Les jeux-vidéo comme thérapie

Facilement décrié par le public, les jeux vidéo sont directement associés à la violence. En réalité, ils se trouvent être bénéfiques pour le bien-être. En effet, de nombreuses études ont prouvé que les jeux vidéo font l’objet d’effets thérapeutiques remarquables.

Le champ d'utilisation des jeux vidéo dans le domaine médical se multiplient. Foto: Yves Tennevin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Anthony Branstett) – Tandis qu’en juin 2019, l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé, a officiellement reconnu l’addiction aux jeux-vidéo comme une maladie. Pourtant, il ne faut pas obligatoirement avoir une image négative des jeux vidéo. Effectivement, toute addiction est mauvaise pour la santé, mais cela ne signifie pas que les jeux-vidéo soient forcément mauvais pour la santé. Les médecins, psychologues et thérapeutes sont nombreux à prescrire les jeux-vidéo comme un outil thérapeutique. De plus, ils ont déjà fait leur preuve.

Les jeux vidéo permettent de dédramatiser la maladie, de l’expliquer/la faire comprendre au patient et ainsi, de lui apprendre comment mieux la gérer. Grâce à son interactivité, le jeu vidéo est un outil thérapeutique efficace, puisqu’il met le patient au centre de l’action. Une entreprise polonaise, « Harimata », a créé une application pour tablette, « Playcare », permettant de détecter de manière précoce les troubles du développement et du comportement chez les enfants de 3 à 6 ans. Les résultats sont impressionnants : 89% de chance que la maladie soit détectée quand le sujet en est atteint, et 88% de chance qu’elle ne soit pas détectée lorsque le sujet n’en est pas atteint. Une avancée qui permettra aux professionnels de santé de traiter plus efficacement la maladie.

A travers un personnage virtuel, le patient peut se projeter et se lancer dans un mécanisme d’identification et de contre-identification. « Ico » est un jeu à travers lequel le patient peut s’identifier aux personnages par leur symbolique, dans un univers proche du sien, dans lequel il pourra s’exprimer, soit par des mots, soit par des actions. Le jeu vidéo permet une décharge émotionnelle cathartique. « Tetris » est un autre exemple : il permet de réduire les flashbacks d’un événement traumatique. Pour les troubles de l’apprentissage, de courtes sessions de « puzzle game », des jeux vidéo de réflexion, augmenteraient leurs performances et leur concentration dans des tâches difficiles à cause de l’attention requise.

Toutes ces utilisations du jeu vidéo contribuent au phénomène des « Serious Games » : s’approprier les jeux vidéo dans un but pédagogique, voire médical. Des simulations, ainsi que des mises en situations particulières sont effectuées pour affronter différents pans psychologiques, comme la peur de l’avion, grâce à des simulateurs de vol.

En 2017, l’Université Edge Hill et l’Université de York ont mené une étude sur 700 joueurs de « MMO », des jeux en ligne massivement multi-joueurs. Cette étude comprenait des joueurs occasionnels, jouant 1h par semaine, ainsi que des joueurs consacrant jusqu’à 30h par semaine. Le résultat était sans appel : les joueurs de MMO étaient plus libérés et se sociabilisaient plus facilement, et il s’agit donc d’un excellent outil contre l’isolement. Une autre étude démontrait que les filles âgées de 11 à 16 ans jouant aux jeux vidéo avec leurs parents, avaient un meilleur comportement, une meilleure santé mentale et de meilleures relations familiales.

Les jeux vidéo sont donc un pilier solide pour le développement de compétences sociales. Lutter contre la dépression et l’anxiété grâce à « Spark », un jeu développé par des psychiatres en Nouvelle Zélande, dans lequel un jeune se retrouve dans un monde imaginaire qu’il doit sauver du désespoir. Une étude démontre que les joueurs de Spark ont un meilleur taux de rémission. Des étudiants d’ISART ont développé « Palaka », un jeu vidéo pour les personnes souffrantes d’un trouble du spectre de l’autisme qui a fait ses preuves lors de tests.

Comme cela pourrait en surprendre plus d’un, les personnes âgées sont également bénéficiaires des bienfaits des jeux vidéo. Des licences comme « GTA » se trouvent être très avantageuses lorsque les personnes âgées y jouent régulièrement. Elles leurs permettent d’avoir un meilleur fonctionnement cognitif que ceux n’y jouant pas. Parmi les maladies les plus courantes et les plus connues auprès des personnes âgées, Parkinson et Alzheimer. « Toap Run » est un jeu vidéo pour les parkinsoniens, puisqu’il nécessite principalement de faire des mouvements amples, constituant un facteur important pour retrouver une motricité efficiente. Comme dans la pratique de tous les jeux vidéo, Toap Run permet aussi la production de dopamine, un composé chimique secrété par l’organisme fabriquant de l’adrénaline. La matière grise est un marqueur significatif concernant l’apparition de maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer. L’apparition de ces maladies sont moindres pour les adeptes de jeux vidéo, notamment des jeux de plate-forme.

De nombreux jeux vidéo ont été spécialement développés avec un objectif thérapeutique dont « Depression Quest » qui montre pour les personnes souffrantes de dépression, qu’elles ne sont pas seules, et qui aide les personnes non-atteintes, de comprendre la maladie. « Gris » permet au joueur d’affronter un traumatisme dans la peau d’une petite fille. « Sea of Solitude » aide à s’ouvrir au monde et à lutter contre ses démons.

Donc, l’évaluation du monde des jeux vidéo doit être nuancé et il importe de tenir compte aussi de ces bienfaits thérapeutiques offerts par ces jeux.

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