Les eurosceptiques de l’AfD et la langue allemande

Dans son programme pour les élections en Saxe et en Thuringe, l’AFD insiste à ce que les demandeurs d’asile parlent l’Allemand. Mais c’est l’AfD qui a besoin de cours d’orthographe.

En mauvais allemand, on dirait "Er hat einen Schatten". Correctement, il faut dire "ein Schatten liegt über seinem Gesicht" - Bernd Lucke. Foto: Blu News / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – L’AfD, le petit dernier dans le paysage politique allemand, ultra-conservateur et eurosceptique, n’aime pas trop les demandeurs d’asile. Ce n’est pas qu’ils aient quelque chose contre les ressortissants d’un pays particulier, il n’aiment pas les demandeurs d’asile tout court. Après tout, ces gens là pourraient finir par nous demander une tranche de pain, une fois qu’ils seront là.

Alors, pour séduire l’électorat en Saxe et en Thuringe, donc, dans les «nouveaux Länder» où les tendances xénophobes sont assez marquées, l’AfD avait une super idée. Dans le cadre d’une «offensive d’éducation pour une meilleure discipline», l’AfD demande «l’application stricte du droit d’asile» et «des cours de langue obligatoire sur un haut niveau pour tous les immigrants qui reçoivent une aide sociale». Mais au lieu d’écrire «Sprachkurse» (cours de langue), le rédacteur de l’AfD a écrit «Sprachkurze». «Sprachkurze» ? En voilà un mot qui n’existe pas dans la langue allemande. Avec de telles erreurs, Messieurs, Dames de l’AfD, on ne passe pas un cours de langue à un haut niveau ! Mais probablement, ce rédacteur était tellement surexcité à l’idée d’une «offensive d’éducation pour une meilleure discipline» que ses mains ont commencé à trembler.

Non seulement la diction de l’AfD fait penser à une époque que l’on croyait révolue («éducation pour une meilleure discipline» ! On croit rêver !), mais la proposition est carrément indécente. Car en Allemagne, les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler pendant que leur demande est instruite, ce qui peut durer très longtemps, et ils reçoivent donc automatiquement tous une aide sociale et ce, malgré le fait que la quasi-totalité des demandeurs d’asile ne demande pas mieux que de pouvoir travailler. La proposition de l’AfD consiste donc à demander «un cours de langue à un haut niveau» à l’ensemble des demandeurs d’asile. Un cours de langue visiblement trop compliqué même pour les rédacteurs de l’AfD. En sachant parfaitement que la plupart des demandeurs d’asile qui arrive en Allemagne ne maîtrise la langue de Goethe pas plus que l’AfD. Il s’agit donc de créer un motif permettant de rejeter quasiment toutes les demandes d’asile pour des raisons linguistiques. Quel cynisme de la part d’un parti dont le programme se lit comme s’il avait 80 ans !

Pourtant, la position de l’AfD n’est, officiellement, pas du tout contre l’immigration. Au contraire ! Ceux qui parlent parfaitement l’Allemand, ceux qui disposent d’une forte qualification professionnelle, pourront venir. «Jusqu’à ce que les Allemands se mettent à avoir plus d’enfants», dixit le chef du parti Bernd Lucke. Mais en devant gaspiller son temps avec des gens comme ceux de l’AfD, on finit par ne plus avoir envie de s’occuper de la réproduction du peuple allemand. Si c’est pour produire des générations qui ne savent même pas écrire «Sprachkurse»…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste