Les universités portugaises aident leurs étudiants

Au Portugal, les étudiants impactés économiquement par la Covid-19, peuvent être exceptionnellement dispensés de frais d'inscription à l'université.

L'Université de Coimbra, fondée en 1290 par Denis 1er (1261-1325), est l'une des plus anciennes d'Europe aujourd'hui encore en fonction. Foto: Ben K / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – En France au mois de juillet, le Conseil d’État validait la hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers extracommunautaires, alors qu’au Portugal, l’Assemblée de la République approuvait une loi instaurant un mécanisme extraordinaire de non-paiement des frais de scolarité dans les établissements publics d’enseignement supérieur.

Publiée au journal officiel (Diário da República) le 12 août 2020, elle concerne tous les étudiants n’étant pas en mesure de subvenir à leurs frais d’inscription suite à la pandémie de Covid-19, et ne les prive pas pour autant de l’accès à d’éventuelles autres aides. Une décision d’autant plus heureuse qu’à la mi-juin, des voix telles que celle du député Ivan Gonçalves (PS) avaient alerté quant au risque d’accroissement des inégalités dans l’enseignement supérieur.

Dans une tribune publiée par « Público », il avait pointé qu’au Portugal, pays manquant de ressources naturelles, le niveau de qualification étant inférieur au reste de l’Europe, c’est en l’augmentant qu’il devient possible d’affronter les transformations du monde dans lequel nous vivons, tout en accroissant la justice sociale. Une analyse des plus lucides, qui replace l’humain au cœur du projet politique et économique.

Courant mai, le « Bloquo de Esquerda » (BE) avait déjà tiré la sonnette d’alarme quant à la situation économique des étudiants fragilisés par la pandémie, et suggéré la suspension des frais d’inscription. La question de la gratuité des masques avait aussi été soulevée, ainsi que celle du logement des étudiants n’étant plus en mesure de financer leurs loyers.

Le Portugal figure parmi les pays européens où les frais de scolarité de l’enseignement public sont les plus élevés. Les gouvernements Costa I et II en ont déjà réduit le coût, mais pas suffisamment. En 2018, Catarina Martins, coordinatrice du « Bloquo de Esquerda » (BE) réclamait la gratuité et non la baisse de 212€ comme prévu dans le budget 2019. Les frais d’inscription étaient alors passés à 644€/an, alors qu’en France, un prétendant au master paye actuellement 243€/an et un doctorant 380€/an.

En Espagne, les étudiants handicapés ou issus de familles nombreuses sont dispensés de payer les frais d’inscription dont les montants variaient en 2019, de 700€ à 1.556€ pour le premier cycle et de 1.300€ à 3.200€ pour le second. Ainsi vaut-il mieux étudier au Portugal. Ce qu’avait déjà observé « Público » en 2016, année où les Espagnols représentaient 31% des étudiants étrangers au Portugal, juste devancés par les Brésiliens (35,2%).

Contrairement à ce que certains voudraient croire, le Portugal n’est pas un pays du Tiers Monde et l’Europe gagnerait à s’inspirer de ce qui s’y passe en ce moment.

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