Les scientifiques à pied d’œuvre à La Palma
L’apport des scientifiques, essentiel pour le traitement de la crise provoquée par l’éruption de la Cumbre Vieja, demeure indispensable à la gestion de ses suites.
(Jean-Marc Claus) – Diana Morant (PSOE), la ministre espagnole de la Science et de l’Innovation, pointait, lors d’une interview donnée au quotidien ténérifien Diario de Avisos, que la science présente tout au long de la période d’urgence volcanique lors de l’éruption de la Cumbre Vieja, doit maintenant jouer un rôle fondamental dans la reconstruction de La Palma. Son ministère va donc faire intervenir les scientifiques, dans les différentes phases en cours et à venir.
Diana Morant, ingénieure formée à l’Université Polytechnique de Valence et jusqu’à juillet 2021 maire de Gandia, considère que les crises provoquées par la pandémie de Covid-19 et l’éruption volcanique ayant clairement démontré l’apport fondamental de la science pour préserver les vies humaines. Le Gouvernement doit maintenant se montrer à la hauteur en matière de législation et de financement. Le soutien apporté au projet d’autosuffisance énergétique de l’archipel canarien associant solaire, éoliennes et géothermie, va d’ailleurs dans ce sens.
Actuellement, un groupe de scientifiques de l’Université de La Laguna spécialisés en botanique marine, travaille sur les processus de colonisation de la partie immergée du delta de lave ajoutant 48,5 hectares à la superficie de l’île de La Palma. A partir du mois d’octobre et jusqu’en 2026, des chercheurs de l’université suédoise de Göteborg, vont s’associer à ce programme intitulé « Naturgrad ». Parallèlement à cela, la Cumbre Vieja reste sous étroite surveillance, notamment par l’institut de volcanologie canarien « InVolcan » qui pour l’île, maintient le « señal amarilla » (signal jaune) sur le sémaphore aux feux vert – jaune – orange – rouge de ses publications. Le jaune signifie « Soyez attentifs aux communications des autorités de protection civile ».
Carmen López, la directrice de l’Observatoire Central Géophysique de l’Institut Géographique National (IGN), a récemment rappelé que des mouvements sismiques similaires à ceux s’étant succédé durant les 3 mois précédant l’éruption sous-marine qui eut lieu à El Hierro en 2011, avaient été en 2022 enregistré à La Palma en seulement 24 heures avant l’éruption de la Cumbre Vieja. Le PEVOLCA, plan spécial de protection civile et d’intervention d’urgence face au risque volcanique dans la communauté autonome des Canaries, avait alors été activé, mettant ainsi en alerte plus de 800 personnels regroupés dans différents comités scientifiques.
Les apports des chercheurs sont donc fondamentaux, tant en matière de prévention que de traitement des sinistres, à condition qu’ils soient entendus et pris en compte par les gouvernants. Ce qui est le cas dans l’archipel, et plus spécifiquement à La Palma ou le « cabildo insular » (gouvernement local) soutient notamment une d’étude pionnière en Espagne du comportement thermo-géomécanique des matériaux constituant les champs de lave générés par l’éruption.
Le Laboratoire « Icinco » et le Service des Infrastructures du Cabildo de La Palma, œuvrent de concert à la réalisation de prélèvements par forage, pour évaluer le temps de refroidissement des coulées basaltiques. La solidification totale de la roche pouvant nécessiter jusqu’à 10 ans selon les sites, ces données sont essentielles pour la programmation de réalisations d’infrastructures comme par exemple la création de routes, car la coulée de lave couvrant 1.250 hectares, a coupé 17 km de 6 axes de circulation.
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