Les vainqueurs de la crise – devront-ils passer par la caisse ?

Pendant que les magasins dans les villes ferment de plus en plus souvent, les géants du commerce en ligne jubilent – mais désormais, on discute d’un impôt spécial à payer par ceux qui sont les gagnants de la crise. Du coup, on jubile moins.

Les villes vides, les magasins fermés - évidemment que les gens se rabattent sur le commerce en ligne. Foto: Jvillafruela / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les chiffres racontent déjà toute l’histoire. Pendant le premier confinement en mars-mai 2020, le géant américain « Amazon » avait enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 40% (!). Cela semble presque logique, car confinés, les gens n’avaient souvent pas d’autre choix que de faire leurs achats en ligne. Les fédérations des commerçants allemandes, elles, tirent la sonnette d’alarme – ces prochaines semaines, jusqu’à 50.000 magasins pourraient mettre la clé sous la porte, ce qui équivaudrait à une perte de 250.000 emplois dans le seul secteur du commerce.

Les commerces risquent, toujours selon les fédérations, d’enregistrer une baisse de leur chiffre d’affaires de jusqu’à 36 milliards d’euros (-20%), tandis que les géants du commerce en ligne affichent une hausse presque identique. Pour équilibrer cette situation, le groupe CDU/CSU au Bundestag, vient de faire une proposition pour le moins surprenante. Cette proposition prévoit une taxe forfaitaire à payer par les grandes entreprises du commerce en ligne, pour soutenir les petits commerces dans les villes. Cette taxe devrait s’orienter sur la valeur de la commande et être payée directement du commerçant en ligne au fisc.

Les professionnels du commerce en ligne ne sont, évidemment, pas d’accord. Ainsi, un porte-parole de la Fédération de l’Economie numérique (« Bundesverband Digitale Wirtschaft – BVDW ») a souligné que « le commerce en ligne est un instrument important pendant la pandémie, souvent le seul moyen pour les commerçants pour continuer à vendre leurs marchandises ». Pour la fédération, il serait aberrant de « punir » les commerçants en ligne qui eux, contribuent à assurer l’approvisionnement en marchandises de toute sorte. Et puisqu’un nombre croissant de petites et moyennes entreprises s’est mis à l’ère numérique, on pénaliserait aussi ce secteur de l’économie.

Pourtant, il y a une grande injustice, justement pour les petits et moyens commerçants qui ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour transposer leur offre du magasin, en offre numérique. En même temps, à un moment où bon nombre de citoyens et de citoyennes sont réduits à faire leurs achats en ligne, car les magasins n’ont pas le droit d’ouvrir, on pourrait également parler de « concurrence déloyale », ce qui justifierait une taxe pour le commerce en ligne, mais seulement à condition que l’argent ainsi récolté, serve à soutenir les commerces dans les villes. Si cette taxe devrait disparaître dans les caisses de l’état, sans avoir un réel impact sur le maintien des petites structures dans les villes (et des emplois qui vont avec), elle ne servirait pas à grande chose.

La discussion est loin d’être terminée – mais il convient de faire attention, car l’hécatombe dans les centres de nos villes a déjà commencé. Dans ce contexte, il n’est pas interdit de réfléchir à voix haute sur une contribution du secteur qui profite le plus d’une situation que personne n’a voulu. Toutefois, une taxe qui vise les Amazon, Zalando & Cie. ne doit pas en même temps pénaliser le petit commerce qui vient, avec toutes les difficultés du monde, de lancer la vente en ligne et qui tente ainsi de sauver son existence. Donc, à peaufiner. On saura dans peu de temps si cette idée se transforme en proposition de loi…

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