – un charisme à la Buddy Holly, don’t step on its blue suede shoes!) – a donc échoué : échoué dans ses prétentions quelque peu exorbitantes à devenir le premier parti suédois. Sans doute est-ce dû en partie, comme au Danemark, aux mésaventures grotesques et interminables de ses kameraden brexiteux britanniques…

Un fait remarquable : le recul des écologistes du Miljöpartiet de Gröna (le Parti de l’Environnement Les Verts) de 15,4 % en 2014 à 11,4 % en 2019. Il semble que beaucoup d’électeurs n’aient pas apprécié la participation («collaboration», comme l’écrivent certains journaux, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche) du Parti écolo au gouvernement social-démocrate de Löfven, ces dernières années : 4,4 % aux législatives de 2018 ! Par ailleurs, le Centerpartiet (10,8%) enverra lui aussi 2 députés à Strasbourg ; un parti intéressant, d’origine agrarienne mais d’inspiration très ouverte, proeuropéenne, pro-immigration et écologiste depuis très longtemps.

En Finlande, en revanche, le Parti social- démocrate (SDP), fondé en 1899, n’arrive qu’en troisième position avec 14,6 %… Il est cependant en progression, de même que le parti écologiste Vihreä liitto (Ligue Verte), fondé voici plus de 30 ans. Ce parti est dignement représenté par des personnalités comme Ville Ninistö ou Heidi Hautala, députée à Strasbourg depuis 1995, candidate aux présidentielles en 2000 et 2006. Il fait un bond de kangourou : de 9,3 % en 2014 à 16% en 2019 ! Voilà qui est très encourageant…

La première place est cependant occupée par le Kokoomus, conservateur et libéral (21%), qui est au pouvoir en coalition avec le Keks ou Parti du Centre. Et dont la politique peu sociale est de moins en moins appréciée et souvent ressentie comme régressive par beaucoup de citoyens finlandais.

Quant à l’extrême-droite des Perussuomalaiset (« Vrais Finlandais » ou plutôt : Finlandais Simples), elle a très légèrement progressé : de 12, 8 % voici 5 ans à 13,8. Encore faut-il préciser que ce parti est assez atypique et ne partage pas certaines options que prennent le RN ou d’autres formations de la fachosphère classique. Il siège d’ailleurs au centre gauche à l’Eduskunta, le Parlement finlandais.

Enfin, au Danemark, on a participé massivement à ces Elections Européennes , pour 66 % des électeurs ! Seuls les Etats membres où le vote est obligatoire ont connu une Völkerwanderung comparable vers les bureaux de vote…

Dans ce pays, les libéraux de Venstre, menés par le Premier ministre, Lars Løkke Rasmussen, l’emportent (23,5%), d’ailleurs de peu, sur les Sociaux Démocrates (born in 1871) de Mette Frederiksen (21,5%). Mais les analyses ont presque toutes tendance à omettre le beau score du Parti populaire socialiste (Socialistisk Folkepartiet, 13,2 %), un groupement écolo-socialiste plus à gauche que les SD, mais à l’idéologie très proche. La gauche, en réalité, dépasse donc les 35%.

En tout cas, le parti Venstre (droite libérale) profite sans doute beaucoup de la dégringolade du parti d’extrême droite, le Folkepartiet (Parti du Peuple Danois) : de 26,6% en 2014, sa bobinette a chu de 16 points (10,7%) ! Comme on l’a suggéré, la chevillette que les lecteurs ont tirée a probablement été celle des frayeurs liées au Brexit, et… le climato-scepticisme du DF, erreur politique monumentale !

Ces élections n’ont donc pas apporté que des mauvaises nouvelles. Loin s’en faut.

 

 

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