Les mauvais élèves

6 états-membre de l'Union Européenne présentent aujourd'hui une dette qui dépasse leur Produit Intérieur Brut (PIB). Pour l'ensemble de l'UE, la dette s'élève à 13,78 billions d'euros.

Combien de temps encore financerons-nous la vie publique à crédit ? Foto: Europa credito urgente / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La dette européenne devient théorique, car il est évident que personne ne pourra jamais rembourser de telles sommes. Selon l’office des statistiques européen Eurostat, les 27 accumulent une dette de 13,78 billions d’euros, une montant qui est tellement élevé qu’il ne semble plus trop inquiéter les états. Mais entre les 27, les différences sont énormes.

Les états les moins endettés ne sont pas forcément ceux auxquels on pense en premier. Le champion européen est l’Estonie avec une dette de 18,2 % de son PIB, suivi par la Bulgarie (21%), le Luxembourg (25,7%), la Suède (29,7%) et le Danemark (30,1%). Les « mauvais élèves » sont la Grèce (165,5%), l’Italie (140,6%), la France (111,9%), l’Espagne (109,8%), la Belgique (108,0%) et le Portugal (107,5%).

Mais que faire de cette dette que les états, la poignée des « champions » mise à part, ne pourront jamais rembourser ? Comment gérer les intérêts que les états doivent payer aux banques et organismes financiers dont certains ont du être sauvés à coup de milliards, il n’y a pas si longtemps ? Ne serait-il pas grand temps d’utiliser toutes les nouvelles technologies dont nous disposons, comme l’Intelligence Artificielle, pour une fois non pas pour maximiser les bénéfices de ceux qui possèdent déjà presque tout, mais pour développer des systèmes économiques, politiques et sociétaux davantage en phase avec le monde d’aujourd’hui ?

Visiblement, il y a des pays qui font attention à leur endettement et le gardent à un niveau encore gérable, tandis que d’autres financent aujourd’hui leur grands projets (et leur contributions aux multiples conflits armés) à crédit. Et quand on regarde ces chiffres, quand est-ce qu’on admettra que le capitalisme en mode « Far Ouest » a autant échoué que le socialisme dans les pays de l’Est ?

Il est temps de repenser le fonctionnement économique, politique et sociétal du Vieux Continent. Pendant que certains pays comme la Grèce, pressé comme un citron par la « Troïka » européenne, souffrent et se paupérisent de plus en plus, les milliardaires dans d’autres pays multiplient leur patrimoine, au détriment des populations. Combien de temps encore va-t-on s’agripper à des systèmes qui bénéficient à très peu de personnes, tout en mettant en péril l’équilibre social pour tous les autres ?

A quelques mois de l’élection européenne, ce serait peut-être le bon moment de se présenter aux élections avec un autre discours que « on garde le cap ». Nos systèmes actuels incitent à la corruption, à l’abus de pouvoir, au trafic d’influence et tous ces phénomènes ont lieu quotidiennement, minant la confiance des citoyens et citoyennes en leurs instances européennes, nationales, régionales et même locales.

Il est inconcevable de vouloir « garder le cap » quand on va droit dans le mur. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une autre Europe, d’autres gouvernements démocratiques, d’une autre gouvernance et d’un autre modèle économique. Mais est-ce que quelqu’un aura le courage de se présenter à l’élection européenne en visant une réforme de fond des institutions et des systèmes en place ? Ou est-ce qu’on attend que la situation des peuples européens se dégrade à un point que la rue et les extrémistes prennent le dessus ?

Non, on ne peut pas « garder le cap » et financer les dysfonctionnements de nos administrations à crédit. Il faudra mettre les compteurs à zéro et se lancer dans d’autres modèles, avant que le monde ne sombre à nouveau dans un extrémisme dont on sait qu’il coûte des millions de vie, sans même parler de la menace climatique qui se dessine de plus en plus clairement. Les chiffres sont ce qu’ils sont et les chiffres de l’endettement des états européens donnent une indication plus que claire – ça ne tourne pas rond en Europe.

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