Les vrais gouvernants du monde

Les cabinets de conseil dirigent le monde. Grassement payés par les gouvernements, ces consultants détiennent aujourd'hui le vrai pouvoir. Un pouvoir qui coûte cher.

Est-ce que McKinsey gagnera le marché de communication de crise concernant son propre cas ? Foto: McKInsey Quarterly / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pour le Sénat, la pratique se décrit comme suit : « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques » – du moins, c’est le titre d’un rapport de 385 pages qui décrit en détail comment le gouvernement français s’est déchargé, ces dernières années, sur des prestataires privés. En Allemagne, Ursula von der Leyen, du temps où elle était ministre de la défense, avait également passé des commandes de plusieurs millions d’euros à ce cabinet McKinsey et ce, pour des « prestations » peu claires. Juste au moment où le scandale d’Ursula von der Leyen allait éclater, Angela Merkel lui trouvait un nouveau job, comme présidente de la Commission Européenne. Concernant les millions dilapidés par le gouvernement français, président Macron avait aussi la bonne réponse : « Qu’ils aillent au pénal ! », ce qui faisait penser à son désormais célèbre « qu’ils viennent me chercher… ». En pleine campagne, l’affaire McKinsey fait désordre.

Pourtant, on a tort de regarder uniquement en direction de McKinsey, d’autres ne sont pas mieux. Que ce soit Capgemini, Roland Berger ou Ernst & Young (EY), lorsqu’il s’agit de grosses commandes de la main publique, les consultants répondent présent.

A se demander à quoi servent les armées de fonctionnaires qui eux aussi, sont bien payés et disposent de pas mal d’avantages. Pourquoi ce ne sont pas ces fonctionnaires qui remplissent les missions de l’état, pourquoi faut-il faire appel à des sociétés étrangères pour, par exemple, préparer la baisse des APL ?

A chaque fois, on est surpris d’apprendre qui est ami avec qui, qui attribue les marchés, qui encaisse les plus fortes sommes. La France et d’autres pays découvrent actuellement un système où les élus se déchargent sur des prestataires qui demandent le prix fort pour faire le travail des fonctionnaires.

A un moment où l’argent manque un peu partout, les consultants continuent à se remplir les poches, l’état semble avoir abandonné sa mission. Mais à ce moment-là, à quoi bon voter ? Si les décisions les plus importantes sont décidées par des consultants et seulement adoptées par les élus, on pourrait remplacer les élus par des consultants, ce serait moins onéreux.

La réaction du président est celle d’un gamin pris la main dans la boite de bonbons. Enervé, il défie ceux qui ont dévoilé ce scandale, au lieu de répondre sur le fond des questions qui se pèsent. « Si vous n’êtes pas contents, allez donc au pénal ! ». Une fois de plus, les Français ont droit à tout le mépris d’un président qui semble diriger la France avec une clique de copains, où on se passe commandes et chèques, et donc, inutile de répondre aux questions. D’ici à ce qu’on ait aussi des lois qui punissent les prétendues « fake news » avec 15 ans de prison, il n’y a plus des kilomètres. Le plus étonnant, c’est qu’il y ait toujours des gens qui vénèrent celui qui a cédé le pouvoir à des cabinets de conseil, au lieu de diriger le pays. Et peu à peu, on comprend pourquoi on entend de plus en plus souvent « on risque d’avoir une surprise le soir du 10 Avril »…

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