Les professionnels de la santé tirent la sonnette d’alarme

A Paris, les hôpitaux se préparent au triage, cette sélection terrible où les médecins doivent décider qui sauver et qui ne pas sauver. Pendant ce temps, on discute du ras-le-bol des gens, de vacances et de réouvertures…

Déjà en 1988, les soignants manifestaient pour de meilleures conditions de travail. Qui elles, ne se sont pas vraiment améliorées... Foto: Basili / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La situation pandémique se corse de plus en plus. Partout, les chiffres augmentent dans quasiment tous les pays, les hôpitaux arrivent à saturation, les « mesures » prises ne sont pas de nature à pouvoir sérieusement combattre ce virus, et le patchwork des mesures au niveau national et international devient pathétique. Difficile de croire que nous maîtrisons cette pandémie. A défaut d’avoir une stratégie raisonnable, le monde politique se réfugie dans une autosatisfaction incompréhensible. Pourtant, il serait temps d’arrêter d’administrer cette crise, pour –enfin !- se mettre à la combattre.

Les virologues sont, pour une fois, d’accord. Il faudrait reconfiner toute l’Europe, pendant plusieurs semaines, sans exceptions, de manière simultanée et harmonisée. Pourquoi on ne le fait pas ? L’égoïsme national et les ambitions personnelles des uns et des autres empêchent la seule stratégie qui pourrait fonctionner. Mais au lieu de parler Europe, on parle d’ouvertures de commerces, de voyages pendant les vacances, d’allègement des mesures sanitaires.

Les messages émis par le monde politique sont dévastateurs. En autorisant les départs en vacances (tout en recommandant de ne pas partir), le monde politique suggère une normalité qui n’est pas la nôtre aujourd’hui. Pourtant, nous avions déjà les vacances de Pâques 2020, les Grandes Vacances 2020, les vacances d’automne 2020, les vacances de Noël 2020, les vacances de février 2021 – et on sait maintenant qu’après chaque période de vacances, les gens ont ramené le virus et ses variants à la maison. Si les touristes ne l’avaient pas amené à leur lieu de vacances.

Et la misère politique continue. En Allemagne, le jour où Angela Merkel a décrété le prolongement du confinement actuel jusqu’au 18 avril, le ministre-président de la Sarre, Tobias Hans, a déjà annoncé vouloir tout rouvrir le lendemain de Pâques. Ces comportements manquent de sérieux et sont totalement irresponsables, car non seulement, ils envoient le mauvais message à la population et, encore plus grave, ils posent les fondements pour la gestation de nouveaux foyers de propagation du virus.

Idem pour la question si on garde les écoles ouvertes ou non. Les uns les gardent ouvertes (en présence de variants qui s’attaquent autant aux jeunes qu’aux personnes plus âgées), les autres les ferment. Mais tant que nous n’avons pas une stratégie européenne pour ces questions, les mesures prises s’invalident mutuellement est assurent une libre circulation et mutation au virus et ce, pour longtemps.

Conséquence : les virologues annoncent tous un mois d’avril catastrophique et recommandent vivement un confinement strict, mais de durée supportable. Mais la politique nous a trop longtemps miroité que la crise allait être maîtrisée en quelques semaines, et toutes les annonces d’allègements et de réouvertures, ont induit les populations en erreur.

Il serait temps d’écouter les experts, les virologues, qui ont la meilleure vue sur ce qui risque de se passer. Les politiques ne devraient être que les exécutants des conseils des scientifiques. Mais aujourd’hui, des personnes ne disposant d’aucune qualification pour cette situation, prennent des décisions qui souvent, sont plus marquées par des intérêts personnels et/ou électoraux que par de la compétence médicale. Soit, on change très vite de stratégie en se penchant sur des options européennes, soit, on devra s’habituer à vivre (et mourir) avec ce virus pendant des années.

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