Les grèves en Allemagne traduisent un malaise social
Après les cheminots qui ont terminé leur grève hier, ce sont maintenant les éducteurs et éductatrices des crèches qui lancent un mouvement de grève. L’Allemagne s’organise...
(KL) – Dans les années 70 et 80, l’Allemagne regardait des pays comme l’Italie avec un petit sourire dans le coin… que de grèves ! En se mettant ainsi tout le temps en grève, disaient les Allemands, peu étonnant que l’économie ne décolle pas. Pourtant, l’Allemagne est arrivé au même stade – grève sur grève. Et les Allemands sont forcés d’apprendre à vivre avec. Après les cheminots, ce sont les éducateurs et éducatrices des crèches communales qui ont lancé un mouvement de grève à durée indéterminée.
1,2 millions de bambins dans les 17.900 crèches comunales en Allemagne sont concernés, sans compter les parents qui eux, doivent maintenant jongler avec de nombreux ballons. Après la grève des cheminots ayant duré toute une semaine, les employeurs ne sont plus tellement prêts à se montrer flexibles. Dans certains cas, citons la Commerzbank, les entreprises mettent en place des garderies, mais cette mesure constitue l’exception qui confirme la règle. Les autres crèches allemandes, plus nombreuses, gérées par le secteur privé, ne seront pas en mesure de donner un coup de main – les listes d’attente sont longues, surtout dans les villes et les parents doivent maintenant trouver des solutions de secours. Surtout dans la mesure où personne ne connaît la durée de cette grève.
Les révendications des éducateur, éducatrices et travailleurs sociaux sont claires – il s’agit d’une révalorisation des salaires que l’ont peut facilement comprendre. Ainsi, comme l’explique le syndicat «ver.di», il s’agit d’augmenter les salaires des éducateurs (qui se situent actuellement entre 2366 et 3732 € brut) à 2589 à 3962 €. En vue du travail fourni par le staff éducatif, cette révendication paraît tout à fait justifiée.
Si certaines villes, comme Stuttgart, mettent en place des centres d’accueil de secours, cela ne suffit pas – les places ne sont pas assez nombreuses. Et la loi est formelle – les parents n’ont pas le droit d’emmener leurs enfants sur le lieu du travail.–Ce qui nécessite l’activation de la belle-mère, l’organisation privée avec d’autres parents, des horaires pas possibles et du stress.
Toutefois, les parents, premiers concernés, montre beaucoup de compréhension pour les éducateurs – ce sont les parents qui connaissent le mieux le travail, l’engagement et la responsabilité des éducateurs à qui on confie ce que l’on a de plus précieux – les petits enfants.
La multiplication des mouvements sociaux en Allemagne laisse paraître le «modèle allemand» sous un autre angle. S’il est vrai que le secteur financier s’en est bien tiré des dernières crises, en se faisant une santé sur le dos des peuples les plus pauvres en Europe, ce soi-disant «succès» est aussi payé par les professions à faibles revenus. Il ne faut pas oublier que 16 millions d’Allemands sont menacés par la pauvreté (dont 6 millions d’enfants) – et les injustices sociales commencent par se manifester par ces grèves à répétition. La seule chose que le gouvernement CDUSPD trouve à proposer, c’est de couper l’herbe sous les pieds des syndicats – ce qui n’arrangera rien. Plus tôt ou plus tard, l’Allemagne, elle aussi, devra se rendre à l’évidence : l’époque où on pouvait se permettre de mener une politique favorisant uniquement les grandes fortunes au détriment des «petites mains», est révolue. Et si les partis dits «populaires» ne changent pas rapidement leur attitude vis-à-vis des citoyens, ils ne seront plus «populaires» pour bien longtemps…
Kommentar hinterlassen