Les eurosceptiques de l’AfD s’attaquent à la France

Bernd Lucke, le patron des eurosceptiques de l'AfD, voudrait que la France abandonne l'Euro. Foto: WDKrause / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – «La France est le plus grand problème que nous avons actuellement dans la zone euro», disait le patron de l’AfD Bernd Lucke dans une interview menée par la «Bild am Sonntag». Celui qui voulait recemment interdire l’avortement pour obliger les femmes allemandes à avoir davantage d’enfants pour pouvoir renvoyer les travailleurs immigrés chez eux, avait un autre conseil à donner à la France: «La France ferait mieux d’abandonner l’euro». Voilà ce qui arrive lorsque l’on utilise son droit de vote pour effectuer des «votes sanction» – on hérite alors d’hommes et de femmes politiques encore pires que ceux que nous avions déjà. Pour rassurer les amis français – ce genre de position anti-européenne est minoritaire en Allemagne. Raison de plus de tout faire pour barrer l’accès au pouvoir à ce type de formation anti-européenne, en Allemagne comme ailleurs.

Est-ce que des hommes politiques allemands comme Bernd Lucke seraient déjà en train de chercher des boucs émissaires pour la situation en Allemagne qui commence, lentement, mais sûrement, à se dégrader ? «La France ne contrôle plus ses problèmes économiques et ne se montre que peu enclin de lancer des réformes», a rajouté Lucke. Mais il se trompe tout autant que ses collègues du Front National français ou de l’UKIP en Grande-Bretagne – le repli national ne peut pas resoudre les problème qui germent dans un monde globalisé, mais au contraire, l’Europe ne peut prospérer qu’à condition de trouver enfin le courage de se doter d’un vrai gouvernement européen, menant une vraie politique européenne. Le repli nationaliste risque de créer davantage de problèmes économiques et sociaux qu’aucun état európéen ne serait actuellement en mesure de maîtriser.

De plus, et la plupart des Allemands le voient ainsi, ce genre d’intervention de la part d’un homme politique allemand, constitue carrément une ingérance dans la politique d’un partenaire européen. Bernd Lucke et son AfD n’ont pas à donner des leçons, surtout pas à un moment où il s’avère que l’Allemagne doit son relatif succès économique à un climat social qui compte parmi les pires en Europe.

Il n’y a pas 36 possibilités pour éviter le retour vers un nationalisme anachronique dans les pays européens – «plus d’Europe» ! Dans une structure aussi interconnectée comme l’Union Européenne, les problèmes des uns, sont aussi les problèmes des autres. Cela s’appelle «la solidarité européenne», un concept que l’AfD et son étrange patron n’ont visiblement pas encore compris. Pourtant, Bernd Lucke siège au Parlement Européen…

S’il est vrai que la France connaît actuellement des problèmes économiques, si l’agence de quotation «Standard & Poor’s» a dégradé la notation de la France de «AA stable» à «AA négatif», s’il est aussi vrai que le Premier Ministre Manuel Valls a estimé nécessaire de demander du «respect» pour la France face à une crise qui affecte la zone euro, la réponse ne peut pas être de pointer la France du doigt, comme le fait Bernd Lucke. Au contraire. C’est le moment de combiner les efforts dans une véritable politique européene qui interviendrait en priorité là où c’est nécessaire.

L’Europe n’a pas besoin de partis et d’individus qui tentent de semer la discorde entre les pays européens, en prônant ce repli nationaliste qui a déjà causé tellement de dégâts et de souffrances par le passé. A nous tous de faire le nécessaire pour que cet extrémisme ne gagne plus de terrain en Europe.