Les jeunes et la crise du COVID-19

Aude Heidelberger-Nguyen sur la situation pandémique actuelle et l’impact sur la vie des jeunes.

Photo prise il y a à peine 18 mois - une image aujourd'hui impensable... Foto: Ipho19 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Aude Heidelberger-Nguyen) – « Envolée l’année d’étude dont vous rêviez, les expériences que vous imaginiez, les amitiés et les amours que vous espériez. Obscurci votre avenir qui, déjà incertain, est devenu un épais brouillard. ». Voilà la réponse donnée par Emmanuel Macron à Heïdi Soupault, jeune étudiante strasbourgeoise, qui lui a adressé une lettre pour l’alerter sur la situation des jeunes durant cette crise sanitaire. Depuis presque un an, le COVID-19 a bouleversé notre quotidien et a particulièrement touché les personnes les plus âgées. Mais depuis plusieurs jours, les jeunes et surtout les étudiants, alertent eux aussi sur leur souffrance. Jusque-là, les institutions avaient priorisé les seniors et segmenté les mesures face aux urgences. Mais désormais, il est temps de se poser cette question : comment la jeune génération vit-elle cette crise sanitaire ?

Pour répondre en partie à cette question, nous avons sondé une trentaine de jeunes entre 20 et 30 ans. 63% des personnes sont des étudiants, 16% des jeunes travailleurs et 13% en recherche d’emploi.

Des confinements vécus différemment – Le premier confinement (mars à juin 2020) s’est mieux passé que le second. 36% des sondé.es déclarent l’avoir vécu « plutôt bien », 23% « moyennement » et « très bien », et 16% « plutôt mal ». Plusieurs raisons ressortent face à ce ressenti : certaines personnes bénéficient d’une situation professionnelle et personnelle stable, d’autres ont vu cela comme une occasion de passer du temps avec leurs proches et de se recentrer sur eux-mêmes (prendre du temps pour soi par exemple). Certains l’ont même perçu comme sécurisant par rapport à la pandémie. Personne ne se doutait que cette situation allait autant durer.

Le ressenti du second confinement (novembre à décembre 2020) est plus mitigé : 36% des personnes l’ont vécu « moyennement », contre 26% « plutôt bien ». Seul 20% des personnes déclarent avoir « très bien » vécu la situation. Ce second confinement intervient quatre mois après le premier et durant ce laps de temps, les jeunes ont vu l’évolution de la situation : manque de travail, peu de cours en présentiel pour certains, situation professionnelle ou personnelle qui s’est dégradée. L’ennui, l’anxiété, le manque d’interactions sociales (que ce soit dans les lieux de sociabilité ou entre les personnes) et les problèmes de logements ont pris le dessus sur les points positifs. Les 26% d’entre eux ayant une meilleure vision évoquent un changement d’environnement social bénéfique, ou le fait que les enfants pouvaient aller à l’école.

Des réponses gouvernementales insuffisantes face aux problématiques de la crise sanitaire – Pour la majorité des sondé.es, les mesures du gouvernement français sont insuffisantes. Beaucoup estiment que les leaders politiques ont géré la situation de crise avec des mesures incohérentes et incomplètes, difficiles à suivre. Pour preuve, rien ne s’améliore, ni du côté sanitaire ni du côté économique. L’ampleur de l’épidémie a été négligée et le gouvernement se discrédite avec un manque de franchise et de poigne. Pourtant, d’autres restent conciliant avec celui-ci : la situation est inédite et eux-mêmes ne se voient pas faire mieux.

La prise en compte des jeunes dans la situation globale est là aussi contestée. Une partie des personnes acceptent de moins en moins la privation de certaines choses. Cette remarque est rejointe par un sentiment de mise à l’écart au profit d’autres individus. Il y a un grand manque de réponse face aux problèmes connus comme la précarité étudiante, le marché du travail français saturé : les jeunes savent déjà que leur avenir ne sera pas facile, mais la crise sanitaire n’a fait qu’empirer cette vision. De plus, il y a le sentiment que le gouvernement préfère sauver les apparences plutôt que de faire ce qui est nécessaire.

Une vision de l’avenir mitigée ? – Les catégories socio-professionnelles ne sont pas à négliger dans ce vécu, bien sûr, ceux ayant une situation déjà stable sont moins impactés. La crise a renforcé les plus forts et affaibli les plus faibles. En plus de ce constat, certaines études ont prouvé que contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les plus âgés qui souffrent le plus des confinements et de la pandémie, mais bien les plus jeunes : ils sont nombreux à présenter des troubles allant de l’anxiété à la dépression. Pourtant, il ne faut pas négliger la solitude et le manque de contact social chez les personnes âgées, le premier confinement a été plus que révélateur de cet état de fait.

36% des personnes voient leur avenir comme « moyen » ou « positif » contre 13% comme « très positif » ou « plutôt mal ». Les opinions sont donc très partagées mais laissent percer un peu d’optimisme. Plusieurs interprétations se dessinent ici : chaque situation est très particulière, personne n’a la même stabilité personnellement et professionnellement parlant. Certains ont la chance d’avoir déjà un travail et de le garder, d’autres l’ont perdu et peinent à en retrouver. Face à une crise qui amplifie tous les problèmes que les jeunes rencontrent, certains ne se font pas d’illusions. Pourtant l’espoir de jours meilleurs n’est pas perdu.

Une chose reste certaine, il va falloir se battre pour (re-)trouver une vie plus douce après cette pandémie. Même si l’avenir semble incertain, il ne faut pour autant pas arrêter d’entreprendre des projets, de rêver, de se projeter. C’est cette capacité de résilience qui est notre meilleure arme à nous, la génération de maintenant et de demain.

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