Les Pays-Bas disent « non » à la haine
Lors des élections aux Pays-Bas, les extrémistes de Geerd Wilders n’ont pas pu percer – mais en même temps, les résultats constituent une baffe pour le gouvernement sortant.
(KL) – Les protagonistes de l’extrême-droite dans les différents pays européens ont eu une mauvaise surprise mercredi soir à l’annonce des résultats de l’élection législative aux Pays-Bas. Si on s’attendait à une percée du PVV de Geerd Wilders, celui-ci reste dans l’insignifiance politique. En même temps, les résultats constituent un désaveu pour la coalition au pouvoir – le centre-droite du VVD de Mark Rutte et les social-démocrates du PvdA perdent ensemble 24,3% et Mark Rutte, dont le VVD devient le parti le plus fort, doit faire face à des négociations difficiles pour former un nouveau gouvernement, car la coalition sortante ne dispose plus d’assez de siège pour reconduire ce gouvernement.
13 partis seront représentés dans le nouveau parlement néerlandais et Mark Rutte devra composer avec les gagnants principaux de ce scrutin. En première ligne, les « VertsGauche » qui gagnent 10 sièges supplémentaires, le centre libéral du « D66 » qui obtient 7 sièges de plus et les chrétiens-démocrates du CDA qui eux, remportent 6 sièges supplémentaires.
Mais que penser du résultat des deux partis au gouvernement ? Les social-démocrates ont vécu leur Waterloo mercredi en passant de 24,8% à 5,7% – perdre 19,1% (et 29 des 38 sièges dont ils disposaient), c’est du jamais vu aux Pays-Bas. Le VVD de Mark Rutte a aussi laissé des plumes, perdant 5,2% pour arriver quand même en tête avec 21,3% (moins 8 sièges). Dans un vote extrêmement démocratique (plus de 81% des Néerlandais se sont déplacés aux urnes !), les Pays-Bas ont dit « nee », non seulement aux extrémistes de Geerd Wilders, mais aussi au gouvernement sortant.
Désormais, il faudra aussi compter sur des partis comme le Parti pour la protection des animaux (PvdD) qui remporte 5 sièges, tout comme le Parti des 50+ (50P) ou même le Parti des Migrants (DENK) qui se voit gratifier de 3 sièges aussi. La question de l’orientation future des Pays-Bas a polarisé l’électorat néerlandais, renforçant aussi la Gauche, avec un Parti Socialiste (SP) qui obtient 14 sièges (-1) et surtout les « VertsGauche » qui eux aussi, gagnent 14 sièges (+10).
Puisque l’ensemble des partis avait exclu toute coopération avec Geerd Wilders, il est clair que les Pays-Bas seront gouvernés par une coalition assez large, incluant des partis qui jusqu’alors, se trouvaient bien loin du pouvoir.
Pour l’extrême-droite européenne qui s’était engagée aux côtés de Wilders, ce résultat constitue une catastrophe. L’analyse des chiffres montrent que les extrémistes ont fini par faire peur – aux jeunes. Si les sondages avant les élections indiquaient que jusqu’à 21% des jeunes étaient prêts à voter pour Wilders, à la sortie, seulement 3% des jeunes ont adhéré au discours de haine et d’exclusion de Geerd Wilders. Un présage pour les élections à venir en France et en Allemagne ?
Le résultat de ce scrutin néerlandais est bien plus qu’un avertissement pour le nouveau gouvernement. Si les forces anti-européennes ont échoué dans leur tentative de s’approcher du pouvoir, le nouveau gouvernement néerlandais devra s’engager pour des réformes européennes et mener une politique plus ouverte et innovatrice.
Les prochaines semaines seront intéressantes – et Mark Rutte qui conservera sans doute son fauteuil de premier ministre, devra construire une large coalition impliquant au moins 4 partenaires pour pouvoir former un gouvernement stable. La démocratie et la qualité du débat politique s’en trouveront améliorées et il faut espérer que les électeurs et électrices en France et en Allemagne aient entendu ce message néerlandais qui dit « oui, les choses ne vont pas très bien. Mais ce n’est pas une raison pour adhérer à un projet politique basé sur la haine et l’exclusion ! » A bon entendeur en France et en Allemagne. Et – Dank u wel, Holland !
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