Les incidents de Cologne inquiètent l’Allemagne

Pendant la nuit de la Saint Sylvestre, des groupes d’hommes ont massivement molesté des femmes à Cologne et Hambourg. La police et la politique ne savent pas très bien comment réagir.

Cologne - aujourd'hui, plus rien ne fait penser aux horreurs que de nombreuses femmes ont vécues ici même la nuit de la Saint Sylvestre. Foto: Jeremy Burgin / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Elles sont nombreuses à ne pas oublier la nuit de la Saint Sylvestre à Cologne (et à Hambourg). Près de la cathédrale de Cologne, un millier (!) de jeunes hommes «d’origine arabe ou nord-africaine», la plupart d’entre eux en état d’ébriété, se sont rués sur les femmes qui y passaient, pour les molester et les voler. Face à l’ampleur des incidents, mais aussi en vue de la suspicion générale qui s’abat actuellement sur «les réfugiés», l’Allemagne cherche à comprendre ce qui s’est passé. Et surtout, comment empêcher ce genre d’incident à l’avenir.

Quelle horreur – de nombreuses victimes des incidents de Cologne ont fourni des témoignages qui se ressemblent. Encerclées pas des douzaines, des centaines de jeunes hommes, elles se sont fait toucher («il y avait des mains partout»), insulter, menacer et dans de nombreux cas, voler leurs téléphones et argent. Le tout dans l’obscurité de la nuit, pendant que la police tentait en vain d’évacuer la place devant la cathédrale, mais «face au nombre de personnes présentes, on n’avait aucune chance».

Si le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière a immédiatement mis en garde contre une suspicion générale contre les réfugiés (rien ne prouve pour l’instant que des réfugiés aient participé à ces actes criminels), les incidents versent de l’huile dans le feu de l’extrême-droite xénophobe. La police, elle, se voit dans l’impossibilité de poursuivre les criminels. Il faisait nuit, les attaques se sont passées de manière très rapide, et même les images vidéo de la place de la cathédrale ne permettent pas d’identifier les auteurs des actes. «Je crains que nous ne pourrions traduire les auteurs devant la justice», a déploré un porte-parole de la police de Cologne.

Le lendemain, la maire de Cologne, Henriette Rekers (SE), avait de bons conseils à donner : «Il est toujours possible pour les femmes de garder une certaine distance par rapport aux hommes», a-t-elle dit, suscitant de vives réactions de la part de celles qui étaient sur place et qui se sont débattues pour ne pas se faire violer par cette foule d’hommes déchainés. Sur les réseaux sociaux, on s’étonnait des «conseils» de Rekers : «Ce n’est pas aux femmes de prendre des précautions, mais la responsabilité incombe exclusivement aux criminels», pouvait-on lire.

Puisque les mêmes incidents avaient lieu aussi à Hambourg, des experts de la police se demandent s’il s’agit d’un nouveau phénomène organisé. Même son de cloche chez le garde des sceaux fédéral Heiko Maas (SPD) : «J’aimerais que nous nous penchions sur la question si ces incidents avaient été organisés».

Le seul moyen pour éviter que l’extrême-droite puisse exploiter ces incidents pour stimuler encore davantage la peur et la haine «des étrangers» en Allemagne, c’est de mettre la main sur les auteurs et de les punir avec toute la force qu’offre la loi. Mais tant que l’identification des auteurs reste impossible – toutes les théories sont pensables. On verra la semaine prochaine, lors des habituelles manifestations de la «Pegida», si ces incidents aggraveront encore la situation des réfugiés en Allemagne.

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