Les vrais problèmes

Si le 17 novembre prochain, une sorte de désaveu public du gouvernement est planifiée, on passe, comme si souvent, à côté des vrais problèmes.

Devant la gare de Mulhouse - personne ne pourra dire de ne pas les avoir vus. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il commence à faire frais le matin, l’hiver est à nos portes. Mais dans quelques jours ou semaines, il gèlera la nuit et comme tous les ans, des gens mourront dans la rue. Ils mourront de pauvreté, de froid, de faim et d’indifférence. Et pendant que toute une frange de la population doit faire face à la détresse suprême, le pays s’organise pour dénoncer la hausse du prix du pétrole. Quid de la mobilisation pour sauver des vies ? Quid de la mobilisation pour rendre la dignité aux malmenés de la société ? Quid de ces magnifiques valeurs humanistes dont nous sommes tellement fiers ? Sommes-nous aveugles au point de ne plus voir la misère humaine, juste devant nos yeux ?

Cette misère humaine, on ne peut pas ne pas la voir. Il suffit de traverser les rues de nos villes, le matin, pour voir de nombreuses personnes qui dorment à ras le sol, avec des sacs de couchage, dans le froid. Avant l’ouverture des magasins, ils doivent disparaître et ils disparaissent. Pour revenir le soir.

Ils ont froid, ils ont faim, ils sont malades, ils ont peur. Pourquoi le pays entier ne se mobilise-t-il pas pour que le gouvernement mette en œuvre les structures d’accueil nécessaires pour ces citoyens privés de tous leurs droits ? L’augmentation du prix de l’essence est sur le point de déclencher une crise majeure en France, mais la détresse humaine n’intéresse pas grand monde. Chacun pour soi, chacun pour son portefeuille et après nous, le déluge.

Ces gens qui dorment, vivent et meurent dans les rues de nos villes sont la preuve du dysfonctionnement de notre société. Nous réservons à ces gens le même traitement qu’à un certain Joseph lorsqu’il cherchait un abri pour que sa femme puisse accoucher – on lui avait claqué la porte au nez avant qu’il ne trouve un étable pour y passer la nuit du 24 décembre de l’an 0. Et nous ? A l’approche de Noël, cette fête où nous nous rappelons mutuellement nos « valeurs chrétiennes », nous nous comportons exactement comme les habitants de Bethléem qui refusaient de proposer un abri et un traitement digne à Monsieur Joseph et sa femme.

Ces gens qui vivent, dorment et meurent dans les rues de nos villes, sous nos yeux, n’ont pas de lobby puissant. Ils n’ont rien. Ils crèvent. Cela ne nous empêche pas de dépenser des centaines de milliers d’euros pour de belles illuminations de Noël dans ces rues, pour que les touristes se sentent bien chez nous.

Pourquoi ne pas se passer, pour une fois, de toutes ces dépenses de Noël, pour investir cet argent dans la mise en œuvre d’abris correspondants aux besoins de cette frange de la population ? A Freiburg, la ville propose des abris dans des villages Algéco qui servaient à l’accueil des réfugiés. Ces logements sont simples, mais ce sont des logements où on peut dormir au chaud, prendre une douche, avoir un toit sur la tête et un espace personnel qui permet de retrouver une certaine dignité humaine. Chaque SDF qui mourra cet hiver, et ils seront encore une fois nombreux, constitue une accusation d’une société qui se mobilise pour le prix de l’essence, tout en acceptant que des gens meurent devant nos yeux. Du froid, de la faim, de la maladie, de notre indifférence.

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