Les USA poussent la Chine dans les bras de la Russie

La visite à Taïwan de la présidente du Congrès américaine, Nancy Pelosi, est une provocation de la Chine qui vient au plus mauvais moment. A se demander ce que cherchent les USA.

Nancy Pelosi ne semble pas trop savoir pourquoi il fallait venir à Taïwan. Foto: Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – La visite de Nancy Pelosi, protocolairement le numéro 3 des Etats-Unis, à Taïwan, avait irrité le gouvernement chinois dès son annonce. Pourtant, les Etats-Unis semblent vouloir entamer un bras-de-fer avec Pékin, en faisant fi des protestations chinoises. Si les Etats-Unis tentent toujours le grand écart concernant la question taïwanaise, en soutenant le dogme chinois « une seule Chine », Washington a donné des garanties au Taïwan en cas d’une tentative chinoise de reconquérir cette île que Pékin considère faire partie intégrante du territoire chinois. Depuis son arrivé à Taipei, la capitale du Taïwan, hier dans la journée, Pékin multiplie ses réactions.

Comme il fallait s’y attendre, Pékin a immédiatement annoncé des « contre-mesures » et des avions de chasse chinois survolent depuis l’arrivée de Nancy Pelosi le Détroit de Taïwan qui sépare l’île du continent. La tentative de Nancy Pelosi de minimiser l’importance de sa visite (« Je représente le Congrès et le peuple américain, mais non pas le président Joe Biden ») ayant échoué, il faut espérer comme la députée du Kuomintang Chen Yi-hsin que « la Chine ne sur-réagira pas ». Cette crainte est justifiée, la Chine ayant engagé des mouvements de troupes en direction de la mer.

Il est évident qu’à Pékin, la visite de Nancy Pelosi au Taïwan est très mal vue. Quelque part, il ne faudra pas s’étonner que cet incident pousse la Chine encore davantage dans les bras de la Russie qui, depuis l’invasion russe en Ukraine, se sont encore davantage rapprochées. Là, sur le coup, ce sont les Etats-Unis qui tentent de polariser le monde, de le couper en deux parties. Mais cette confrontation stérile n’apportera rien à personne et il convient donc de se poser la question quant au sens et au timing de cette visite. Est-ce que Washington souhaite réellement ajouter une crise taïwanaise à la crise ukrainienne que le monde n’est déjà pas en mesure de résoudre ?

Bien sûr, cette visite renforce la position du gouvernement taïwanais, mais il faut rester réaliste. Taïwan n’a aucune chance de pouvoir s’opposer à une intervention militaire de la Chine Populaire, et il est difficilement imaginable que les Etats-Unis dépêchent des troupes dans cette région du Pacifique où déjà pendant la IIe Guerre Mondiale et par la suite, en Corée et au Vietnam, les Américains ont du apprendre qu’ils ne pouvaient pas gagner partout.

A moins que les Etats-Unis veulent refaire le scénario de l’Ukraine – provoquer un nouveau conflit qui permet à l’économie américaine de se substituer à celle des pays de l’Est. Déjà aujourd’hui, les Etats-Unis sont devenus le plus grand exportateur de gaz liquide du monde, et l’économie américaine profite bien de cette guerre en Ukraine. Et maintenant, on veut mener la même guerre autour de Taïwan ?

Force est de constater que pendant ces crises multiples, le monde est dirigé par des personnes qui se fichent pas mal de l’avenir de notre planète et de ses populations. Si les USA souhaitaient rassurer Taïwan, on peut se poser la question s’il faut déclencher une nouvelle crise mondiale pour ce faire. La visite de Nancy Pelosi à Taïwan gèle l’ambiance entre Pékin et Washington, tout en rapprochant une nouvelle fois Pékin et Moscou. Attendons maintenant comment la Chine va réagir, on saura très vite si cette visite était une erreur ou pas.

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