Les intérêts négatifs
Plus de 380 banques allemandes pratiquent des « intérêts négatifs ». Comprendre : au lieu de payer des intérêts sur des avoirs des clients, les banques en encaissent.
En Allemagne, l'épargne n'est plus ce qu'elle était... Foto: 4028mdk09 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0
(KL) – Le grand auteur allemand Bertolt Brecht posait déjà la question : « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? » De nombreux épargnants allemands se posent la même question – leur banque leur demande des « intérêts négatifs » pour les avoirs sur leurs comptes.
Actuellement, les banques allemandes font ce qu’elles veulent. Les épargnants qui disposent de 50.000€ et plus sur un compte bancaire, doivent maintenant payer des intérêts à la banque, appelés « prime de garde ». Selon la banque, ce « taux négatif » varie entre 0,5% et 1,0% de la somme qui dépasse un montant exonéré qui lui, se situe chez la plupart des banques, à 50.000€. Ceci dit, plusieurs banques pratiquent aussi d’autres montants exonérés, par exemple 25.000€ et d’autres demandent ce « taux négatif » déjà à partir d’un avoir d’un euro.
Généralement, ce « taux négatif » s’applique aux nouveaux clients qui souhaitent ouvrir un compte et à qui on demande de signer une convention qui autorise la banque à pratiquer ces taux. Les clients existants doivent accepter cette nouvelle règle, mais en cas de refus, la banque est libre de terminer la relation avec le client réfractaire.
La raison pour cette nouvelle politique bancaire est simple – puisque le taux d’intérêt fixé par la Banque Centrale est ridiculement bas pour faciliter des investissements et relancer la conjoncture, les banques ne gagnent plus beaucoup avec les crédits qu’elles accordent. Donc, elles se servent chez les clients qui disposent de l’argent sur leurs comptes.
Est-ce que c’est un modèle qui a de l’avenir ? Pour les clients, il est actuellement plus avantageux de cacher leur argent sous le matelas, au lieu de le laisser dans une banque. Pourtant, les banques travaillent avec l’argent qui leur est confié. Mais le secteur du « Investment Banking » ne semble plus suffire aux banques qui avaient l’habitude de gagner beaucoup plus. Mais faire payer les clients pour qu’ils déposent leur argent chez eux ?
Le phénomène s’est généralisé. Si aujourd’hui, 380 banques pratiquent déjà le « taux négatif », il est fort à craindre qu’un client qui quitte une banque, aura du mal à en trouver une autre sans signer son accord de subir ce « taux négatif ».
Le but général de ce « taux négatif » est d’inciter les gens de dépenser leur argent au lieu de le laisser « dormir » sur un compte. Ainsi, on espère relancer la conjoncture en augmentant la circulation de l’argent. Considérant que l’épargne a atteint un niveau record en Allemagne avec des avoirs de 1,73 billions d’euros, la politique aimerait bien en injecter une bonne partie dans la relance de la conjoncture.
La grande question : est-ce que les épargnants regarderont les bras croisés, leur épargne fondre pour les bénéfices des banques ?
bonjour, votre article est tres interressant et detaille cependant j aurais voulu comprendre de maniere plus resume pour quelles raisons on observe des taux d interets negatifs? mais egalement, si les taux d interets pratique par la BCE sont bas, est ce que cela est favorable aux agents economiques (entreprises, banques, etats et menages) si je comprend bien, deux de ses agents serait avantages et deux autre ne le serait pas?