Elections en Saxe – pour une poignée de votes…

La soirée électorale en Saxe s'est terminée par un revirement spectaculaire des résultats. Sur la ligne d'arrivée, l'ultra-extrême droite du NPD est tombé sous la barre des 5% - et doit quitter le parlement.

Le ministre-président de la Saxe Stanislaw Tillich se succède à lui-même. Et sur la ligne d'arrivée, l'ultra-droite du NPD a été éjectée du Parlement. Foto: Crashy Meissen / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pour un journaliste, il est embêtant de devoir réécrire un article lorsque l’actualité change brusquement. Parfois, cela arrive. Ainsi, vous êtes en train de lire la version 2 de l’analyse des résultats des élections régionales en Saxe, premier test grandeur nature pour la politique allemande après les élections législatives en Septembre 2013. Mais il y a aussi des exceptions qui confirment la règle. Cette version 2, elle est rédigée avec un réel plaisir.

Si vous faites partie des lecteurs nocturnes d’Eurojournalist(e), vous avez peut être lu la version 1, publiée à 00h05. Au moment de la rédaction de cet article, à 23h20, et pendant toute la soirée, toutes les chaînes d’information partaient du principe que les ultra-extrême droits du NPD avaient gagné 5% des votes et donc 7 sièges au nouveau «Landtag» à Dresde. Cela donnait une configuration difficile pour la CDU qui, malgré sa nette victoire (39,4%) doit trouver un nouveau partenaire de coalition, son ancien partenaire libéral, le FDP, ayant poursuivi sur sa lancée nationale en implosant de 10% à 3,8%, faisant ainsi non seulement ses adieux à la participation gouvernementale, mais également à la présence au parlement de Dresde. Par contre, les eurosceptiques de l’AfD étaient crédités de 10,0%, le NPD à 5,0%. Les Verts, eux, totalisaient 5,7% et Die Linke, traditionnellement forte dans les Länder de l’ancienne RDA, 18,9%. Le SPD devait se contenter de 12,4%. Ce résultat excluait la possibilité d’une coalition CDU-Verts, et ne laissait le choix à l’ancien et nouveau ministre-président Stanislaw Tillich d’accepter soit une Grande Coalition avec le SPD (mouais, à 12,4%, il est difficile de parler d’une «grande» coalition), soit une coopération avec les eurosceptiques et très conservateurs AfD. En voilà un résultat très inquiètant.

Mais tout allait changer à 23h25. Les autorités du Land de Saxe publiaient les résultats officiels provisoires – et le comptage des derniers bureaux de vote avait très légèrement modifié les résultats. Par dizaine de point. Mais ce dizaine de point était le bon. Le NPD, parti tellement à droite de la droite que même Marine Le Pen ne voulait pas de lui comme membre de son groupe parlementaire au Parlement Européen, avait perdu 0,1% des votes. Pour se retrouver à 4,9%. Mais pour pouvoir envoyer des élus aux parlements en Allemagne, il faut obtenir dans ce système proportionnel, 5% des votes. Et non pas 4,9%. A 5%, le NPD aurait envoyé 7 élus au parlement de Dresde, à 4,9%, aucun. Un joli signal – la Saxe a viré l’extrême-droite du parlement !

Les eurosceptiques de l’AfD, et c’est embêtant, dépassent les prévisions et obtiennent 9,7% des votes, talonnant le SPD avec ses 12,4%. En vue de la campagne menée par l’AfD en Saxe (un mélange de positions incroyables comme la remise en question du droit des femmes à l’avortement, pour que les Allemandes aient davantage d’enfants ce qui permettrait en dernière conséquence, de renvoyer les étrangers travaillant en Allemagne chez eux), une partie de l’électorat du NPD a du se ranger du côté de l’AfD. Tout comme deux tiers des anciens électeurs du FDP.

A 23h25, les options politiques en Saxe changeaient aussi. Ce petit dizième ouvre maintenant les portes à différentes options de coalition, ce qui pourra enrichir les débats politiques en vue de la formation du nouvel gouvernement qui, de toute manière, continura à être dirigé par Stanislaw Tillich.

Le NPD enfin éjecté par les électeurs en Saxe. Le FDP également. Les autres partis n’ont guère d’autre choix que de se retrouver dans le centre politique, avec une politique chétienne-démocrate, mais aussi des éléments de la social-démocratie. Et – encore pendant la nuit, la CDU a exclu l’idée d’une coopération avec l’AfD.

Une mauvaise soirée pour les extrêmistes en Saxe, une bonne soirée pour la démocratie. A confirmer – déjà dans deux semaines, on vote en Thuringe et dans le Brandebourg. Et on retravaillera avec plaisir pendant toute la nuit, si dans ces deux Länder, les extrémistes ne passent pas non plus.

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