Les salaires des soldats en négociation au Portugal

Au Portugal, des négociations vont possiblement aboutir à des augmentations de salaires pour les soldats.

Les soldats du 2ème Bataillon d’Infanterie, photographiés en 2015 lors de l’exercice « Trident Juncture 15 » commandé par l’OTAN, apprécieront en 2024 une augmentation de leurs salaires. Foto: Bunssum / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – A l’issue du sommet de l’OTAN, qui s’était tenu du 9 au 11 juillet, Luís Monténégro, actuel Premier Ministre du Portugal issu du Partido Social Democrata (PSD) de centre-droite, a annoncé qu’un processus de négociations sera entamé avec les militaires, afin d’augmenter leurs salaires. Une démarche impensable dans d’autres pays, dont la France ! Mais les Forces Armées Portugaises (Forças Armadas Portuguesas) qui furent un élément clef de la Révolution des Œillets, mettant fin en 1974 à quatre décennies d’Estado Novo salazariste, occupent une place particulière dans la société.

Lors de journées parlementaires du très conservateur Partido do Centro Democrático Social - Partido Popular (CDS-PP) se déroulant à Lisbonne, l’ancien Ministre de la Défense Paulo Sacadura Cabral  Portas avait affirmé que la professionnalisation des forces armées n’est possible qu’avec des personnels mobilisés et motivés. Si l’on ne fait pas carrière à l’armée pour devenir millionnaire, il n’en demeure pas moins vrai que la rémunération reste un élément important. Même si au Portugal, les militaires sont beaucoup déployés pour l’accomplissement de missions d’intérêt général, la possibilité d’être blessé ou même de perdre la vie au combat n’est jamais à écarter, car certaines unités participent à des opérations extérieures.

Institution ouverte aux femmes en 1990, la conscription dans l’armée portugaise était obligatoire pour les hommes jusqu’en 2004. Son budget tourne autour de 4% des dépenses publiques depuis une vingtaine d’années, et représente actuellement un peu plus de 2% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays, objectif de la France pour 2025. Constituées des armées de terre (Exército), de mer (Marinha), de l’air (Força Aérea) et de la Gendarmerie (Guarda Nacional Republicana - GNR), les Forces Armées Portugaises comptant des militaires d’active et des réservistes, sont placées sous le commandement du Président de la République.

Concernant les négociations de salaires, selon les informations diffusées par l’agence de presse Lusa, deux associations de militaires se sont exprimées, demandant qui va faire partie de ces discussions avec l’État. Il s’agit de l’Associação Nacional de Sargentos (ANS) et l’Associação de Praças (AP), ayant toutes deux pignon sur rue, notamment via leurs sites internet respectifs. Ainsi, contrairement à la France, au Portugal l’armée n’est pas une Grande Muette.

Le Premier Ministre Luís Monténégro précise que le processus de négociations en vue d’augmenter les salaires des militaires, ne doit pas compromettre les comptes publics. Un exercice d’équilibriste nécessitant des arbitrages qui ne feront pas plaisir à tout le monde, mais il est là question des rémunérations de ceux placés à la base de l’institution, soit les hommes du rang et les sous-officiers.

Paulo Sacadura Cabral Portas, qui fut en son temps Ministre de la Défense (2002-2005) puis des Affaires Étrangères (2011-2013), lorsqu’il s’exprimait sur la géopolitique mondiale lors de journées parlementaires du CDS-PP, disait que Vladimir Poutine sait percevoir la faiblesse de son adversaire, et regrettait l’absence d’une défense européenne. Ce qui entre dans un plus large débat, mais doit cependant compter au nombre des paramètres des négociations salariales, car le désormais possible accroissement par l’OTAN du déploiement de soldats européens sur un front Est, fut-ce à titre préventif, n’est plus une simple vue de l’esprit.

Par ailleurs, du 13 au 14 juillet, la marine portugaise a du mobiliser les équipages du patrouilleur de haute mer Sines (P362), pour filer de près la frégate Neustrashimy et le ravitailleur Yelnya, deux navires russes croisant dans le nord-ouest de la Zone Économique Exclusive des Açores. Ce qui est évidemment un signe de plus, adressé par la Russie poutinienne à l’Occident.

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