Les Marianne(s) de la Diversité, missionnaires de la République.

Ici, il ne s’agit pas d’une Association de la parlotte ni du tricot, mais de Femmes, des vraies Dames, engagées vaillamment dans l’action.

Le président du Conseil Général 67 Frédéric Bierry avec son discours qu'il n'allait pas prononcer... Foto: Antoine Spohr / Eurojournalist(e)

(Par Antoine Spohr) – «La diversité en marche» est le titre de cette édition 2015 du Gala National qui vient de se tenir à Strasbourg. Et ça marche fort dans une atmosphère très élégante imprégnée de cette classe innée, propre aux femmes, où la détermination le dispute à la distinction. Le charme agit bien mieux que la violence.

Dans le préambule-apéritif  musical et poétique du «Groupe Admirable Nelson»  (entendez Mandela), pas une trace de «j’aime les mains d’une femme dans la farine» (Nougaro) ; pas de mention du langoureux et si plaisant «Vous les femmes…» de Julio Iglesias : ce n’était pas le genre adéquat, ces femmes ne se voulant surtout pas femme-objet. Il y a eu du Jaques Brel (Quand on n’a que l’amour) et encore mieux en la circonstance, beaucoup mieux, un peu d’Aragon, dont malheureusement ce beau poème, un des plus beaux, n’a pas été choisi par l’animateur sonore, M. Clément . Nous l’offrons donc aux gracieuses MARIANNE(S) de la DIVERSITE, ce texte qui a inspiré la chanson de Jean Ferrat (La femme est l’avenir de l’homme) devenue culte comme on dit à présent. Voici le lien.

Le Fou d’Elsa 1963. Fous en effet ceux qui se croient sages ! – Des femmes hors de l’ordinaire et qui distribuent de la liberté et de la fraternité. La diversité ? Elle est visible, au teint, à la coiffure, aux jolis hijabs portés avec élégance, aux chaussures fines pas forcément prévues pour deux heures de station debout et puis et puis à cette grâce dans le regard et le sourire. Et cette joie d’être honorées pour elles-mêmes, pour leur action militante pour rien d’autre qu’une intégration volontaire et déterminée dans la République avec en surplus l’amour de la France ! Ces Marianne(s) si diverses, seraient elles empreintes d’origines incompatibles avec l’idéal républicain français ? Sûrement pas. Alors «sacrées nanas», soldates armées de mots, de rencontres et de manifestations avec à la tête de la troupe la rayonnante générale-présidente Bornia Tarall (bon sang ne saurait mentir : elle est fille d’officier) ! Cette Strasbourgeoise, née en Algérie élue au côté de Fabienne Keller, sénatrice, ancienne maire de la ville, a fondé avec Fadila Mehal, cette association laïque après les évènements de 2005, qualifiés d’embrasements des banlieues. (L’affaire tragique du «transfo» de Clichy-sous-Bois).

Depuis quelques unes ont décidé d’aller «prêcher», en bonnes laïques, sans pour autant renoncer à leur culture souvent marquée par une religion, rappeler les bienfaits de la République que tous devraient connaître pour les avoir lus sur les frontons des lieux publics. Et sa devise si souvent oubliée : Liberté, Egalité, Fraternité. La liberté et l’égalité sont l’affaire de la loi. La fraternité qu’on confond souvent avec «le vivre ensemble», expression galvaudée si l’on n’y adjoint aucun adverbe comme…  harmonieusement, dans le respect partagé, dans l’amitié possible voire l’amour, est une autre exigence, bien plus difficile à atteindre.

En allant voir les jeunes et les parents dans les lieux dits sensibles, en diffusant de la compréhension et de l’amitié dans un dialogue sans propos violents avec cette voix qui vient de l’intérieur et qui résonne dans le cœur des autres, sans doute ces femmes n’ont elles pas suscité de spectaculaires «conversions» mais une prise de conscience salutaire souvent.

Ce Gala annuel avait été programmé avant le tragique 13 novembre mais même après, il vient à point à la suite des élections régionales et sonne l’alarme. Et l’Association grandit à travers tout le pays : une jeune femme, brillante au demeurant, Naïma Chabridon, adoubée par Bornia Tarall, vient d’être nommée présidente des «Mariannes du Grand-Est» . Elle s’est mise à la tâche sans perdre de temps. On recrute !

Ces dames ne sont pas abandonnées dans leur action qui participe de la cohésion sociale. – Ces escadrons de combat pour la République sont, bien entendu, soutenus par les institutionnels : on a vu au Gala la sénatrice Fabienne Keller qui, dans une allocution soignée, a regretté les atteintes portées à la prime d’excellence pour les bacheliers avec Mention Très Bien (la suppression pure et simple a été abandonnée, mais la prime est réduite de moitié) car il y a de très bons éléments dans «les milieux de la Diversité» malgré des conditions d’études parfois inconfortables.

Avec humour, Mme Calderoli-Lotz, la conseillère régionale sortante et reconduite, représentant le futur «nouveau» président, a assuré les «Marianne(s)» de son soutien effectif. Au total, on a compté huit prises de parole qui forcément recoupaient de nombreux éléments communs.

Mesdames, avec Frédéric Bierry vous avez un ami plus que loyal. – Cela n’a pas échappé à Frédéric Bierry, président de l’Assemblée départementale. Un personnage à suivre que ce nouveau venu dans le gotha : portant un beau sourire éclairé, propos soignés sans ostentation, pas de papier et un humour délicieux.

Qu’on en juge d’après cette anecdote qui fera référence. Monsieur Bierry considérant vraisemblablement qu’après deux heures d’écoute attentive, l’auditoire picoté par des fourmis dans les jambes, méritait un peu de répit et bien que disposant d’un discours fignolé par un de ses conseillers qu’on dit fort brillant, décida de le shunter pour ne pas prendre le risque de ressasser ce qui avait été dit et répété par les précédents orateurs. Comme il le tenait à la main ce discours, dont il attribua sans fausse vergogne la paternité à son collaborateur présent –sa plume en quelque sorte– l’assistance exigea qu’il le prononçât. Plus que loyal puisque tout était dit, il pria «sa plume obscure» de le prononcer au micro ce qui fut fait, avec talent d’ailleurs. Une première ! En général, même de grands orateurs disposent de «plumes de l’ombre» à l’insu du public. Efficace, pertinent et drôle M.Bierry. Ces qualités ne sont pas incompatibles.

De leur côté, les «Mariannes de la Diversité» se débrouillent également très bien, à l’oral comme à l’écrit. On lira avec plaisir et profit un ouvrage exceptionnel tant par le fond que par la forme. On peut en avoir un aperçu sur le site www.lesmariannesdeladiversité.org. Et aux Editions de l’Atelier, on peut se procurer le livre : «Les femmes et la diversité dans la république». Remarquable !

1 Kommentar zu Les Marianne(s) de la Diversité, missionnaires de la République.

  1. Merci, Antoine, et joyeux Noël !

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