La Suisse pourra stopper la spéculation sur les aliments

Un référendum pourra non seulement mettre un terme à la spéculation sur les aliments en Suisse, mais aussi envoyer un signal fort au monde entier.

Les speculateurs à la Bourse décident du prix des aliments. Les Suisses pourront stopper cela. Foto: Dontworry / Wikimedia Commons

(KL) – On a vu que la démocratie directe version suisse ne donne pas toujours les résultats espérés, comme on a vu lors des votes concernant ls mosquées ou encore l’immigration, mais en même temps, elle peut générer des décisions de bon sens qui pourront servir comme exemple pour le monde entier. Comme le référendum qui aura lieu dans deux ou trois ans sur une interdiction de la spéculation sur des aliments et des matières premières agricoles.

Pour lancer un référendum, une initiative doit collecter 100.000 signatures – l’initiative des jeunes socialistes en a recolté 116.000. Le texte que propose l’initiative prévoit que des «banques, assurances et d’autres gestionaires de patrimoines ayant leur siège ou une filiale en Suisse, n’aient plus le droit d’investir dans des produits fincanciers en rapport avec des matières premières agricoles et des aliments.» Toutefois, assurer les dates de livraison et les prix par des instruments financiers restrait autorisé. Il faut voir dans la pratique comment distinguer les différents produits fincanciers.

De nombreux produits financiers tournent autour de l’achat et de la vente de recoltes entières (blé, café, etc.) et souvent, les recoltes sont vendues des années avant. Les spéculateurs, eux, espèrent que les prix augmentent entre la date de l’achat et la date de la livraison pour réaliser ainsi un bénéfice. Les agriculteurs, eux, ne profitent pas de cette spéculation – seuls les joueurs à la bourse peuvent gagner (ou perdre) des fortunes avec ces produits. Pour éviter que cette spéculation n’incite des acteurs du marché à maintenir les prix artificiellement haut, seule une interdiction de cette pratique s’impose pour mettre un terme à un commerce cynique qui joue avec l’alimentation de la population du monde.

Mais est-ce qu’une interdiction de ce type de spéculation dans un pays aussi petit que la Suisse pourrait réellement produire un effet ? Absolument. Selon les jeunes socialistes suisses, un tiers de toutes les spéculations sur des aliments ont lieu en Suisse, effectuées surtout par des sociétés très discrètes dans les cantons Genève et Zoug. Et le temps presse. Selon une étude présentée par les instigateurs de ce référendum, le volume de la spéculation a explosé pendant les dix dernières années. Ainsi, le chiffre d’affaires de ce marché était de 13 milliards de dollars en 2003 – en 2013, ce marché hautement spéculatif avait atteint un volume de 430 milliards de dollars.

Maintenant, ce sera au bon sens des Suisses de décider de dire «stop» à la spéculation cynique, «stop» à un marché financier devenu totalement fou, «stop» au casino où des malades mentaux parient sur les recoltes du monde entier.

L’alimentation du monde n’est pas un jouet qu l’on doit mettre entre les mains de jeunes requins, dopés à fond et qui ne connaissent ni moral, ni conscience sociale. Couper court à un tiers de ces paris, cela représenterait aussi un signal fort à ces marchés financiers. Un signal qui voudra dire : «On en a assez. Vous êtes allés trop loin. Désormais, on vous a à l’oeil…». Allez, chers amis suisses – ne nous décevez pas une nouvelle fois lors d’un référendum d’une telle importance !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste