Les jours d’après : quand l’économie revient au galop !

Est-ce que l'économie réagira comme les citoyens après les attentats de Paris ? Alain Howiller se pose la question.

Est-ce que l'économie pourra réagir comme les citoyens ? Avec courage et un esprit de ne pas se laisser faire ? Foto: Bastien Sens-Meyé / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Quand l’horreur frappe en lettres de sang, la sidération s’installe et l’avenir semble se ternir. Pourtant, il y aura -il doit y avoir- un «après», même si cet «après» ne ressemblera pas tout à fait au «jour d’avant». Il est utopique de chanter comme Chimène Badi, accompagnant le film-catatastrophe «Le jour d’après» : «J’ai rêvé d’être encore avant le jour d’après !» Utopique, car il faut poursuivre son chemin et bâtir des lendemains meilleurs. C’est la leçon qu’a donné le sommet du G20, réuni à Antalya, en Turquie. Tout en marquant leur solidarité avec Paris et en condamnant l’attentat meurtrier qui a endeuillé la France, les pays membres du G20 se sont donné comme objectif de faire progresser leur PIB de 2,1% d’ici à 2018.

Tout en étant conscients de l’impact que les attentats pourraient avoir sur leurs ambitions économiques et pour «booster» une économie mondiale à la peine (le Japon, ne vient-il pas de retrouver la récession ?), les membres du G20 ont donc décidé d’investir 2.000 milliards de dollars dans leurs économies dans l’espoir de créer des millions d’emplois à travers le monde. Ces sommes viennent compléter le plan Juncker, le Président de la Commission de Bruxelles, qui prévoit d’investir 300 milliards d’euros dans l’économie de l’Union Européenne.

Le léger mieux de l’économie française ! – La lutte pour l’emploi est une autre façon de combattre le terrorisme que nourrissent le chômage, la pauvreté et l’apartheid que condamnait, récemment encore, le Premier Ministre français. L’attentat de Paris a tracé son sillon assassin, le jour même où la Banque de France confirmait le léger mieux noté dans l’économie française : le PIB avait progressé au troisième trimestre de 0,3%, alors que la progression avait été nulle au deuxième trimestre. On s’attend à une progression de 0,4% au dernier trimestre de 2015, ce qui devrait permettre, selon l’OCDE, d’atteindre +1,1% de progression sur l’année, en attendant 1,3% en 2016 et 1,6% e n 2017, ce qui pourrait annoncer pour les deux prochaines années, une régression (modeste) du chômage, grâce à la création d’emplois.

Ces prévisions se concrétiseront-elles ? Ou les attentats viendront-ils impacter l’espoir de redressement qu’annonçaient une légère remontée du moral des Français, la modeste baisse du chômage enregistré en septembre et les sondages qui annonçaient que les Français allaient dépenser davantage qu’en 2014 pour leurs cadeaux de Noël !

L’Allemagne au «top» pour l’emploi ! – Ces espoirs pourraient-être confirmés par les données concernant la croissance dans les pays de l’Union Européenne. Selon EUROSTAT, l’office statistique de l’Union, le PIB de l’Allemagne avait progressé de 0,3% au troisième trimestre 2015 (mais la progression avait été de 0,4% au trimestre précédent), de 0,2% en Italie et de 0,8% en Espagne. Selon l’OCDE, la croissance du PIB de L’Union Européenne pourrait être de 1,5% pour l’ensemble de l’année, de 1,8% en 2016 et de 1,9% en 2017.

Malgré un léger tassement, la situation allemande devrait, malgré un taux de chômage de 6%, bénéficier de résultats positifs : jamais, depuis la réunification, la situation du marché du travail n’a été aussi favorable. Et ‘Allemagne compte aujourd’hui 43,2 millions d’actifs (+343.000 par rapport à 2014). (voir eurojournalist.eu du 4.11 pour les chiffres du chômage dans le Rhin Supérieur).

La conjoncture en Alsace. – La situation favorable des régions du Rhin Supérieur ne peut bénéficier au marché du travail en Alsace où, selon l’analyse de conjoncture publiée le… 13 Novembre par la Direction Régionale de Strasbourg de la Banque de France : «La production industrielle apparaît stable en Octobre et la demande ne progresse plus. Les carnets restent proches de la normale et les stocks sont conformes aux besoins du moment. Dans les services, l’activité et la demande enregistrent de nouveaux progrès. La production industrielle et l’activité dans les services s’étofferaient au cours des prochaines semaines…».

«Pour l’industrie alsacienne», poursuit l’analyse de la Banque, «l’indicateur du climat des affaires recule de 99 en Septembre à 98 en Octobre. Pour la France, cet indicateur progresse de 98 en Septembre à 99 en Octobre. Dans les services, l’indicateur du climat des affaires, en Alsace, a progressé et s’établit à 107 en Octobre contre 106 en Septembre : pour la France, cet indicateur passe de 97 à 98».

Rien de bien réjouissant, somme toute, mais de l’espoir tout de même : le léger mieux enregistré est, malheureusement, entré dans une zone de turbulence et de doute, nourrie par les attentats. La faible répercussion, aux séances d’ouverture après le week-end, de ces derniers sur les cours de la bourse, laissent-elle espérer que l’économie, à l’image du citoyen-consommateur, «n’aura même pas peur ?»

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