Les forêts brûlent aux Canaries

Des incendies de forêts touchent à nouveau l’archipel des Canaries.

Depuis l’intervention de l'unité de « bomberos » à Gran Canaria en 2007, les moyens se sont accrus, mais pas à la mesure du risque encouru. Foto: Acebiño / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Certaines îles sont boisés, d’autres peu, voire quasiment pas, mais d’une manière générale, le risque d’incendie demeure présent aux Canaries durant la période estivale, même dans la « Lauriselva » (forêt de lauriers) couvrant le sommet de La Gomera et bénéficiant des brumes matinales ou la partie nord de Tenerife, réputée moins aride que sa moitié méridionale. Si l’éruption de la Cumbre Vieja a mis le focus, depuis septembre dernier, sur les risques inhérents au volcanisme dans l’archipel, l’apparition de feux sur la terre est hautement plus probable que l’émergence du feu de la terre.

Les bomberos (pompiers) ne sont pas inactifs et les médias locaux rapportent plusieurs de leurs interventions en différents endroits de l’archipel. Un feu de forêt du 21 au 27 juillet a détruit 3.000 hectares dans la région de Los Campeches, touchant 226 hectares du Parc National du Teide. Les aéronefs engagés dans la lutte contre cet incendie touchant des secteurs difficilement accessibles par voie terrestre, y ont déversé plus de 3,5 millions de litres d’eau. Près de 600 personnes et près de 200 animaux de compagnie et d’élevage avaient été évacués. La circonférence de la zone directement sinistrée est de 30 km et les estimations de la Fondation Frantz Weber, associées à celles des services de l’État, estiment de 27.000 à 40.500 le nombre de mammifères, d’oiseaux, de lézards, d’invertébrés et d’autres espèces ayant péri dans les flammes.

A La Gomera, victime comme Tenerife et La Palma, de terribles incendies en 2012, la vigilance est de mise car les 4.100 hectares calcinés cette année-là, représentent 11% de la superficie de l’île. A La Palma, en août 2019, plus de 12.000 hectares partaient en fumée, soit près de 17% de la superficie de l’île, provoquant l’évacuation de 10.000 personnes. A titre de comparaison, l’éruption de la Cumbre Vieja qui dura 85 jours l’an dernier, nécessita la mise à l’abri de 7.000 personnes. Selon diverses sources, ces incendies seraient accidentels et/ou criminels, l’inconscience pouvant aussi devenir criminelle.

Dans toutes les îles, les cabildos insulares (gouvernements locaux) développent des campagnes de prévention, mais le réchauffement climatique prend de vitesse les moyens actuellement déployés et les politiques antérieures sont jugées insuffisantes, tant pas les défenseurs de l’environnement que par des citoyens lambda préoccupés pour l’avenir de leurs lieux de vie. Par ailleurs, la forte fréquentation touristique de l’archipel, élément indispensable à son économie, complexifie le problème tant pour la prévention du risque d’incendie que pour la préservation des ressources en eau.

Le 20 juillet, le Gouvernement des Canaries a déclaré l’état d’alerte en raison de risques d’incendies de forêt à El Hiero, La Gomera, La Palma et Tenerife, car aux températures élevées s’ajoutait un fort vent de nord-est et la Calima. Cette dernière est caractérisée par un vent venant du Sahara et transportant du sable, qui réchauffe l’atmosphère et réduit la visibilité. Là encore, plusieurs phénomènes se combinent, pour accroître le risque d’embrasement et compliquer l’intervention des secours.

Les forêts couvrant partiellement certaines îles canariennes, sont des écosystèmes particulièrement riches en termes de biodiversité. Leur intérêt n’a rien d’exclusivement touristique, même si les chemins de randonnée qui traversent certaines d’entre elles, font le bonheur de marcheurs venant parfois de loin. Contrairement à la forêt landaise, elles ne sont pas nées de volontés humaines, mais préexistaient antérieurement au peuplement humain de l’archipel. Les botanistes les qualifient de primaires, même si à la marge, s’y sont ajoutés des boisements volontaires. Elles sont donc des trésors à préserver absolument, alors que certaines projections laissent planer, pour cause de réchauffement climatique, un doute quant à leur pérennité.

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