Les «laissés-pour-compte» du «modèle allemand»

L’Allemagne se plaît à se comporter comme le modèle européen du succès économique. Mais ce «succès» a un prix.

Laissser les vieux à leur destin est une honte pour toute société qui se dit civilisée. Foto: Tomas Castelazo / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – C’est pendant cette période de Noël qu’on pense parfois à ceux qui sont moins bien lotis que nous-mêmes. L’Allemagne ne fait pas d’exception dans ce domaine et – on découvre avec stupeur que le «succès» de l’économie allemande ne touche pas tout le monde. Malgré des chiffres records du marché de l’emploi, différents groupes de la population allemande souffrent, en premier lieu les vieux. Ainsi, le nombre de bénéficiaires du tristement célèbre «Hartz IV» (l’aide sociale assurant le minimum de survie) dans le groupe des 55+ ans ne cesse d’augmenter.

Depuis 2010, le nombre de bénéficiaires du «Hartz IV» au augmenté de 24%, pour atteindre aujourd’hui 318000 personnes – sans compter ceux que l’on sort des statistiques, comme les chercheurs d’emploi de plus de 58 ans qui n’ont pas obtenu de proposition d’emploi depuis plus d’un an. Ces personnes, du nombre de 163000, ce sont plus comptabilisées dans les statistiques du chômage et sont ainsi condamnées à passer le reste de leur vie dans une précarité absolue.

Le «Hartz IV» sera augmenté en 2016 à 404 € par mois (plus le loyer et l’assurance maladie minimale qui sont pris en charge directement par l’administration) – mais cette somme suffit tout juste pour ne pas mourir de faim. Téléphone, Internet, déplacements dans les transports en commun, nourriture, habits, culture – avec 404 € par mois, difficile de faire face au coût de la vie.

Mais «les vieux» constituent un groupe qui ne se rebiffe pas. Au contraire, de nombreuses personnes concernées éprouvent un sentiment de honte, d’échec, dans une société qui mise tout sur le succès social. Donc, les personnes concernées font profil bas, cessent de participer à la vie de la société et attendent la fin de leur vie.

Une société qui n’arrive pas à s’occuper correctement de ses vieux, est une société en échec. Dans toutes les civilisations du monde, on réservait une place particulière à ceux qui avaient consacré leur vie au travail, au bon fonctionnement de la société et qui méritent donc, une fin de vie digne et sans peur.

Mais il semble à ce que cette situation ne changera plus. Sabine Zimmermann, porte-parole de DIE LINKE pour le marché de l’emploi, constate amèrement : «Même en phase de reprise de la conjoncture, les chances pour les chômeurs de longue durée et âgés ne se sont pas améliorées, mais amoindries». Par conséquent, elle demande à ce que la mise en retraite obligatoire pour les chercheurs d’emploi de plus de 63 ans soit abolie, pour permettre aux personnes concernées de garder une chance de pouvoir reprendre un travail, ne serait-ce qu’à temps partiel. De plus, elle demande à ce que les chômeurs de longue date de plus de 58 ans ne soient plus enlevés des statistiques du chômage – une mesure qui les condamne à tout jamais au «Hartz IV».

Mais il reste le constat que le «succès» de l’économie allemande par temps de crise, est, du moins en partie, payé par les plus faibles membres de la société. Ce qui est assez honteux.

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