Les héros de la résistance allemande

L’attentat du 20 juillet 1944 sur la personne d’Adolf Hitler est toujours commémoré par les Allemands. Mais est-ce que les « héros de la résistance » n’étaient pas en même temps des piliers du système nazi ?

Incroyable qu'Adolf Hitler ait pu survivre cet attentat à la bombe... Foto: Bundesarchiv / Bild 146-1969-071A-03 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Tous les ans, le 20 juillet, l’Allemagne commémore l’attentat sur Adolf Hitler, commis par le lieutenant-colonel Claus von Stauffenberg au QG du « Führer » à la « Wolfsschanze ». Mais la bombe placée par Claus von Stauffenberg dans la salle de réunion, loupe Adolf Hitler qui s’en sort avec quelques blessures légères. La bombe tue trois participants à la réunion, blessant une vingtaine de hauts dignitaires nazis. L’opération « Walkyrie », déclenchée par les conjurés de cet attentat à Berlin et visant la prise du contrôle de l’administration berlinoise, échoue. Par la suite, le « Volksgerichtshof » condamnera de centaines de personnes à la peine capitale. Le putsch est avorté, Hitler revient à Berlin, les conjurés sont exécutés et – l’Allemagne tient ses « résistants ». Mais qui étaient ces résistants ?

La tentative de putsch du 20 juillet 1944 marque la naissance de la « Realpolitik » allemande. Car les acteurs, de hauts responsables militaires ainsi que des responsables politiques, n’agissaient pas par résistance contre le système nazi qu’ils avaient porté jusqu’en 1944, mais sur fond d’une guerre déjà perdue à ce moment-là. L’objectif de ce groupe était d’arrêter une guerre que l’Allemagne ne pouvait plus gagner, pour sauver la vie de centaines, des millions de soldats. Si en 1944, la situation militaire avait été favorable à l’Allemagne nazie, il est fort probable que cet attentat n’aurait pas eu lieu. Résistance ?

Les motifs de cet attentat étaient nobles – les conjurés voulaient arrêter une guerre perdue. Ils voulaient sauver des vies. Mais ces mêmes responsables avaient, pendant toute la durée du régime nazi, participé aux atrocités commises par ce système, sans jamais élever la voix, sans jamais remettre en question la doctrine meurtrière des nazis. Si, comme beaucoup de militaires, les conjurés du groupe Stauffenberg n’étaient pas des nazis convaincus, ils étaient tout de même des représentants d’une armée qui pendant 5 ans, avait commis les pires des crimes contre l’humanité que le monde ait connus. Il est donc difficile de classer le groupe Stauffenberg dans la catégorie des « résistants » comme les frères et sœurs Scholl ou Georg Elser qui eux, s’étaient insurgés contre la personne d’Adolf Hitler et le régime nazi.

Claus von Stauffenberg et ses conjurés auraient pu sauver des centaines de milliers de vie s’ils avaient réussi cet attentat et le coup d’Etat qui devrait être réalisé par le plan « Walkyrie ». Leur plan prévoyait de prendre le contrôle des bâtiments et services clés à la capitale Berlin, mais la transmission du déclenchement de « Walkyrie » ne fonctionnait pas ; et le temps que Stauffenberg arrivait à Berlin, la nouvelle que le « Führer » avait survécu circulait déjà. Une bonne partie des conjurés tentait alors de se distancier de ce groupe, empêchant ainsi la mise en œuvre du plan « Walkyrie » et quelques heures après l’attentat, les principaux conjurés furent déjà exécutés dans la cour du bâtiment Bendler à Berlin.

A l’instar de la « purge » opérée par le président turc contre son opposition, Hitler profita de l’occasion pour éliminer toute personne suspecte dans l’appareil nazi. Le « Volksgerichtshof », présidé par le terrible Roland Freisler, prononça des centaines de condamnations à mort.

Et s’ils avaient réussi ? Le plan des conjurés n’était pas anodin. Ils prévoyaient de proposer une paix partielle à l’Angleterre pour se liguer contre la Russie, ce qui prouve que dans leurs têtes, la guerre continuait. Ils voulaient seulement changer la configuration de cette guerre, mais encore et toujours sur le fond de cette idéologie qui plaçait les Allemands au-dessus d’ « Untermenschen » comme les Russes. Une drôle de résistance…

Toutefois, il convient de se souvenir que dans l’Allemagne nazie, il n’y avait pas que des nazis. Mais la résistance contre Hitler était beaucoup moins importante qu’on veut nous faire croire aujourd’hui. Et il convient aussi de se souvenir que cette « résistance » ne s’opposait pas aux crimes et à l’idéologie barbare des nazis, mais qu’elle visait exclusivement la fin d’une guerre déjà perdue. Ils étaient courageux, les conjurés du groupe Stauffenberg, mais ils n’étaient pas des héros de la résistance. Après 5 ans de tentative d’imposer le joug nazi dans le monde entier, ils avaient tout simplement compris qu’ils avaient échoué, et ils voulaient limiter les dégâts. C’est honorable. Sans plus.

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