Les xénophobes sèment la peur dans des villes allemandes

Des membres de mouvements d’extrême-droite organisent des patrouilles dans les villes pour «chasser des criminels» - en considérant que tout étranger est un criminel potentiel. On pense aux années 20 du siècle dernier.

Heureusement, il y a encore des gens qui se moquent publiquement du comportement martial des néonazis... Foto: Willy Wallroth / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pendant les années 20 du siècle dernier, la violence s’était installée dans les rues des villes allemandes. Des groupuscules se livraient de véritables batailles et semaient la terreur – les braves citoyens préféraient alors détourner le regard. En 2015, nous y voilà à nouveau. A Dortmund, dans la Ruhr, des extrémistes du parti de l’extrême-droite «Die Rechte» organisent des patrouilles dans les trams et bus, portant des t-shirts arborant «Die Rechte» et affichent fièrement leur objectif : «Criminalité croissante : la protection de la ville effectue des patrouilles dans les bus et trams». La société des transports urbains de Dortmund s’est déclarée «alarmée», sans toutefois prendre d’autres mesures. Car juridiquement, il est difficile d’exclure quelqu’un des transports publics sur la seule base qu’il porte un t-shirt jaune.

«De manière générale, nous ne tolérons aucune action de ce type et nous interviendrons immédiatement en cas de besoin», a déclaré une porte-parole des transports en commun de la ville de Dortmund, en indiquant que l’ensemble du personnel ait été averti d’intervenir si jamais ces extrémistes devaient molester d’autres usagers.

L’action n’est pas exactement nouvelle – déjà l’année dernière, une «police sharia» s’était baladé dans la ville de Wuppertal, pour «protéger» la population contre des agressions islamistes. Les cibles de ces extrémistes sont identifiées – ils organisent une chasse aux étrangers, intimident des personnes de couleur, tout en se présentant auprès de la population allemande comme une troupe qui veille à ce que les usagers des transports en communs puissent les utiliser en toute sécurité. Si la police à Dortmund a été alertée et se dit prête à intervenir lors du moindre incident, il convient de constater que la radicalisation de l’extrême-droite bat de son plein.

Xénophobes, néonazis et autres extrémistes se présentent de manière de plus en plus agressive dans les rues allemandes et ce phénomène ne se limite pas aux Länder de l’est du pays, même si les groupes xénophobes y sont particulièrement forts. La xénophobie gagne du terrain, la présence paramilitaire des extrémistes aussi. Comme dans les années 20 du siècle dernier.

L’expérience des dernières années a montré que ce comportement agressif génère aussi des contre-réactions. Les groupes antifascistes s’organisent également et il faut s’attendre à un nombre de confrontations croissant. En même temps, les xénophobes auront réussi leur premier objectif – intimider les étrangers en Allemagne en comptant sur une masse inerte qui, secrètement, approuve ce genre d’action.

Le préfet de police de la ville de Dortmund a déjà indiqué que les forces de l’ordre n’allait pas regarder les bras croisés : «La police ne tolère pas une milice citoyenne. Nous n’avons pas besoin d’une milice citoyenne. Surtout pas organisée par des extrémistes de la droite qui tentent pas ce biais, de devenir l’objet d’une discussion publique.» Si ces réactions des intéressés dénotent une attitude saine et alerte, force est de constater que l’extrême-droite en Allemagne, à commencer par les «Pegida», en passant par des groupuscules néonazis jusqu’aux individus prêts à utiliser la violence, se comporte de manière de plus en plus décomplexée. En semant ainsi la terreur, ces extrémistes tentent de récréer une situation comparable à celle de la République de Weimar, ouvrant ainsi la voie pour de nouvelles crises.

Aujourd’hui, la solidarité ouverte avec les réfugiés, demandeurs d’asile et tout étranger en Allemagne, constitue le seul moyen pour barrer la route à ces imbéciles qui prônent le retour vers le futur. Il ne faut pas céder un millimètre face à cette nouvelle montée de la violence. Il y a péril en la demeure…

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