Les eurodéputés à la diète médiatique

En regard d'autres élus, les eurodéputés disposent de peu de temps de parole dans les médias.

Le Parlement Européen sous la neige... et les eurodéputés pris dans les glaces du gel médiatique ? Foto: Julien Humbert / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Site Internet fondé en 2015, « Projet Arcadie »  est animé par la juriste Amélie Actrinei-Aldea qui y officie sous le pseudonyme Tris Acatrinei. Spécialiste de la cybersécurité, elle a travaillé pour HADOPI jusqu’en 2012. Initialement répertoire des députés et sénateurs français, « Projet Arcadie » s’est étoffé. Son rapport sur la communication des parlementaires, publié en juillet 2020, s’avère particulièrement intéressant à plus d’un titre.

Introduisant l’étude par « Il est bien loin le temps où un parlementaire pouvait se contenter de faire son travail de parlementaire, sans communiquer sur le sujet », Tris Acatrinei développe une analyse très détaillée des modes de communication et des temps médiatiques des parlementaires, allant des canaux traditionnels à ceux du numérique.

La répartition des temps de parole en heures par mandat électoral (page 7) interpelle. Les députés sont, au regard des neuf autres catégories d’élus étudiées, les grands gagnants, car ils mobilisent 47,30% du temps de parole contre 7,7% pour les eurodéputés, soit environ six fois plus ! Les maires, élus de proximité par excellence, se situent à près de 10%. Pourquoi un tel écart entre les députés et les eurodéputés, alors que de nombreuses décisions concernant le quotidien des citoyens de l’Union Européenne sont prises au Parlement Européen ?

Les eurosceptiques et les europhobes vont clamer : « Ils nous font déjà assez de mal comme ça, alors si on doit en plus les entendre sur toutes les chaînes ! ». Mais bien sûr, donnons leur encore moins d’accès aux médias, pour ensuite encore mieux les accuser d’être tous vendus aux lobbies. Et surtout, plaignons-nous de ce qu’ils sont très loin, complètement hors-sol et déconnectés de la vraie vie.

Intervenir dans les médias, c’est courir le risque d’être contredit. Publier ses prises de positions, en les diffusant hors des cercles restreints de spécialistes, signifie devoir en rendre compte devant les citoyens. Donc, les eurosceptiques et les europhobes devraient logiquement souhaiter un accroissement du temps de parole accordé aux eurodéputés. Or, il est bien plus facile et plus rassurant d’anathémiser sans appel, que d’engager un débat contradictoire et argumenté dans lequel on pourrait perdre quelques plumes, voire mêmes toutes !

Encore faudrait-il que les médias, notamment les chaînes de télévision, se donnent les moyens de couvrir les sujets européens. Or, la fermeture des bureaux de nombreuses chaînes internationales qui furent installés à Strasbourg dans le bâtiment Winston Churchill en dit long sur leur motivation. A ce propos, une étude effectuée par le Mouvement Européen-France l’année précédant les dernières élections européennes, montrait de façon détaillée en quoi l’Union Européenne est un sujet anti-télévisuel.

Ce qui s’avère particulièrement préoccupant, sachant que l’Union Européenne intervient dans des enjeux de société toujours plus importants, tels que la transition écologique et les politiques migratoires. Les journaux télévisés demeurent le premier média de masse en France ; or, le 20 heures de TF1 – le plus regardé en France – est celui qui traite le moins des affaires européennes. Les chaînes publiques, quant à elles, réservent à ces sujets des créneaux horaires fréquentés par un public aisé et âgé. Un constat donnant à réfléchir et incitant à agir.

1 Kommentar zu Les eurodéputés à la diète médiatique

  1. Yveline MOEGLEN // 26. August 2020 um 15:07 // Antworten

    la communication politique en générale devrait être totalement libre …
    La restreindre prépare à des futurs déjà bien connus dans l’histoire européenne!
    c’est bien grâce aux réseaux sociaux que toute personne qui souhaite s’informer peut chercher l’info même si celle-ci est parfois contestable et non contrôlée !….. et alors ??
    les chaines TV quelles qu’elles soient sont plus que ringardes et dépassées … d’ailleurs elles mêmes , comme les réseaux socio parfois se plantent !
    alors …. , vive les réseaux sociaux, vive INTERNET ! et bien évidemment : vive l’Euro-journal de Kaï !
    Faire de l’info , c’est être courageux car c’est devenu un métier à risques !!!

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