Les Houthi s’attaquent au monde occidental

Les rebelles Houthi au Yémen s'attaquent aux navires qui doivent passer au détroit entre la Mer Rouge et la Corne d'Afrique. Plusieurs armateurs évitent maintenant ce passage.

Le USS Carney neutralise des roquettes lancées par les rebelles Houthi. Foto: U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd class Aaron Lau / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Les rebelles Houthi au Yémen causent d’énormes problèmes à l’économie mondiale. En s’attaquant aux navires qui doivent passer par la Mer Rouge et donc, le Canal de Suez, et la Corne d’Afrique, ils obligent les armateurs à dévier leurs navires par le Cap de Bonne-Espérance et l’Afrique du Sud, ce qui rend le transport beaucoup plus long et onéreux. De plus, ces rebelles chiites soutenus ou même télécommandés par l’Iran, vont à l’abordage des navires qui tentent quand même le passage, créant une situation hautement explosive. Mais qui sont ces rebelles Houthi ?

Les Houthi sont des membres d’un clan du même nom originaire du nord-ouest du Yémen qui dirigeait cette région jusqu’aux années 60. Très religieux, ils sont chiites, ou plus précisément des zaïdites, qui avaient été opprimés par la majorité sunnite au pays. Le clan des Houthi, sous son leader Hussein Badreddin al-Huthi, s’est livré depuis 2014, à une guerre civile sanglante avec la majorité sunnite au pays. Sur le terrain, il s’agit d’une guerre de substitution entre l’Iran chiite, qui soutient les Houthi avec des armes et de l’argent d’un côté et de l’autre côté, l’Arabie-Saoudite sunnite, qui soutient le gouvernement du Yémen. Cette confrontation chiite-sunnite n’est pas nouvelle, mais le rôle des Houthi a radicalement changé depuis les attaques du Hamas sur Israël le 7 octobre dernier.

Pour les Houthi, la présence de l’état d’Israël sur des terres qu’ils considèrent comme des terres arabes et musulmanes, est inacceptable. C’est pour cela qu’ils s’immiscent dans le conflit israélo-palestinien, en lançant des roquettes sur Israël et en s’attaquant aux navires qui passent devant la côté yéménite. Puisque ces attaques perturbent très fortement le flux de marchandises entre les différentes régions du monde, une coalition formée par les Etats-Unis, la Grande Bretagne, les Pays-Bas, le Canada, le Bahreïn et soutenue par d’autres pays comme la France et l’Allemagne, riposte désormais contre les structures des Huthi qui eux, ne semblent pas craindre la réponse occidentale.

Ces rebelles qui ont, depuis de longues années, l’habitude de combattre des forces armées qui leur sont numériquement et logistiquement supérieures, ne craignent rien et personne et une escalade dans la région est à prévoir. Ces fanatiques religieux ne se laisseront pas impressionner par les attaques aériennes et ont déjà formulé des menaces à l’encontre des Etats-Unis et des pays qui font partie de ou qui soutiennent cette coalition dont le but est de rétablir un passage naval sûr par ce détroit qui est en grande partie contrôlé par les rebelles.

Animés aussi par une haine de l’Occident, ils ont réussi à ce que la guerre civile au Yémen opposant dans les faits, l’Iran et l’Arabie Saoudite, soit momentanément suspendue, car actuellement, le monde arabe combat Israël. La région de la Corne d’Afrique avec le détroit qui marque l’entrée dans la Mer Rouge (et de là, l’acheminement vers le Canal de Suez), risque d’être la prochaine scène de guerre et les événements des derniers jours et semaines montrent que cette guerre a déjà commencé.

Plusieurs grands armateurs refusent désormais de laisser passer leurs navires par ce détroit, craignant à juste titre des attaques par roquettes, mais également des abordages par ces rebelles que l’on pourrait également qualifier de terroristes. Ceci engendre donc des détours par le Cap de Bonne-Espérance et le contournement de tout le continent africain, ce qui se traduit par des durées des transports sensiblement augmentées et une hausse spectaculaire des tarifs du fret naval. Ce qui, bien entendu, engendre la rupture de chaînes d’approvisionnement (plusieurs constructeurs automobiles en Europe ont déjà suspendu la production par manque de pièces en provenance de l’Asie) et in fine, une augmentation des prix de nombreuses marchandises. Ainsi, les consommateurs occidentaux payent également le prix pour les attaques des Houthi.

Les seuls qui pourraient raisonner les Houthi sont les Iraniens qui eux, n’ont pas la moindre intention de le faire. Au contraire – le fait que les Houthi sèment la zizanie au sud de la péninsule arabe, arrange tous ceux qui veulent anéantir l’état d’Israël. Le fait que les actes terroristes devant la côte yéménite occupent la marine de plusieurs états occidentaux, les tient éloignées des côtes méditerranéennes et donc des hostilités à Gaza et en Israël.

Mais s’engager ouvertement dans un conflit international avec les Houthi, n’est pas sans danger et pourrait se terminer comme en Afghanistan où les armées occidentales (et russes) ont essuyé de lourdes défaites contre des combattants extrêmement mobiles, déterminés et disposant d’une parfaite connaissance du terrain et des conditions sur place.

On verra déjà ces prochains jours comment évolue la riposte de cette coalition occidentale face aux rebelles qui n’entendent pas cesser leurs attaques sur les navires internationaux qui passent par là. Force est de constater que les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, ont remué toute la région et les affrontements se répandent de plus en plus. Et à La Haye, on demande à Israël de cesser les actions militaires contre le Hamas à Gaza, contre le Hisbollah au sud du Liban et contre les Houthi au Yémen ?

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