Les manques qui freinent déjà la reprise économique !…

Alain Howiller sur les chiffres actuels de la conjoncture. Concernant la relance, de nombreuses questions persistent... mais l'espoir reste de mise !

Bon, les perspectives sont encourageantes, mais rien n'est encore joué... Foto: Poyolara / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Qui l’eut cru, il y a quelques semaines encore ? Les chefs d’entreprises -français ou allemands- se plaignaient moins du manque de matières premières (du bois, du lithium jusqu’à… l’aluminium !), de la pénurie de semi-conducteurs, des retards dans les livraisons (faute de conteneurs ou de camions), des difficultés de recrutement que du virus de la Covid-19. Peut-être, d’ailleurs, a-t-on tort d’enterrer ce dernier un peu vite ! Aujourd’hui, les soucis se sont déplacés : ils pèsent en particulier sur la croissance allemande qui souffre, en plus, des perspectives imprécises du nouveau gouvernement et de sa politique !

En France, la dernière analyse publiée par la Banque de France (BdF) relève que « Les difficultés d’approvisionnement se sont accrues en Septembre : elles ont pénalisé l’activité de 56% des entreprises de l’industrie (contre 51% en août) et de 62% (contre 61%) des entreprises du bâtiment… La part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement atteint 53% (50% en août). »

Quand la croissance allemande patine. – Malgré cela, alors que la croissance allemande patine (+2,5% cette année, selon l’Institut de recherche sur l’Economie-IFO de Munich, mais +5,1% en 2022), la situation économique française ne cesse d’étonner, au point que Bruno Le Maire, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, a annoncé aux députés qu’il revoyait ses prévisions de croissance à la hausse : elles passent de 6% pour 2021 à 6,25%.

Il rejoint ainsi les prévisions du même ordre de l’INSEE ou de la Banque de France qui elle, avance un taux de 6,3%. « Conformément à la promesse que je vous ai faite, nous retrouverons, en Décembre, le niveau d’activité d’avant-crise… », a-t-il ajouté, la dernière note de conjoncture de la BdF osant même se risquer, après avoir interrogé son panel de 8.500 chefs d’entreprises, à affirmer, avec une légère nuance : « Pour le mois d’octobre, les chefs d’entreprise anticipent une amélioration de l’activité dans l’industrie et les services et une stabilisation dans le bâtiment. Nous estimons que l’activité se situerait en octobre presque à 100% du niveau d’avant crise. » On admirera la précision apportée par François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France (qui vient d’être confirmé dans ses fonctions) qui précise « qu’on est à 99,7% » !

L’emploi retrouve son niveau d’avant crise ! – Pour le Grand Est, l’INSEE, dans sa dernière analyse, cible notamment les postes de travail et souligne, après avoir relevé que le volume de travail se rapproche progressivement de son niveau d’avant-crise, que l’emploi retrouve le niveau d’avant la Covid-19. D’après l’URSSAF-Alsace, les effectifs salariés avaient déjà retrouvé, fin Juin, leur niveau de la fin 2019 ! « Dans le Grand Est, au 2ème trimestre », souligne l’INSEE, « l’emploi salarié augmente de 0,9% et retrouve ainsi son niveau d’avant la pandémie… A l’échelle nationale, l’emploi progresse plus rapidement… et dépasse significativement son niveau d’avant-crise ».

L’analyse précise que l’emploi augmente dans la plupart des départements de la région : l’augmentation est plus forte dans le Bas-Rhin. Par ailleurs, en Alsace, la création d’entreprises a progressé (+7,4%) et le chômage (7,7%) s’est très légèrement inscrit en dessus du niveau national (7,6%). Des niveaux qu’on n’avait plus connus depuis… 2008.

Grand Est : les carnets sont suffisants et pourtant… – Pour la Banque de France, dans le Grand Est, les carnets (hors secteur automobile) sont jugés suffisants dans l’industrie (un peu plus de 18% de l’emploi total) : on n’en a pas moins noté -à cause notamment des problèmes d’approvisionnement- un « ralentissement des cadences de production », avec, il est vrai, un « maintien des effectifs ». Les industriels se plaignent également d’une hausse de leurs coûts (prix des matières premières, charges de transport, prix de l’énergie) et « s’attendent à un repli de la production en Octobre. »

Dans les services marchands (18,3% de l’emploi total), on prévoit : « Progression du courant d’affaires et renforcement des effectifs. Très légère hausse des tarifs et trésoreries globalement satisfaisantes. Activité stable à court terme et prévisions d’embauche. » Dans l’hôtellerie et la restauration, fortement éprouvées par la crise sanitaire, on note un très net démarrage de l’activité depuis Septembre ; ces deux secteurs figurent parmi ceux qui -avec le bâtiment où le manque de personnel qualifié devient prégnant- sont les plus éprouvés par les difficultés de recrutement.

Les demandes de pouvoir d’achat, en tête désormais. – Si croissance et chômage ouvrent des perspectives favorables auxquelles, il y a quelques mois encore, on n’osait pas croire, la situation économique ouvre l’exigeant chantier de la répartition des retombées sonnantes et trébuchantes de ces évolutions positives.

Alors qu’il y a quelques mois, les problèmes de santé s’inscrivaient encore en tête des préoccupations, devant la protection de l’environnement et l’avenir du système social(1), le pouvoir d’achat s’est glissé au premier rang des soucis des Français. 45% (+4% par rapport à début septembre) d’entre eux placent le pouvoir d’achat dans les trois revendications majeures devant les problèmes de sécurité et l’immigration !

Ce constat est d’autant plus intéressant que 6 Français sur 10 estiment (sondage Elabe/BFMTV) que leur pouvoir d’achat a baissé. A quelques mois des élections présidentielles -auxquelles, d’après les sondeurs, s’intéressent les deux tiers des Français- l’après Covid-19 redistribue les cartes !

A moins que le virus ne se rappelle à nous !

(1) Voir eurojournalist.eu du 21.09.21.

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