Les gens ne veulent plus parler de l’Europe

Dommage que le travail de nombreuses organisations qui oeuvrent pour une Europe des Citoyens ne trouve qu’un écho faible dans la population.

Les gens s'intéressent de moins un moins pour l'Europe. A Bruxelles, on a réussi à creuser un fossé entre l'Europe et ses citoyens. Foto: © Kai Littmann

(KL) – Le sujet de l’Europe fâche. Les gens en sont fatigués, il règne une sorte de sentiment d’impuissance face à ce qui se décide à Bruxelles et pendant que les responsables politiques ne cessent de s’auto-congratuler, l’ambiance sur le terrain est pour le moins morose.

«Allez, ne me dites pas que l’Europe soit un continent démocratique», nous lance un monsieur d’un certain age, «après tout ce mic-mac pour la présidence de la Commission, vous n’allez pas croire que je vais encore une fois participer aux élections européennes !» Que dire à ce monsieur ? Les dégâts causés à la démocratie européenne par les Merkel, Cameron et Cie. après les élections européennes, lorsqu’ils avaient discuté la succession de Barroso comme si les Européens n’avaient pas voté, les responsables ne les voient pas. Mais les associations, organisations, structures qui travaillent pour une Europe plus proche des citoyens, eux, il sentent ce raz-le-bol européen des gens.

Samedi, lors de la Fête de l’Europe à Freiburg, les «euroenthousiastes» sont restés entre eux. Un dizaine de stands, montés avec engagement, des tonnes de papier sous forme de flyers, plaquettes et autres informations sont restés sur les tables et la plupart des discussions avaient lieu entre les exposants et parmi des gens qui, de toute manière, se connaissent souvent et travaillent pour la même cause.

Il y avait des animations, le groupe «Vera & Joy» de Barcelone était excellent, les danses grèques étaient gaies et touchantes, mais il manquait le public. Ce n’était pas la «concurrence» du «Christopher Street Day» qui avait lieu en parallèle, les gens n’ont plus envie d’entendre parler de l’Europe.

«Et pourquoi ils ne font pas venir Edward Snowden ?», demandent les gens. «Et pourquoi ils continuent à négocier un TTIP dont personne ne veut ?» Impossible de répondre. Oui, on explique aux gens qu’au lieu de se limiter à un rôle de spectateur, on essaye, comme les autres initiatives présentes samedi, de faire du concret, de former une voix citoyenne dans une Europe qui se fiche ouvertement de ses 500 millions de citoyens – les gens en sont fatigués.

Dommage que la grande politique n’entend pas ce que les initiatives sur le terrain doivent entendre. Le seul ayant honoré cette manifestation par sa présence, c’était le maire de Freiburg Ulrich von Kirchbach dont l’engagement pour l’Europe ne doit plus être souligné. Mais l’Europe, voilà l’amer constat, s’éloigne de plus en plus de ses citoyens qui ont perdu confiance en leurs dirigeants. L’Europe est aujourd’hui considéré par bon nombre de citoyens comme une organisation qui se met au genou devant les lobbys des marchés financiers et des Etats-Unis. L’Europe de Bruxelles, elle n’a plus rien à voir avec les citoyens.

Faut-il, par conséquent, cesser d’organiser ce type de manifestation ? Surtout pas ! Au contraire, il faut insister, montrer son drapeau bleu étoilé, aller à la rencontre des gens – autrement, on laisse cette Europe définitivement à ceux qui l’exsanguent, qui veulent en abuser pour véhiculer leurs opinions dangereuses, qui veulent l’abolir au détriment de phantasmes nationalistes abominables. Par contre, il serait pas plus mal si des responsables politiques du plus haut niveau faisaient de temps un temps un stage dans les réalités des gens. S’il savaient comment leur «travail» est perçu, ils auraient honte. Un bravo aux organisateurs qui ne se laissent pas décourager. Pour oeuvrer en faveur de l’Europe aujourd’hui, il faut vraiment y croire. Heureusement qu’il y en a qui y croient encore…

2 Kommentare zu Les gens ne veulent plus parler de l’Europe

  1. Nous le savons : l’Europe est en laborieux devenir depuis trois mille ans. A nous donc de l’aimer assez pour y construire encore, ensemble, consciemment et ainsi mieux que jamais, l’avenir de la paix. Car, loin d’être la dictature, la fatalité, voire l’ennui, stigmatisés par l’indolence de certains, elle se rapproche de la Parole telle que la peignait à traits impatients Georges Bernanos en 1939 : “Vous êtes dedans, vous vivez dedans avec votre misère, misérables, et qui se soucie de l’air qu’il respire avant qu’il ne manque à ses poumons ?”

  2. Bravo Martine ! Et c’est justement pour cela qu’il ne faut jamais cesser de lutter pour cette Europa que nous aimons. Si nous ne continuons pas ce travail, on laisse la voie libre aux anti-européens, aux nationalistes, à ceux qui ne partage pas cette vision d’une Europa humaniste. Merci pour votre commentaire !

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