Les plus mauvais Européens

La Pologne et la Hongrie bloquent le budget européen destiné à soutenir les pays les plus touchés par la corona-crise. La raison ? Le refus de ces deux pays de respecter les principes de l’état de droit. Faut-il les virer de l’UE ?

Les deux pays en vert et en orange sont en train de ridiculiser l'Union Européenne. Il faut que ça cesse. Foto: User Dancingwombatsrule / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Une nouvelle fois, l’Union Européenne se freine elle-même sur le sacro-saint principe de l’unanimité. Après des mois de négociations pour boucler un budget exceptionnel destiné à sauver les pays particulièrement affectés par la corona-crise, la Pologne et la Hongrie bloquent ce budget, car l’UE attache le paiement des subventions au respect des principes de l’état de droit. Comprendre : ces deux pays souhaitent obtenir des milliards européens, sans vouloir adhérer aux principes fondamentaux de l’Union Européenne. Un moment donné, il faudra revoir le règlement interne de l’UE qui, une nouvelle fois, se fait malmener par des pays qui, par le biais de leur véto, se protègent mutuellement des sanctions qui s’imposent.

Là, les deux pays dépassent une ligne rouge. Déjà sur la question de l’accueil, la Pologne et la Hongrie (avec la République Tchèque et la Slovaquie – les « états de Visegrad ») avaient déjoué la solidarité européenne et maintenant, pour pouvoir transgresser les règles basiques de l’état de droit, ils bloquent les aides pour les pays qui souffrent particulièrement de la corona-crise. Si l’Union Européenne ne réagit pas à ce nouvel affront, elle se ridiculisera à tout jamais.

D’une part, il est urgent de revoir la règle de l’unanimité au sein de l’UE et de la remplacer par des décisions majoritaires. D’autre part, c’est le moment de fermer le robinet des subventions européennes pour tous les pays qui refusent de respecter les règles fondamentales européennes. Dans les faits, Budapest et Varsovie prennent les autres pays européens en otage, pour pouvoir continuer à corrompre la justice, abolir la liberté de la presse et mener des combats anachroniques contre des minorités, comme par exemple les homosexuels. Pour le dire clairement – soit, ces deux pays retrouvent le chemin vers les principes de l’état de droit, soit il faut les virer de l’Union Européenne. Idem en ce qui concerne l’accueil des réfugiés que les « états de Visegrad » refusent également. Tant que ces deux pays ne changent pas d’attitude, il ne faudra plus que Bruxelles verse le moindre euro à ces deux pays.

Une nouvelle fois, l’Union Européenne montre ses limites. Force est de constater qu’il est quasiment exclu de trouver des accords parmi 27 pays qui eux, ont tous des intérêts différents. L’unanimité est une règle qui pouvait avoir du sens du temps où l’Europe fonctionnait à 5, mais à 27, c’est tout simplement impossible. Les pays qui ne respectent pas les fondamentaux de l’état de droit, n’ont plus leur place dans la famille européenne. Là, la Pologne et la Hongrie commencent à nuire sérieusement aux autres pays européens qui, tant que cette question n’est pas réglée, ne pourront pas accéder aux aides dont ils ont vitalement besoin pour faire face aux catastrophes sanitaires et économiques.

Cette évolution obligera l’Union Européenne à s’atteler à un projet qu’elle reporte depuis des années – la réforme des institutions européennes, un changement du règlement interne, la mise en œuvre d’un nouveau projet européen que la politique européenne nous avait promis dès le lendemain du vote sur le « Brexit » en 2016. Nous avons une nouvelle fois perdu 4 ans, en attendant… en attendant quoi, au juste ?

La Pologne et la Hongrie ne peuvent, en l’état, plus faire partie de la famille européenne. C’est comme dans n’importe quelle association privée – dès lors on n’adhère pas aux statuts de l’association, il faut la quitter ou bien, supporter d’en être exclu. Mais il est exclu de transgresser les statuts, tout en voulant bénéficier des fonds de l’association. Pour l’Union Européenne, c’est la même chose.

Maintenant, il faudra un peu de courage à l’Union Européenne. Pourquoi ne pas fermer la boutique et refonder une nouvelle Union avec un règlement plus en phase avec le 21e siècle ? A cette occasion, il conviendra de renforcer le Parlement Européen (à Strasbourg !), réduire la taille de la Commission, redéfinir le rôle du Conseil Européen et renforcer également le Conseil d’Europe, l’institution diplomatique de l’Europe qui mène des projets d’une importance majeure.

Fermer les yeux en espérant que la Pologne et la Hongrie reviennent à la raison, cela risque de donner un coup fatal à une Union Européenne en pleine crise – et aux multiples crises actuelles, viendra s’ajouter celle du « Brexit » dès le début de l’année. Dans le format actuel, l’UE ne sera ni en mesure de gérer les tensions parmi les membres actuels, ni les problèmes découlant du « Brexit ». Il est temps de créer une nouvelle Europe, moins technocratique, plus moderne et plus proche des 500 millions Européens et Européennes. Mais pour commencer, plus un cent pour Budapest et Varsovie !

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