Les réformes, on en veut bien…

… à condition que tout reste en l’état. Le Parlement Européen loupe une occasion en or pour initier la réforme des institutions. On s’agrippe au statut quo.

Si l'hémicycle devrait rester vide, il ne perdrait pas en qualité... Foto: Gzen92 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – S’il fallait encore une preuve que l’Europe institutionnelle ne fonctionne pas à cause de son personnel, elle a été apportée jeudi dernier lors du vote sur la motion A8-0007/2018. Derrière cette désignation se cache la proposition d’attribuer les sièges des eurodéputés britanniques en partie par un système électoral proportionnel et réservé à des listes transnationales. Mais l’idée de vraiment changer quelque chose a du effrayer les eurodéputés – ils ont rejeté cette idée avec 400 votes contre, 183 pour et 96 abstentions. Si l’Europe ne fonctionne pas, ce n’est pas la faute aux institutions. C’est la faute au personnel qui n’est tout simplement pas à la hauteur de sa mission.

L’idée, portée par le Président français Emmanuel Macron, était d’attribuer une trentaine des 73 sièges que les eurodéputés britanniques déserteront après le « Brexit », à des listes transnationales élues selon le principe de la proportionnelle. Une véritable petite révolution qui aurait eu un double effet – à la fois, le système proportionnel (et plus démocratique que le système « first past the post ») aurait déclenché une nouvelle forme de représentativité dans la politique européenne et deuxièmement, l’émergence de listes transnationales aurait contribué à forger un sentiment d’appartenance à l’Europe parmi les 500 millions d’Européens et Européennes. En somme, ce que l’ensemble de la politique européenne réclame dans chaque discours de convenance.

Devant la possibilité de déclencher des réformes européennes, les élus européens ont lamentablement échoués. S’agrippant au statut quo, ils ont même refusé une toute petite réforme qui aurait été plus symbolique que révolutionnaire.

Qu’ils arrêtent un peu de se lamenter que les Européens n’affichent pas suffisamment d’engagement pour cette Europe-là ! L’Europe des vieux hommes en costard gris, on n’en veut plus. Une Europe corrompue, qui se tait face aux horreurs du monde, qui donne les autorisations à empoisonner ses citoyens pour faciliter les affaires de Big Business, une Europe qui chouchoute les marchés financiers et qui pénalise ceux qui sont moins fortunés, on n’en veut plus. Une Europe qui fait tout pour garder les citoyens loin de ce qu’elle fait (ou ce qu’elle ne fait pas), une Europe où les lobbyistes rédigent les lois qui les arrangent, une Europe qui coopère avec les despotes du monde pour qu’on ne vienne pas l’embêter dans sa prospérité béate, on n’en veut plus.

On veut une Europe forte, solidaire, sociale, humaniste. On veut une Europe qui agit dans l’intérêt de ses citoyens et non pas dans l’intérêt des intérêts politico-économiques. On veut une Europe démocratique et moderne qui serait capable d’adapter ses processus politiques aux réalités du 21e siècle. Force est de constater qu’avec les élus qu’on a, cette Europe ne se réalisera pas. En 2019, on aura la possibilité de virer tout ce beau monde du Parlement Européen lors des élections européennes. Profitons-en. Et si vous voulez savoir si votre eurodéputé a voté pour ou contre une Europe moderne, CLIQUEZ ICI. Et réfléchissez si en 2019, vous avez vraiment envie de donner votre voix à cet élu. A nous de jouer !

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