Les eurosceptiques ultra-conservateurs gagnent du terrain

Lors des élections régionales en Thuringe et dans le Brandebourg, les ultra-conservateurs talonnent les partis dits traditionnels. Et le FDP continue sa déscente aux enfers.

Les euroscptiques de l'AfD entrent aussi dans le Landtag de Potsdam. Foto: Julian Nietzsche / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les deux élections régionales en Thuringe et dans le Brandebourg, deux semaines après celles en Saxe, ont confirmé une tendance ultra-conservatrice dans les Länder de l’ancienne RDA. Si vraisemblablement rien ne change à la diète de Potsdam (le Brandebourg pourra poursuivre sa coalition SPD-Linke), même si une «Grande Coalition» SPD-CDU serait également possible, il faut noter l’entrée au Parlement de l’AfD qui, à 12,2%, obtient deux fois plus de votes que les Verts. A Thuringe, les ultra-conservateurs entrent également au Parlement d’Erfurt, avec 10,6%. Les dix sièges de l’AfD risquent d’avoir une incidence sur la formation du nouveau gouvernement en Thuringe – une coalition SPD-Linke-Verts n’aurait qu’une majorité d’une seule voix au Parlement, toute comme une «Grande Coalition» CDU-SPD.

La montée en puissance de l’AfD est inquiétante. Pendant la campagne, l’AfD avait irrité avec des propositions comme l’interdiction de l’avortement pour forcer les femmes allemandes à avoir davantage d’enfants – pour pouvoir, à terme, renvoyer les travailleurs étrangers chez eux. Incroyable. Aussi incroyable que l’initiative visant à remplacer, lors des fêtes d’anniversaire, le «Happy Birthday» par des chansons en langue allemande. «Happy Birthday» étant considéré comme «pas assez allemand». Des positions qui font froid dans le dos. L’AfD étant d’ailleurs aussi le parti qui demande la fin de l’euro dans son format actuel – le parti de Bernd Lucke veut créer deux zones euro. Une pour les pays qui se portent relativement bien, l’autre pour les autres. Qui pourront se débrouiller entre eux. Et ce parti obtient plus de 10% des votes.

En Thuringe, la CDU obtient 33,5% (+2,3), Die Linke 28,2% (+0,8), le SPD 12,4% (-6,1), les Verts 5,7% (-0,5), l’AfD 10,6% (+10,6). A droite de l’AfD (si, si, il y a encore un parti à droite de l’AfD…), le NPD loupe l’entrée dans la diète d’Erfurt (3,6%), tandis que le FDP reste modestement à 2,5% (-5,1), loin de tout espoir de réintégrer un jour des parlements en Allemagne.

Dans le Brandebourg, les choses sont plus claires. Le SPD reste le parti le plus fort avec 31,9% (-1,1%), devant la CDU (23,0% ; +3,2), Die Linke (18,6% ; -8,6), les Verts sont à 6,2% (+0,5) et l’AfD à 12,2% (+12,2). Le FDP, lui, perd 5,7%, n’obtient que 1,5% des votes et restera, ici aussi, devant les portes du parlement.

Les succès des eurosceptiques suivent le même schéma que dans d’autres pays européens. A une époque d’insécurité, les gens rêvent de «bons vieux temps» en oubliant trop facilement que ces vieux temps n’avaient rien de bon. Les positions d’avant-hier que défend l’AfD sont l’expression d’un mal-être et d’une angoisse profonde des Allemands.

En parallèle, le FDP arrive au fond. Perdant élection sur élection, force est de constater que plus personne ne pense avoir besoin du FDP. Ce parti est en train de vivre ses derniers mois – soit, il se réinvente en changeant de nom et surtout d’image, soit, il se perdra entre les pages des livres d’histoire.

Dès aujourd’hui, commencent les entretiens en vue de la formation des nouveaux gouvernements. Différentes options se proposent dans les deux Länder – on verra laquelle sera retenue. Enseignement principal de la soirée électorale en Thuringe et dans le Brandebourg : l’Allemagne, comme d’autres pays européens, rédécouvre des valeurs ultra-conservatrices, anti-européennes et nationalistes. Une évolution qu’il convient de stopper le plus vite possible.

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