Les enseignants espagnols sous pression

Les enseignants espagnols, qui ont fait de leur mieux durant le confinement, réclament des moyens pour la rentrée.

Fresques militantes et ludiques, sur les murs d'une école élémentaire de Málaga. Foto: Daniel Capilla / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – En Espagne, selon les communautés autonomes où l’on réside et que l’on soit en primaire ou en secondaire, la rentrée scolaire s’étale cette année du 4 au 18 septembre. Une rentrée sous tension, notamment à Madrid où les syndicats d’enseignants de la communauté autonome ont lancé dès le 19 août un appel à la grève en vue des 4, 8 et 9 septembre.

Au nombre de leurs revendications s’ajoute la désormais indispensable réduction de la fracture numérique. Un problème soulevé par El Diario dès la fin juillet, dans un article pointant que le confinement dû à la pandémie de Covid-19 a généré beaucoup de stress chez les enseignants, la plupart faisant avec les moyens du bord. Ce qui signifie impréparation à l’enseignement à distance et usage du matériel informatique personnel.

Le Ministère du Travail préparait alors un projet de loi pour réglementer le télétravail, mais il n’était pas sûr qu’il s’applique aux enseignants, alors que selon une étude du syndicat Union Générale des Travailleurs (UGT), 96% d’entre eux le réclament. Une enquête menée par le syndicat Union Syndicale Ouvrière (USO), montre que près de 87% des enseignants ont utilisé leurs propres outils numériques et que près de 41% ont dû compléter leurs équipements pour assurer l’enseignement à distance.

Selon une analyse de la Confédération Syndicale des Commissions Ouvrières (CCOO), équiper chaque enseignant d’un ordinateur et renouveler le matériel existant reviendrait à environ 150 millions d’euros. A ceci devrait s’ajouter une plate-forme éducative restant à créer, et permettant des connexions en grand nombre pour de longues périodes, car l’actuelle pandémie ne sera pas un phénomène unique.

Les enseignants espagnols souhaitent aussi que la séparation temps de travail / temps de loisirs soit plus clairement définie, notamment en faisant valoir leur droit à la déconnexion. Le principe de l’immédiateté, s’appliquant de facto dans le monde du numérique, est incompatible tant avec l’enseignement qu’avec l’éducation. Les temps de repos et de mise à distance, inhérents aux modes d’enseignements dits « en présentiel », sont bénéfiques à tout le monde.

La protection des données demeure un sujet préoccupant pour les enseignants. Sujet auquel ils n’ont pas encore de réponses, notamment lorsqu’il est question des mineurs devant se connecter sur des sites non-sécurisés, en l’absence d’une plate-forme numérique officielle, fiable et efficace restant à créer

Le confinement a impacté les enseignants espagnols à plus d’un titre, en particulier quant à leur santé, car pour 71% d’entre eux, selon El Diario, stress et insomnie se sont surajoutés aux problèmes informatiques. Surajoutés ou en ont peut être découlé, la préparation d’un cours donné via des supports numériques et sa dispensation ayant peu de choses en commun avec le mode « présentiel ».

Autant en Espagne que pour le reste de l’Europe, les questions de la formation à l’enseignement à distance, des moyens matériels et de la sécurité des supports numériques, sont plus que jamais cruciales. Sans empiéter pour autant sur les prérogatives des Etats, et notamment des communautés autonomes en Espagne, des éléments de réponse au niveau européen ne seraient pas malvenus…

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