«Vous pouvez laisser l’éthique au vestiaire»

Ah ! Rien ne vaut une belle érection d'un Léopard 2 A7. L'ésthétique du commerce de la mort... Foto: AMB Brescia / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le Parc Expo de Paris Nord – Villepinte accueille jusqu’à dimanche un magnifique rendez-vous. L’Eurosatory est un des salons d’armements les plus importants – c’est ici que se rencontrent les représentants des militairs du monde, c’est ici que les dictateurs viennent faire leurs courses, c’est ici que de nombreuses entreprises françaises, allemande, américaines viennent faire le commerce de la mort.

Ah, heureusement que les intérêts des belligérants du monde et ceux de notre politique et économie soient tellement compatibles. Les belligérants veulent acheter des machines qui tuent et nous, on en a en stock. De belles armes qui assurent, autant en France qu’en Allemagne, des emplois. Joli deal. Nous, on leur vend nos armes et eux s’entre-tuent. Nickel.

La technologie facilite la profession du militaire, des groupes paramilitaires et des bandes de terroristes et de truands. Une mitrailleuse à haut débit réduit considérablement le temps de travail lors d’exécutions de masse. La crosse s’adapte parfaitement à la joue du tireur et le faible poids rend toute exécution plus plaisante.

Dans un souci d’efficacité, on attend avec impatience la présentation du premier «robot violeur» – est-ce que ce sera pour cette année ? Le «robot-violeur» présente dans tout camp de détenues des avantages importants par rapport aux violeur de guerre humain. Premièrement, il est d’une endurance fabuleuse et deuxièmement, il ne risque pas de tomber dans des pièges comme la compassion ou la honte. Avec un peu de chance, le public pourrait assister à cette première mondiale lors des «démonstrations outdoor» annoncées par les organisateurs.

Sans armes, pas de carnage. Avec des armes moyennes, le carnage représente beaucoup de travail. Mais avec des armes technologiques et modernes, vous pourrez exterminer des populations entières, opprimer un adversaire politique, liquider une ethnie qui vous dérange et ce, le doigt dans le nez.

De magnifique progrès ont aussi été réalisés dans le domaine des drônes. La classe. On les commande avec une sorte de game-boy et ce, à de milliers de kilomètres. Le temps que l’ennemi se rend compte qu’il est dans le collimateur, il est déjà trop tard. Des soirées de franc rire et de loisirs entre camarades sont à prévoir !

Hé, ho, ne venez pas maintenant avec des slogans des 68ards… si nous, on ne fournit pas ces armes à tout le monde, quelqu’un d’autre le fera. Devant le choix «sauver des emplois en Sibirie» ou «sauver des emplois dans la Forêt Noire ou en Ardèche», il n’y a pas photo.

Lors des nombreuses conférences et du «networking entre vendeurs et acheteurs», les visiteurs pourront aussi parfaire leur connaissances en matière de corruption. Comment influencer la décision politique pour une exportation d’armes ? L’art de la corruption – comment glisser une enveloppe sous la table ? Arguments devant la presse – comment justifier la vente d’armes à deux adversaires ? – les experts sont là pour vous aider.

Le public n’est malheureusement pas convié à ce salon pas comme les autres. Lors de la dernière édition en 2012, presque 7000 militaires et 1464 «membres» venant de 111 pays avaient fait le déplacement. On ne veut même pas savoir qui sont ces «membres». Mais les visiteurs les plus attendus sont le 672 responsables d’achats, allant du général au ministre de la défense, et ce sont eux qui financent tous ce bazar de la mort. Nous, Allemand et Français, ne font que vendre des «outils». Si dans des pays aux noms bizarres, on en abuse pour commettre des atrocités, on s’en lave les mains.

Reste plus qu’à souhaiter de bonnes affaires à ces entrepreneurs bien pensants qui se soucient tellement pour l’emploi dans nos pays. Le reste, ce sont des faits divers au JT. Qui n’intéressent personne.